Le minage de cryptomonnaies, véritable gouffre énergétique, interdit cet hiver en Europe ?

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Les mineurs de cryptomonnaies pourraient être privés d’électricité cet hiver en Europe. En cause : leur activité est trop énergivore.

Les cryptomonnaies, ces monnaies virtuelles et décentralisées, dont le cours et l’histoire sont émaillés de succès et de déboires ont le vent en poupe. La prolifération du Bitcoin ou de l’Ethereum, entre autres, pourrait pourtant être ralentie cet hiver à cause de la crise énergétique.

En cas de difficulté d’approvisionnement, l’Europe pourrait couper l’électricité des ordinateurs des ‘mineurs’. Ces personnes effectuent un grand nombre de calculs informatiques très complexes indispensables à la validation de transactions utiles à la technologie de la blockchain et à son sous-jacent, la cryptomonnaie.

Ces calculs ne peuvent être résolus avec un ‘simple’ ordinateur personnel. L’ordinateur doit être très puissant et par conséquent assez énergivore. Souvent, le minage se réalise à l’aide de plusieurs ordinateurs qui sont rassemblés dans ce qu’on appelle une ferme de minage.

En quoi consiste le minage d’une cryptomonnaie ?

Comme l’explique le site de Futura Sciences, le minage consiste, en testant un nombre énorme de combinaisons, quel chiffre a pu engendrer le “hash” d’une transaction donnée. Le premier mineur qui trouve la solution fournit une “preuve de travail” (Proof of Work) qui atteste qu’il a trouvé le premier la solution du problème. Il récolte une commission – un pourcentage minime de la transaction qu’il a validée et aussi, régulièrement de nouveaux Bitcoins. C’est de là que vient l’analogie avec le minage traditionnel de monnaie, puisque ce travail aboutit régulièrement à la création de nouveaux BTC.

Avec un ordinateur puissant, la consommation énergétique est démultipliée. Un tel ordinateur consomme pas loin de 30.000 kWh/an. À titre de comparaison, un congélateur utilise entre 200 et 500 kWh/an, spécifie le site de la RTBF. En 5 ans, la consommation d’énergie liée aux cryptomonnaies a augmenté de 900%. C’est aujourd’hui 0,4% de la consommation électrique au niveau mondial.

Vers une interdiction du minage ?

La Commission européenne a émis ses recommandations concernant le minage de cryptomonnaies cet hiver. Dans son plan pour digitaliser le secteur de l’énergie publié le 18 octobre, elle s’inquiète de la situation dans le contexte de la crise énergétique. Elle demande que les états mettent en oeuvre des mesures ambitieuses et ciblées pour diminuer la consommation des acteurs des cryptomonnaies. Elle prévoit même en cas de nécessité de délestage des systèmes électriques d’obliger l’arrêt du minage des monnaies virtuelles.

Comme l’explique le site de la RTBF, il y a, en réalité, peu d’activité de minage sur le sol européen. Les pays concernés sont principalement les pays scandinaves, un peu l’Irlande, et surtout l’Allemagne.

Aux Etats-Unis, la Maison-Blanche, a aussi proposé d’interdire le minage de bitcoins dans un récent rapport, au motif qu’il représente un risque et une menace pour la production électrique du pays. Le pays compte en effet des fermes de minage de très grande capacité.

En mars dernier, Le Monde publiait un reportage impressionnant sur la plus grande ferme de minage à bitcoins de Whinstone, située à Rockdale, une cité rurale au coeur du Texas. Dans un bâtiment de 300 mètres de long, 38.300 ordinateurs et des centaines de serveurs tournent à plein régime jours et nuits pour “miner“. Pour faire fonctionner et refroidir ces milliers d’appareils installés en batterie, une puissance électrique égale à 700 mégawatts est nécessaire, soit à peu près l’énergie produite par un demi-réacteur nucléaire, explique le journal français.

Vers plus de sobriété numérique

A l’avenir, le défi des monnaies virtuelles sera de tendre vers plus de sobriété énergétique. Certains changements concrets existent déjà. Comme l’explique La Tribune, récemment, la blockchain Ethereum (et son prolongement en cryptomonnaie : l’ether) a fait basculer son système de validation de transactions en abandonnant la méthode dite de “preuve de travail” vers une autre, nettement moins gourmande en énergie, appelée “preuve d’enjeu“.

Concrètement, détaille le quotidien français, “si la première consiste à mettre en compétition des milliers de valideurs (mineurs) qui utilisent simultanément la puissance de calculs de leurs ordinateurs pour, chacun, tenter de résoudre le premier des équations cryptographiques, la seconde méthode s’avère bien moins énergivore puisqu’elle repose sur un tirage au sort de mineurs volontaires qui s’engagent à effectuer un travail demandé”.

L’avantage de ce protocole est qu’il évite que des milliers de mineurs de cryptomonnaies travaillent en même temps sur la même transaction et gâchent de l’énergie. Selon une estimation de la fondation Ethereum, ce changement de protocole pourrait réduire la consommation énergétique de la blockchain de… 99,95 %.

Cette menace d’interdiction de minage en Europe amène une réflexion plus générale sur un usage plus raisonné des nouvelles technologies dans le contexte alarmiste du réchauffement climatique. Cette sobriété numérique passe, entre autres, par un stockage moins élevé de données, par l’utilisation du wifi au lieu de la 4G (23 fois moins énergivore), par visionner un film en basse plutôt qu’en haute définition,… détaille La Tribune.

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