Le sport de haut niveau est-il sous financé?

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Jacques Borlée, entraîneur d’une famille de champions, se plaint d’un manque de moyens dans l’athlétisme : “Je gagne zéro euro zéro centime depuis neuf mois”. Que fait la Communauté française en faveur des sportifs de haut niveau ?

Le chef du clan Borlée est un habitué des coups de sang. Vendredi dernier, à l’issue du Mémorial Van Damme, la prestigieuse compétition d’athlétisme organisée au stade Roi Baudouin, à laquelle participaient ses trois fils (Jonathan, Kevin et Dylan), Jacques Borlée a fustigé le manque de professionnalisme de la Ligue belge francophone d’athlétisme (LBFA) et le peu de moyens mis à sa disposition. Depuis le début de l’année, il a confié avoir touché “zéro euro, zéro centime”. Ce que n’a pas démenti la LBFA, expliquant cette situation par un problème de contrat en cours de discussion entre la Ligue et l’entraîneur.

Au-delà de la querelle de personnes, Jacques Borlée met le doigt sur un débat plus vaste : le financement du sport de haut niveau en Belgique. Les moyens font-ils défaut ? La LBFA a indiqué à la RTBF que la famille Borlée a bénéficié sur huit ans d’un montant d’environ un million d’euros, sous formes de subventions diverses. Et de fait, la Fédération Wallonie-Bruxelles dégage chaque année plusieurs millions d’euros en faveur du sport de haut niveau. “Des subventions sont versées aux fédérations sportives reconnues. L’athlétisme a bénéficié en 2012 de 840.000 euros pour ses programmes de développement du sport de haut niveau”, explique Georges Guillaume, directeur en charge du sport de haut niveau à la Communauté française. A ce montant s’ajoutent 45.000 euros pour la formation des entraîneurs et 169.000 euros pour les frais de fonctionnement de la LBFA.

Un soutien global de 9,5 millions Au total, outre 5,8 millions d’euros de frais de fonctionnement, 44 fédérations sportives ont reçu un soutien global de 9,5 millions d’euros, destinés spécifiquement au sport de haut niveau. L’athlétisme est à l’heure actuelle assez bien doté par rapport aux autres disciplines. Cela s’explique par le nombre d’affiliés, d’espoirs sportifs et par les performances des athlètes, au premier rang desquels on trouve évidemment la famille Borlée. Ces derniers, comme d’autres athlètes, bénéficient aussi des 500.000 euros du projet Be Gold, conjoint aux trois communautés et au Comité olympique belge, visant à préparer les JO de Rio.

Ces montants peuvent sembler dérisoires au regard du budget total de la Fédération Wallonie-Bruxelles (9,5 milliards d’euros, dont 75 % sont consacrés à l’enseignement). Mais il faut surtout les comparer aux résultats obtenus par les athlètes belges. Une étude comparative internationale est en cours à ce sujet : elle livrera ses conclusions d’ici la fin de l’année. D’après nos informations, elle ne sera tendre ni pour la Communauté française, ni pour la Flandre.

GILLES QUOISTIAUX

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