Le gouvernement grec a brutalement durci le ton mardi soir en réponse à ce qui est présenté comme une pression de l’UE pour l’empêcher de faire voter mercredi sa loi de lutte contre la crise humanitaire.
L’affaire est partie de la publication sur son blog par un journaliste de Channel 4 News, Paul Mason, de ce qui serait un message de Declan Costello, représentant de la Commission européenne parmi les créanciers de la Grèce. Dans le texte qui lui est prêté et semble avoir été rédigé mardi après une téléconférence des experts techniques de l’Eurogroupe, M. Costello indique: “Nous demandons fermement” la mise en place “préalable” de “consultations appropriées” avant de faire voter mercredi la loi humanitaire prévoyant la fourniture d’électricité aux foyers les plus pauvres ou la distribution de bons d’alimentation. Le message vise aussi l’adoption, prévue jeudi, d’une seconde loi permettant aux ménages d’étaler en cent fois le paiement de leurs arriérés d’impôts.
Le message demande que les réformes se fassent dans le cadre “d’un ensemble complet et cohérent”. “Faire autrement serait agir unilatéralement et de manière fragmentaire, ce qui ne serait pas cohérent avec les engagements pris, notamment à l’Eurogroupe” du 20 février, conclut la lettre. Le gouvernement grec a réagi avec virulence à cette publication, sans citer explicitement M. Costello. Une source gouvernementale a ainsi estimé, en réponse “aux plaintes visant le projet de loi sur la crise humanitaire” que “si, en 2015 en Europe, la lutte pour affronter une crise humanitaire est considérée comme une décision unilatérale, que reste-t-il alors des valeurs européennes ? ” Elle a appelé tous les partis grecs “à voter massivement” mercredi, “et à s’opposer au chantage”.
Elle a considéré que cette affaire était susceptible de démontrer “que les équipes techniques ne sont pas capables de garantir la mise en oeuvre de l’accord du 20 février”. La loi humanitaire est la première loi du gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras, arrivé au pouvoir fin janvier, à être présentée au Parlement grec. Les caisses grecques sont presque vides et M. Tsipras a besoin d’une poursuite de l’aide financière au pays, mais il veut aussi pouvoir mener des lois sociales qui rompent avec l’austérité imposée par les créanciers depuis 2010.