Le grand Cirque Royal… et politique

Yvan Mayeur et Philippe Close. © Belga

La Ville de Bruxelles va attribuer la concession d’exploitation du Cirque Royal à “son” ASBL Brussels Expo dirigée par Philippe Close, “son” échevin PS du Tourisme. Le conflit d’intérêts pose question.

Le scénario semble cousu de fil blanc. Lors du prochain conseil communal de la Ville de Bruxelles le 21 novembre, l’ASBL Brussels Expo recevra sans surprise la concession d’exploitation du Cirque Royal pour une durée de 27 ans. L’ABSL, qui gère déjà la petite salle de la Madeleine au centre-ville (1.000 places) et l’immense Palais 12 au Heysel (15.000 places), disposera alors d’une salle de capacité moyenne (entre 2.000 et 3.000 places selon la configuration) qui devrait dynamiser son offre culturelle, mais aussi son chiffre d’affaires.

La procédure, toutefois, dérange. L’ASBL Brussels Expo est en effet dirigée par Philippe Close, échevin PS du Tourisme à Bruxelles… et donc membre du collège des bourgmestre et échevins qui a pris cette décision. Or, il y avait une autre candidature sérieuse pour l’exploitation du Cirque Royal qui, visiblement, n’a pas franchi le cap des petits arrangements entre amis: l’ASBL Botanique _ qui gérait pourtant cette salle depuis 1999 _ et qui s’était associée au Sportpaleis d’Anvers pour bétonner son offre de services. Disposant d’une solide assise financière (23 millions de fonds propres), le groupe flamand était même prêt à investir 3 millions pour la rénovation du Cirque, mais le collège des bourgmestre et échevins de la Ville de Bruxelles a préféré “la qualité du modèle économique” (sic) proposé par l’ASBL Brussels Expo, “le plan financier prévoyant une réaffectation de 100 % de la marge d’exploitation générée par le Cirque Royal aux travaux d’entretien et d’amélioration des infrastructures”. En clair, quelque 300.000 euros annuels (si la salle est bien gérée), soit 10 fois moins que ce que proposait d’emblée le tandem Botanique-Sportpaleis…

L’histoire ne dit évidemment pas si, oui ou non, les dés étaient pipés, mais l’évident conflit d’intérêts dans le dossier ne redore certainement pas l’image de la Ville de Bruxelles. Directeur artistique du Botanique, Paul-Henri Wauters ne cache d’ailleurs pas son dégoût, même s’il ne précise pas encore si son institution introduira un recours contre la décision politique de la Ville de Bruxelles. “On attend d’abord le vote du conseil communal”, dit-il, non sans une certaine ironie. En coulisse, chacun sait pourtant que le Botanique n’a pas l’intention de se laisser faire…

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