Le FESF torpillé par la Slovaquie ?

© Reuters

Les députés slovaques ont rejeté mardi soir le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro, une décision qui risque d’aggraver la crise de la dette dans l’Union monétaire, mais un possible second vote se profile déjà pour les jours à venir.

“Sur l’ensemble des 124 députés présents, 55 élus ont voté pour, 9 contre et 60 n’ont pas voté”, a constaté Pavol Hrusovsky, vice-président du Parlement, après le vote. Le résultat du vote peut conduire logiquement à la chute du gouvernement de centre-droite d’Iveta Radicova, du parti SDKU-DS, qui l’avait associé à une motion de confiance pour son cabinet.

L’un des partis de la coalition quadripartite au pouvoir depuis juillet 2010, les libéraux du SaS, a ainsi accompli sa menace de torpiller le renforcement du FESF, outil destiné à venir en aide aux pays en difficultés financières, dont la Grèce lourdement endettée. Sans les 22 députés du SaS qui n’ont pas participé au vote, la coalition ne pouvait pas songer à obtenir une majorité requise de 76 élus.

“Je vous en supplie, faites confiance à ce gouvernement et à sa politique en matière de finances publiques !”, a déclaré Iveta Radicova peu avant le vote. Mais les dirigeants slovaques ont annoncé auparavant la possibilité d’un nouveau vote, dans lequel l’opposition social-démocrate (Smer-SD) pourrait soutenir le renforcement du FESF. Aucune date n’a encore été fixée pour ce vote.

Bourses européennes : ouverture en baisse modérée après le vote slovaque

Les Bourses européennes ont ouvert mercredi en léger recul au lendemain du rejet, par le Parlement slovaque, du renforcement du Fonds européen de stabilité financière et la déception suscitée par l’américain Alcoa qui a ouvert la saison des résultats d’entreprise aux Etats-Unis.

Paris a ouvert sur un léger recul de 0,54 %, Francfort de 0,24 %, Londres de 0,47 %. Peu après l’ouverture Madrid, baissait de 0,65 %, tandis que Milan était en hausse de 0,23 %. A Bruxelles, le Bel 20 perdait 0,72 % vers 9 h 35. La Bourse de Tokyo a terminé la séance en légère baisse de 0,40 %, les investisseurs optant pour la prudence après le vote des députés slovaques.

Les efforts de la zone euro pour sortir la Grèce de l’ornière et limiter les conséquences de la crise de la dette se sont heurtés au refus des députés slovaques de renforcer le fonds de soutien européen. Un second vote pourrait toutefois être organisé avec le soutien de l’opposition de gauche, en échange d’importantes concessions de la part de la coalition quadripartite au pouvoir à Bratislava.

Le “non” slovaque “est maintenant chose faite, mais la perspective d’un résultat positif lors d’un deuxième vote fait baisser quelque peu la pression”, a commenté Christian Schmidt, stratège actions de la banque Helaba.

La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l’élargissement de ce fonds de secours, décidé le 21 juillet. Le sentiment du marché est également altéré par les perspectives de l’économie grecque qui ne s’améliorent pas. Le FMI, la Commission et la BCE ont averti que la récession dans ce pays “sera plus profonde qu’anticipé en juin et une reprise n’est désormais attendue qu’à partir de 2013”.

Crise de la dette : la Slovaquie sous pression, l’UE se penche sur les banques

La Slovaquie était sous pression de ses partenaires mercredi, après avoir rejeté le système de défense anticrise de l’Union monétaire, au moment où l’Europe met au point un plan de recapitalisation de ses banques face au risque de défaut de paiement de la Grèce.

La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l’élargissement à 440 milliards d’euros de ce filet de sécurité pour les pays en difficulté, décidé sur le principe le 21 juillet. En cas de non définitif, le FESF n’aura qu’une capacité d’action limitée pour aider les Etats à éviter la banqueroute et à recapitaliser leurs banques.

“Ce n’est pas une bonne nouvelle mais je fais confiance aux autorités de Slovaquie” pour organiser un deuxième vote, a déclaré mercredi Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères. “Le FESF sera ratifié au moment de la réunion d’octobre”, a affirmé pour sa part la chancelière allemande Angela Merkel, sans préciser à quelle réunion elle faisait référence.

Un sommet des dirigeants européens est prévu le 23 octobre pour apporter, en principe, une réponse convaincante à la crise. La réunion a été repoussée cette semaine de quelques jours pour permettre aux Européens de parachever leur arsenal, en particulier sur la situation des banques.

Les Bourses européennes ont ouvert mercredi en léger recul, semblant tabler sur un deuxième vote slovaque. Le temps presse car la crise de la dette a déjà pris en Europe les allures d’une crise bancaire. Un premier établissement, Dexia, en a fait les frais en étant démantelé lundi.

Pour éviter une propagation, qui inquiète le monde entier et notamment les Etats-Unis, l’Europe travaille à un plan de renflouement des établissements les plus fragiles. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, devrait dévoiler mercredi après-midi des propositions à ce sujet.

Selon le Financial Times, l’Autorité bancaire européenne (EBA) envisage de relever à 9 % le niveau minimum des fonds propres “durs” des banques européennes (capital et bénéfices mis en réserve par rapport aux prêts accordés). Celles-ci auront entre six et neuf mois pour s’y conformer, faute de quoi elles devraient accepter une recapitalisation par les pouvoirs publics.

Un durcissement à 9 % de fonds propres “durs” pourrait contraindre les banques à lever au total 275 milliards d’euros, selon les estimations des analystes de la banque américaine Morgan Stanley, citées par le quotidien britannique. Le FMI avait estimé début octobre qu’il faudrait injecter entre 100 milliards et 200 milliards d’euros dans les banques européennes.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content