“Le gouvernement allemand est tombé dans le piège historique d’une position semi-hégémonique”

Le philosophe allemand Jürgen Habermas. © Reuters

La “réaction froide et abrupte du gouvernement allemand (aux propositions grecques) était indigne”, estime le philosophe allemand Jürgen Habermas dans un entretien dans L’Obs ce jeudi.

“L’écho mondial suscité par le comportement brusque et teutonique” de la chancelière allemande Angela Merkel et du ministre des Finances allemand Wolfgang Schaüble, visant à aboutir à une sortie de la Grèce de la zone euro, “montre que le gouvernement allemand est tombé dans un piège – le piège historique d’une position semi-hégémonique – dont l’Union européenne avait justement réussi à nous protéger jusqu’à maintenant”, assure Jürgen Habermas, 86 ans, considéré comme le philosophe de la construction européenne.

“Sans des forces politiques dirigeant ensemble l’Union politique, nos économies nationales vont encore plus diverger les unes des autres”, assure le philosophe dans un entretien réalisé par courriel à la fin de la semaine dernière.

Jürgen Habermas, auquel la revue Esprit consacre sa dernière livraison, juge enfin “intéressante” la proposition de François Hollande d’un Parlement de la zone euro et d’un budget commun, qui pourrait, selon lui, permettre à la France de “reprendre l’initiative vis-à-vis de l’Allemagne dans la poursuite du processus d’intégration européenne”.

Selon le penseur, théoricien en sciences sociales rattaché à la célèbre École de Francfort, un Parlement de l’Euro pourrait être “élu en fonction des partis et composé de groupes parlementaires”. Quant à la Commission, elle “doit être dotée de son propre budget et se développer en véritable gouvernement avec des compétences élargies. Elle serait elle-même responsable à la fois devant le Parlement de l’euro et l’Eurogroupe”, a précisé Jürgen Habermas, dans un échange téléphonique avec l’hebdomadaire.

Avec l’AFP

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