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Le pétrole russe et le chef des Insoumis

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

L’Europe avance bien, et dans la bonne direction. Après plusieurs semaines d’hésitation notamment de la part des Allemands, c’est enfin décidé : l’Europe propose un embargo progressif sur le pétrole russe.

Normal, c’est ce même pétrole qui finance en bonne partie la folie destructrice du Kremlin. Pour certains pays européens comme la Slovaquie et la Hongrie, le prix payé sera douloureux, car ces deux pays sont extrêmement dépendants de l’or noir russe, raison pour laquelle, la Commission européenne a prévu des aménagements spéciaux pour la Hongrie et la Slovaquie, histoire de ne pas les étouffer.

En revanche, la Russie devrait sentir le vent du boulet puisque le pétrole représente un tiers de ses revenus à l’exportation. Les plus cyniques ont déjà commencé à dire ou à écrire que cet embargo sur le pétrole ne sera pas efficace, car la Russie compensera ses exportations de pétrole vers l’Europe en exportant davantage de pétrole vers la Chine.

Son allié chinois aurait déjà reçu du pétrole à prix bradés et ses raffineries tourneraient à plein régime, car la Chine profiterait de cette situation pour faire des stocks à bas prix.

C’est ce qu’on pouvait lire ici ou là. Mais, ce raisonnement est faux. Il est faux parce que primo la plupart des infrastructures pétrolières russes sont dirigées vers l’Europe et non pas vers la Chine.

Et le seul oléoduc destiné à la Chine tourne déjà à plein régime comme le confirment mes confrères des Echos. Ensuite, les Chinois ont toujours une vue à long terme et ne souhaitent pas dépendre de Moscou.

La règle en Chine : c’est la diversification des fournisseurs. Mais, en attendant, cet embargo risque de pousser les prix du pétrole vers le haut, cet embargo risque aussi d’entrainer l’Europe en récession au cours du deuxième trimestre. C’est donc le prix que nous acceptons de payer pour notre solidarité avec l’Ukraine. Et tous les scénarios qui tablaient sur la fin du conflit pour ce 9 mai sont caducs. En effet, selon les experts en géopolitique le 9 mai serait une date symbolique pour Poutine, parce que c’est la date de célébration de la victoire russe sur l’Allemagne nazie, mais ce scénario du 9 mai tombe à l’eau aujourd’hui.

Le conflit est hélas là pour durer, mais cela n’empêche pas l’Europe de penser au coup d’après. L’Europe a par exemple levé tous les droits de douane sur les exportations ukrainiennes. L’idée est d’aider dès aujourd’hui cette économie à se relever et à préparer un plan de reconstruction maintenant alors que le pays est encore en guerre. L’autre lot de consolation, c’est de voir que l’Europe, du fait de cette guerre, va accélérer sa transition énergétique beaucoup plus vite que prévu.

Un humoriste dirait que l’Europe a hélas toujours besoin d’être au bord du précipice… pour avancer. En revanche, la France fait peur. Voir toute la gauche s’agenouiller devant le chef des insoumis pose question. Son penchant pour Poutine, sa tardive critique de l’invasion de l’Ukraine suscite des interrogations auprès des autres pays européens. Mais, lisez son programme, finaud comme il l’est, il ne dit pas que la France doit quitter la zone euro. Non, sa nouvelle formule choc, c’est de prôner “la désobéissance aux règles européennes”, manière polie de dire la même chose que Marine Le Pen, qui elle prône la prééminence de la loi nationale sur les traités européens. Comme l’écrivait un éditorialiste des Echos, “il ne suffit pas de haranguer les foules les coudes appuyés sur son pupitre pour devenir Mitterrand”, lui avait réuni la gauche pour l’Europe et pas contre.

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