Législatives en Italie : les marchés financiers votent-ils Mario Monti ?

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Le chef du gouvernement sortant Mario Monti n’est pas le favori des élections législatives qui se déroulent ce dimanche en Italie. Mais est-il toujours celui des marchés ? La réponse de Christel Rendu de Lint, responsable de la gestion obligataire de l’Union bancaire privée à Genève.

Il y a six mois, l’Italie faisait l’objet d’attaques extrêmement virulentes des marchés financiers, les taux des obligations d’Etat s’envolant à plus de 6%. Mario Monti est-il le sauveur de la Péninsule ? Je ne le crois pas. L’accalmie des marchés financiers et donc le recul des taux d’intérêt à long terme est d’abord lié aux décisions de la BCE et l’annonce du programme OMT à l’automne dernier. Certes, la présence de Mario Monti à la tête du gouvernement a bien aidé mais l’homme n’a pas été le déclencheur de ce retour au calme. En réalité, Mario Monti ou un autre peu importe: ce que veulent les marchés financiers, c’est un gouvernement stable qui applique à la lettre les exigences de l’Union Européenne – et au final de l’Allemagne – sur la poursuite de la rigueur. Or c’est ce que Mario Monti – plus technocrate que politique -, a fait à la lettre.

Quel jugement portez-vous sur son bilan économique ?
Il est extrêmement mitigé. La récession est profonde avec un produit intérieur brut qui devrait encore reculer de près de 1% cette année après une chute de 2,5% en 2013. L’Italie souffre d’un réel problème de compétitivité qui est loin d’être résolu. Mario Monti a fait ce qu’il a pouvait faire dans un contexte où il avait les pieds et poings liés. Ses marges de manoeuvre étaient minimes. Quand vous n’avez pas de croissance et que vous menez une politique extrêmement rigoureuse comme il l’a fait, vous tombez très vite dans un cercle vicieux. Mais pour regagner la confiance des marchés et conserver celle de Bruxelles, il n’avait pas d’autres choix que de tailler dans les dépenses publiques.

Une nouvelle tempête financière peut-elle balayer l’Italie après les élections ?
Tout à fait. Si les élections aboutissent à une alliance politique très instable ou pire sur la non-formation d’un gouvernement, l’inquiétude des marchés financiers risque de se traduire par une remontée des primes de risque sur les taux des emprunts d’Etat. Tous les discours démagogiques remettant en cause la cohésion de l’Europe et avançant l’idée d’une sortie de l’euro seront très négativement perçus par les investisseurs.

Propos recueillis par Béatrice Mathieu

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