“Les bonnes politiques économiques n’exigent pas de bons économistes”

© Montage EPA/PG

Le Sud-Coréen Ha-Joon Chang balaie devant sa porte… même s’il ne va pas jusqu’à adopter la célèbre et ironique phrase de John Kenneth Galbraith, qui écrivait : “L’économie est très utile pour fournir de l’emploi aux économistes.” Dernière étape dans notre parcours de ses paradoxes économiques.

Ha-Joon Chang balaie devant sa porte… même s’il ne va pas jusqu’à adopter la célèbre et ironique phrase de John Kenneth Galbraith, qui écrivait : “L’économie est très utile pour fournir de l’emploi aux économistes.” Il note toutefois que les pays qui ont connu un miracle économique – une croissance de 6 % et plus – étaient généralement dirigés sans économistes.

La Corée du Sud a connu une forte croissance sous la houlette de juristes, Taïwan et la Chine, sous celle d’ingénieurs. Les pays dirigés par des économistes ont fait beaucoup moins bien. “Cela se vérifie en Amérique latine, où plusieurs nations ont été dirigées par des économistes (les Chicago boys du général Pinochet en sont l’exemple le plus connu), et leur performance économique a été nettement inférieure à celles des pays est-asiatiques”, écrit Ha-Joon Chang.

Pire, “durant les trois dernières décennies, les économistes ont joué un rôle prédominant pour créer les conditions de la crise de 2008, en fournissant les justifications théoriques pour la dérégulation financière et la poursuite sans restriction des profits à court terme”.

La charge ne vise en fait pas tous les économistes : uniquement ceux de l’école néo-classique à laquelle il n’appartient pas. Elle est aussi une manière de rappeler qu’il existe d’autres praticiens dans le métier, et que les méthodes pour affronter la crise ont été inspirées par des économistes comme John Maynard Keynes, Charles Kindleberger (auteur de Manias, Panics and Crashes) et Hyman Minsky, spécialiste des crises financières, avec une intervention massive des Etats et le maintien d’un welfare state qui a fortement amorti le choc social de la crise. “Ces actions qui ont sauvé le monde sont parmi celles rejetées par les économistes du libre marché d’hier et d’aujourd’hui”, soutient-il.

Ha-Joon Chang se montre critique mais pas révolutionnaire. “Ce livre n’est pas un manifeste anticapitaliste”, prévient-il dans l’introduction. Il résume sa position en paraphrasant la citation de Churchill sur la démocratie : “Le capitalisme est le pire des systèmes économiques, à l’exception de tous les autres.”

Robert van Apeldoorn

Retrouvez l’intégralité de notre série consacrée aux paradoxes économiques de Ha Joon-Chang en cliquant ici.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content