Le rapport de l’OCDE est clair: l’économie belge de moins en moins productive

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L’organisme international suggère notamment de privilégier les aides directes à la recherche plutôt que le crédit d’impôt.

Quel pays est le champion du monde des aides publiques à la recherche & développement ? La Belgique bien sûr. En proportion du PIB, elle y consacre près du triple de la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cela fait-il de la Belgique l’un des pays les plus innovants de la planète ? On se permettra d’en douter et, donc, de s’interroger sur l’efficacité de ces quelques 4 milliards d’euros dépensés en soutien à la R&D.

Ces aides sont cruciales : elles permettent à la Belgique de maintenir, mieux, de continuer à développer un tissu d’entreprises chimiques et pharmaceutiques. Ces secteurs fournissent 92.000 emplois directs et 66 milliards d’euros de chiffre d’affaires. On comprend donc l’intérêt pour les décideurs politiques de veiller à leur offrir un cadre réglementaire et financier favorable. Cette option stratégique conduit à ce que les aides à la recherche soient ” concentrées dans de grandes entités anciennes, souvent des filiales de multinationales “, souligne le rapport de l’OCDE sur l’économie belge publié cette semaine. A l’inverse, la part des dépenses de la R&D dans les technologies de l’information – ” l’un des principaux moteurs de l’innovation numérique “, précise l’OCDE – atteint à peine la moitié de la moyenne de l’OCDE.

Privilégier les aides directes

L’organisation internationale invite dès lors les autorités belges à revoir leur modèle de soutien à la recherche. Il repose pour les trois quarts sur des crédits d’impôt à l’investissement. Cette formule convient parfaitement aux produits ou services rapidement commercialisables alors que les aides directes sont, elles, ” plus adaptées pour soutenir les PME et la recherche à long terme dans des domaines présentant un fort potentiel de retombées “. L’OCDE suggère donc aux autorités belges de privilégier plutôt les aides directes à la recherche, afin de pouvoir ” cibler plus efficacement les jeunes entreprises innovantes “. Une option qui n’est pas neutre institutionnellement puisque les aides directes relèvent des Régions et le crédit d’impôt de l’Etat fédéral…

Optimiser le soutien à la recherche devrait aider à terme la Belgique à améliorer la productivité de son tissu économique. Celle-ci reste certes très élevée mais, depuis une vingtaine d’années, elle croît moins vite que dans les pays voisins. L’écart entre les entreprises les plus et les moins productives tend par ailleurs à grandir, ce qui risque à terme de placer tout un pan de notre économie sur la touche. Le déficit de productivité proviendrait, selon l’OCDE, des lacunes dans l’innovation numérique mais également de la congestion automobile et des freins administrativo-réglementaires à l’installation ou à l’accès à certaines professions.

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