Le Parlement européen critique le déficit démocratique de la troïka

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La troïka, formée par la Commission, la BCE et le FMI, était nécessaire pour surmonter la crise de l’euro, mais son action a entraîné une hausse du chômage et de la pauvreté dans les pays qu’elle a supervisés, estime le Parlement européen qui juge par ailleurs son fonctionnement trop peu démocratique.

La troïka que forment la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international était nécessaire pour surmonter la crise de l’euro, mais ses prescriptions sont responsables d’une augmentation du chômage et de la pauvreté dans les pays qu’elle a supervisés. Son fonctionnement est en outre trop peu démocratique. Telle est la conclusion du Parlement européen, qui a examiné son rôle en détail au cours des derniers mois.

En échange de prêts destinés à leur éviter la banqueroute, la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre ont dû se soumettre à un contrôle de leurs budgets et entreprendre des réformes structurelles. Cette conditionnalité a été strictement mise en oeuvre par la troïka.

Un rapport de la commission des affaires sociales du Parlement, voté en plénière jeudi, la rend responsable de la hausse du chômage et de la pauvreté dans ces pays. Un second rapport, provenant de la commission des affaires économiques, réitère ces critiques, mais nuance le propos en insistant sur son importance pour empêcher préserver la zone euro.

“Remplacer la troïka par un dispositif qui assure la légitimité démocratique de son action”

Les eurodéputés appellent à réfléchir au fonctionnement de la troïka, après les élections, en sorte de veiller à l’impact social de ses recommandations, mais aussi de lui donner une meilleure assise démocratique.

Marianne Thyssen (CD&V) s’est réjouie de l’adoption des deux textes à une large majorité. “C’est remarquable qu’en ce début de campagne électorale nous ayons pu trouver un large soutien pour ces rapports sur la troïka, qui avait été souillée au début par certains collègues”, a-t-elle dit.

L’Ecolo Philippe Lamberts, qui a fréquemment dénoncé la troïka au cours de la législature, s’est lui aussi déclaré satisfait par le vote des rapports. Il insiste désormais sur “la nécessité de remplacer la troïka par un dispositif qui assure la légitimité démocratique de son action”. “Dans l’immédiat, la Commission européenne et l’Eurogroupe doivent assumer la pleine responsabilité des programmes et en rendre compte devant les Parlements européen et nationaux concernés”, souligne le député, pour qui l’implication du FMI avait dilué la responsabilité politique des Européens.

“Le Fonds Monétaire International (FMI) est appelé à disparaître de la troïka, les Européens ayant en mains tous les moyens de leurs politiques. À terme, le Mécanisme européen de stabilité (MES), fonds de secours financier de la zone euro, devra devenir un Fonds Monétaire Européen, placé sous le contrôle du Parlement européen”, estime M. Lamberts.

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