Lire la chronique d' Amid Faljaoui

Le rouble et la statue de Merkel

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Avec Vladimir Poutine, c’est souvent le brouillard qui prévaut, il a l’art de rendre ses décisions imprévisibles. Et comme la tension a augmenté ce jeudi après-midi sur le front gazier, certains se demandent si Poutine ne va pas mettre à exécution sa volonté de couper le gaz aux Européens ce vendredi 1er avril.

Ce n’est hélas pas un poisson d’avril car il demande depuis plusieurs jours aux importateurs de gaz – c’est-à-dire nous – de le payer en roubles sinon il n’acceptera pas de livrer le gaz russe. Au moment où je vous parler, le gaz coule à flot, mais c’est vrai qu’on se demande pourquoi le président russe a tellement insisté pour être payé en roubles. Les uns pensent qu’il veut désolidariser les Européens entre eux : il espérait que les pays les plus vulnérables au gaz russe, comme l’Italie ou l’Allemagne, craqueraient, or, ce n’est pas le cas. Et puis d’autres pensent que si Poutine veut absolument être payé en roubles, c’est pour faire remonter le cours du rouble et donc diminuer le prix des produits importés.

Mais il suffit de lire The Economist, le meilleur magazine au monde, pour constater que le rouble a bien chuté de 41%, la veille de l’invasion en Ukraine, et le 7 mars dernier, mais depuis lors, la monnaie russe a opéré un rebond spectaculaire. Et vous savez quoi ? Le rouble est revenu à son niveau d’avant-guerre ! Les prix en Russie n’ont pas explosé – à peine plus 5% en mars, donc rien de dramatique pour les citoyens russes – et quant au PIB, l’indicateur de richesse d’un pays, là aussi le magazine The Economist nous dit qu’il demeure 5% plus élevé qu’en 2021. Vous avez bien entendu, la Russie est en guerre, elle subit un embargo économique sans précédent et son PIB demeure 5% supérieur à celui de l’année précédente. Autant dire, qu’on n’y comprend plus rien !

En revanche, en Allemagne, il y a une certitude : l’ancienne chancelière Angela Merkel peut estimer que son héritage politique et économique vaut tripette. Quand elle a quitté le pouvoir, tout le monde s’est ému pour cette grande dame. Aujourd’hui, comme le dit le journaliste français François Lenglet, les statues érigées en son honneur risquent d’être déboulonnées lorsque ses compatriotes allemands auront bien compris, bien saisis le coût phénoménal de ses décisions irréfléchies. C’est elle, nous dit-il, qui a décidé d’arrêter le nucléaire et c’est elle qui a maintenu et accéléré le partenariat à long terme avec les Russes et leur gaz.

Quant à Joe Biden, ce n’est guère mieux, en se retirant de manière calamiteuse de l’AFGHANISTAN et en disant, dès le départ, qu’il n’enverrait pas un seul soldat sur le champ de bataille Ukrainien, il a donné des ailes à Vladimir Poutine pour envahir notre voisin ukrainien. François Lenglet a raison de rappeler que lorsque le maître renonce à mourir pour défendre son rang, c’est l’esclave qui devient le maître du maître. On le sait depuis le philosophe Hegel, mais pas sûr que Joe Biden connaisse Hegel.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content