Le drame japonais profite aux obligations européennes

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Les récentes décisions prises par les autorités européennes ont fait rebondir le marché obligataire. Qui profitait néanmoins aussi des incertitudes économiques engendrées par le séisme au Japon… et des risques de catastrophe nucléaire.

Le marché obligataire rebondissait lundi après les décisions prises par la zone euro, mais il profitait aussi d’un report de liquidités vers ces placements réputés plus sûrs que les actions, alors que les incertitudes dominent l’environnement économique après le séisme au Japon et en raison des risques de catastrophe nucléaire.

En début de matinée, les taux des pays européens les plus fragiles se détendaient nettement : les rendements sur dix ans de l’Espagne s’inscrivaient à 5,282 % (contre 5,414 %), ceux du Portugal à 7,370 % (contre 7,479 %), ceux de l’Italie à 4,749 % (contre 4,859 %). Nette baisse également sur les taux à dix ans grecs, à 12,395 % (contre 12,660 %). Pour les pays notés “AAA” de la zone euro, France et Allemagne notamment, les rendements restaient stables.

Les dirigeants de la zone euro ont décidé, dans la nuit de vendredi à samedi, d’augmenter à 440 milliards d’euros les ressources effectives de leur Fonds de secours financier (lire ci-après) et de l’autoriser à racheter de la dette publique. Le mécanisme permanent de crise qui lui succédera à partir de mi-2013 sera doté, en ce qui le concerne, de 500 milliards d’euros.

“Une bonne surprise pour les marchés : les décisions de l’Union monétaire vont indiscutablement dans le sens d’une amélioration de la situation”, a indiqué lundi matin Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

Les dirigeants européens octroient des meilleures conditions à la Grèce… mais pas à l’Irlande

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont consenti, vendredi soir, à réduire le taux d’intérêt et d’allonger les délais de remboursement des prêts accordés à la Grèce dans le cadre du plan de sauvetage international. Ils ont en revanche refusé une demande similaire de l’Irlande, qui n’a pas accepté d’aligner sa fiscalité des entreprises avec les niveaux européens.

Dans le cas de la Grèce, les dirigeants européens ont décidé de réduire le taux de 100 points de base et d’allonger de quatre ans la durée de ces prêts, à sept ans et demi, en contrepartie de l’accord d’Athènes de mener un programme de privatisations de 50 milliards d’euros et d’autres opérations immobilières destinées à assainir son budget.

Ils ont refusé une faveur similaire au nouveau Premier ministre irlandais, Enda Kenny, qui en avait pourtant fait l’une de ses promesses électorales. Dublin demandait une révision à la baisse du taux d’intérêt (5,8 %) du plan de sauvetage de 85 milliards dont le pays a bénéficié. En échange, les Européens exigeaient de l’Irlande qu’elle réforme sa fiscalité très attrayante pour les entreprises, mais Enda Kenny a refusé d’abandonner cette politique sur laquelle l’Irlande a fondé son développement économique.

“Je suis un peu surpris que (le Premier ministre irlandais) reparte bredouille de ce sommet, a commenté le Premier ministre belge, Yves Leterme. Cela s’est terminé sur un match nul.” Yves Leterme déplore ainsi que le nouveau Premier ministre irlandais ait “refusé de prendre des mesures supplémentaires sur l’impôt des sociétés. Il n’y aura donc pas de révision du taux d’intérêt.”

Le Premier ministre belge n’a pas exclu que la question soit rouverte lors du prochain sommet européen, dans deux semaines, “mais ce devra être sur base d’une nouvelle proposition de l’Irlande”.

Selon Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, Dublin a accepté le principe d’une plus grande convergence fiscale mais “n’a pas rempli toutes les conditions requises pour profiter maintenant d’une baisse des taux”.

440 milliards d’euros pour le Fonds européen de secours financier : sur le papier… et désormais dans les faits

Les dirigeants de la zone euro se sont par ailleurs mis d’accord pour porter de 250 milliards d’euros environ à 440 milliards la capacité de prêts effective de leur Facilité de secours aux pays en détresse financière.

Mise en place l’an dernier en pleine crise de la dette souveraine, cette Facilité est déjà, sur le papier du moins, dotée de 440 milliards d’euros de garanties apportées par les Etats de la zone euro. Dans les faits, cependant, elle ne peut prêter que 250 milliards d’euros car elle doit conserver le reste en réserve afin de pouvoir bénéficier des taux d’intérêt les plus avantageux sur les marchés financiers lorsqu’elle lève des fonds.

Les dirigeants ont également habilité vendredi la Facilité à acquérir directement, sur le marché primaire, des titres de dette émis par les Etats de la zone euro. Ils ont par contre refusé qu’elle puisse agir de la sorte sur le marché secondaire, comme le souhaitait la Banque centrale européenne, qui a acquis d’énormes quantités de dette souveraine au plus fort de la crise et souhaite désormais s’en débarrasser.

Trends.be, avec Belga

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