Les 10 travaux de Di Rupo: La compétitivité internationale ou le lent déclin (2/10)

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L’export est primordial pour notre prospérité. La politique belge n’est pas suffisamment proactive en vue du maintien de la compétitivité internationale de nos entreprises.

La valeur de l’économie belge mesurée à l’aide du PIB (Produit intérieur brut) s’élevait à 337 milliards d’euros pour l’année 2012. La totalité de l’export de l’économie belge pour tout 2012 se chiffrait à 319 milliards d’euros, soit un peu plus que les 313 milliards d’euros d’import total. Comme l’indiquent ces chiffres, la Belgique est une économie petite, mais surtout ouverte. Aussi, bien participer à la vie économique internationale constitue une condition absolument nécessaire à la sauvegarde de notre prospérité, notre sécurité sociale et nos jobs. Cette nécessité en appelle immédiatement une autre : les entreprises belges doivent disposer de suffisamment de compétitivité internationale pour continuer à mettre en oeuvre cette économie prospère et très ouverte. Malheureusement, nous avons un sérieux problème dans ce domaine.

Geert Janssens, l’économiste principal de la plateforme d’entrepreneurs flamands VKW illustre très bien ce manque de compétitivité internationale de nos entreprises. Il a créé une entité économique artificielle composée des vingt pays les plus industrialisés du monde en réduisant les échanges commerciaux entre ces pays aux transitions entre eux. De cette façon, il élimine l’émergence de pays comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Sur base des flux commerciaux restants, il a calculé l’évolution des parts de marché de chaque pays étudié entre 2000 et 2012.

Geert Janssens constate que lorsque la part de marché des entreprises belges est mesurée comme ci-dessus, elle a reculé de 7,8% en 2012. Seules la France, l’Italie et la Grèce affichent des résultats encore pires. Le recul de la part de marché au sein du groupe limité de pays étudié par Geert Janssens indique qu’en matière de compétitivité, nous reculons par rapport à des pays comparables. Il est inévitable que nous perdions de la part de marché à cause des pays émergents. Cependant, que nous ayons systématiquement le dessous face à nos pairs, indique un sérieux problème de compétitivité.

La perte de part de marché de la Belgique au sein d’un groupe de pays très fort industrialisés illustre le fait que nous avons vraiment un problème de compétitivité. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans ce problème. Ces derniers temps, le coût de l’énergie surgit de plus en plus comme contribution importante à l’effritement de la compétitivité internationale. La pression fiscale élevée joue également un rôle dans ce contexte. Ces deux aspects seront à l’ordre du jour dans les prochains travaux de Di Rupo. Selon nous, le problème n’a rien à voir avec la capacité intrinsèque d’innovation de nos entrepreneurs. Et même s’ils étaient moins innovants et entreprenants, il faut se demander quelles en sont les causes. En réfléchissant un peu, on conclut inévitablement aux causes suivantes : le régime fiscal, le climat social (le sujet du dixième travail) et certainement aussi les coûts salariaux.

Un entrepreneur n’est rien sans collaborateurs et plus ceux-ci coûtent cher, plus l’exercice “à part entière” de cet entrepreneuriat sera difficile. En outre, les coûts salariaux élevés obligent les entreprises à assainir continuellement pour rester compétitifs dans le contexte d’une petite économie très ouverte. Des coûts salariaux relativement élevés poussent inévitablement les entrepreneurs vers des facilités de production à intensité de capital maximale. En effet, une intensité de capital plus élevée consiste à obtenir un volume de production aussi élevé ou même plus élevé avec moins de travail. Par conséquent, les coûts de salaire élevé ne mettent pas seulement des bâtons des roues de la compétitivité internationale, ils contribuent également à davantage de chômage et à de plus grandes dépenses en sécurité sociale.

Eurostat publie des chiffres sur le coût du travail par heure dans le secteur privé de l’économie. Pour la Belgique, ce calcul résulte en 40,50 euros de l’heure contre … 25 euros comme moyenne pondérée des trois pays voisins (Allemagne 31 euros, Pays-Bas 29 euros et France 16 euros). Bref, la Belgique souffre d’un grave problème de compétitivité internationale de ses entreprises dans lequel les coûts salariaux jouent un rôle important. Le gouvernement actuel et les gouvernements précédents n’ont absolument pas fait assez pour réduire ce handicap de façon significative.

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