Pascale Van Damme

Le consommateur se convertit bon gré, mal gré au vert…

Pascale Van Damme Vice-présidente et directrice générale de Dell. 

Earth Overshoot Day, le jour à partir duquel toutes les ressources naturelles, que la Terre met à disposition chaque année, sont épuisées. Cette année, ce jour est tombé le 29 juillet. Nous vivrons donc à crédit pendant tous les mois à venir. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Nous consommons nos matières premières à un rythme beaucoup plus élevé que ce que la Terre peut produire. Dans la mesure où nous ne disposons que d’une seule planète et que la population augmentera de manière spectaculaire au cours des prochaines décennies, les perspectives sont bien sombres.

Malgré tout, je suis remplie d’espoir. Je vois en effet des éléments positifs dans le fil d’infos: la tendance semble s’inverser. L’année dernière, le Jour du Dépassement de la Terre tombait aussi le 29 juillet, nous n’avons donc pas reculé.

Par ailleurs, je sais quels efforts déploient les entreprises pour rendre leurs produits durables. Même si les consommateurs ne voulaient pas s’engager – et cela ne concerne heureusement qu’une petite minorité -, ils n’en deviennent pas moins progressivement des êtres pro-durabilité. Tout simplement parce que les produits qu’ils achètent contiennent de moins en moins de ressources naturelles. Idem pour l’énergie dont ils ont besoin. Agoria, la confédération patronale des entreprises technologiques, a récemment effectué un sondage auprès d’une centaine de ses membres au sujet du développement durable : 90% des sociétés interrogées contribuent aux objectifs pour le climat et l’environnement et prennent des mesures concrètes pour réduire leur empreinte CO2 et pour innover en matière de produits durables. Près de la moitié désirent que le prochain gouvernement s’investisse plus résolument dans l’économie circulaire et l’énergie renouvelable. Voilà qui est encourageant, non?

Il ne faudrait pas sous-estimer le levier que les effets d’échelle exercent dans ce domaine. Prenez par exemple Dell Technologies, la société high tech pour laquelle je travaille. Nous avons récupéré un million de tonnes de produits électroniques via les programmes de recyclage menés depuis 2013. La société a également réutilisé environ 45.000 tonnes de plastiques recyclés dans de nouveaux produits, a réduit de 64% la consommation d’énergie de son catalogue de produits et a diminué de plus de 4,5 millions de mètres cube la consommation d’eau dans le processus de production. Si nous voulions obtenir les mêmes résultats au travers d’initiatives citoyennes individuelles, la somme de sensibilisation et de conviction nécessaire serait énorme. Ensemble, entreprises et citoyens obtiennent de bien meilleurs résultats, beaucoup plus rapidement.

Miser sur la diversité et la technologie

Permettez-moi d’être claire à ce sujet: nous aurons besoin de tout le monde – entreprises, autorités publiques et citoyens – afin d’atteindre les objectifs climatiques et sociaux et réussir, à partir de 2050, l’équilibre Zéro émission. Les technologies, omniprésentes, joueront, elles, aussi un rôle crucial. Des études indiquent par exemple qu’il existe une corrélation positive, pour 65% des Sustainable Development Goals (les objectifs de développement durable initiés en 2015 par les Nations Unies), entre l’accès et l’utilisation des technologies, d’une part, et la concrétisation de ces objectifs, d’autre part. Et je ne parle pas uniquement de climat et d’environnement mais par exemple aussi de soins de santé et d’enseignement.

Toutefois, nous rencontrons aujourd’hui, tant en Belgique qu’à l’échelle mondiale, un problème pour faire coïncider talents pertinents et postes vacants. Cela est dû aux fluctuations du marché du travail. La population mondiale s’accroît rapidement tandis que, dans le même temps, le marché du travail subit d’importants changements. Dans son dernier rapport “Future of Jobs”, le Forum économique mondial estime que quelque 133 millions de nouvelles fonctions feront leur apparition sur le marché du travail d’ici 2022. Dès lors, la pénurie de talents apparaît comme l’un des trois principaux risques qui guettent les entreprises. Dès à présent, environ 45% des employeurs indiquent qu’ils éprouvent des difficultés pour trouver sur le marché du travail des collaborateurs disposant des talents adéquats. Cette situation a également un impact sur le climat et le développement durable étant donné que la technologie revêtira une importance déterminante dans la concrétisation des objectifs climatiques.

Toutefois, les ressources humaines étant disponibles en suffisance et la population mondiale devant continuer de s’accroître au cours des prochaines décennies, je suis fermement convaincue qu’il y aura suffisamment d’individus talentueux pour assumer ces nouveaux emplois et rendre ainsi le monde plus durable.

Des actions? On ne demande que ça!

Les entreprises doivent simplement jouer pleinement la carte de la diversité et des formations. Et il n’est jamais trop tôt pour commencer. En tant qu’employeur, tournez vos regards, comme nous le faisons, vers des groupes de population auxquels on pense moins spontanément. Organisez des programmes de formation dans les écoles primaires. Des opportunités existent également dans les régions reculées d’Afrique et d’Asie.

Lorsque je vois les possibilités qui s’offrent à nous pour combattre les problèmes actuels, je ne suis donc pas découragée mais bien pleine d’espoir. Toutes les composantes sont sur la table. Il nous suffit simplement de nous y mettre et d’assembler le puzzle.

Billet d’opinion rédigé par Pascale Van Damme, vice-présidente et directrice générale de Dell Technologies Belux et présidente de l’Agoria ICT Committee

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