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“Le climat et l’Etat: quelles motivations derrière les manifestations?”

Ils ont fait forte impression, ces 70.000 manifestants du dimanche et surtout les 35.000 écoliers des jeudis qui ont sacrifié un jour d’école pour aller manifester en faveur du climat. Il faut reconnaître qu’il s’agit d’un succès de la part des organisateurs.

Ils font toutefois arithmétiquement pâle figure à côté des près de 425.000 personnes qui ont payé leur entrée au Salon de l’Auto la même semaine, montrant ainsi leur attachement à un mode de locomotion décrié comme peu écologique, mais présentant à leurs yeux le mérite d’être motorisé et individuel.

Le succès des manifestations doit sans doute beaucoup à l’absence de précision des revendications. On trouve évidemment plus de suiveurs lorsqu’on déclare agir ” pour le climat ” ou ” pour la nature “, que si l’on annonce ouvertement vouloir taxer les billets d’avion des vacanciers ou obliger tout le monde à changer sa chaudière.

Ce succès doit sans doute aussi beaucoup à la relative discrétion des organisations membres de la ” coalition climat “, qui est à l’origine des manifestations. Cette coalition comprend certes quelques organisations écologistes, souvent marquées à gauche comme Greenpeace, ou Inter-Environnement. On y trouve toutefois aussi des organisations, elles aussi de gauche ou d’extrême gauche, dont la relation avec la défense de l’environnement est plus lointaine, comme Oxfam et 11.11.11, très militantes, à la fois pour l’aide au tiers-monde et aussi pour une plus forte taxation des ” riches “.

On y trouve aussi les trois centrales syndicales les plus importantes du pays : celles-ci sont certes très représentées dans les services publics, et donc aussi dans le secteur de l’enseignement, ce qui explique sans doute la très grande tolérance manifestée par les directions d’écoles envers les élèves qui ont séché les cours. On imagine néanmoins qu’elles seront moins enthousiastes si, un jour, les revendications écologistes les plus extrêmes sont suivies d’effets et mettent au chômage nombre de leurs membres dans des industries jugées trop polluantes, ou plus exactement trop productrices de CO2, comme le pétrole ou l’automobile, par exemple.

Il s’agit toujours, quel que soit le niveau d’exigence des revendications, de réglementer, d’interdire ou de taxer.

Les gouvernants sont évidemment bien embarrassés devant une masse qui revendique des choses très hétéroclites et bien imprécises. Derrières toutes ces organisations, il y a pourtant une constante. Toutes ces personnes ne se contentent pas d’oeuvrer, chacune, pour la défense du climat dans leur vie personnelle. Elles s’adressent aux gouvernements pour que ceux-ci prennent des mesures, et leur reprochent leur inaction relative. Or, ces décisions, tellement attendues, ne peuvent consister qu’à utiliser de la contrainte. Il s’agit toujours, quel que soit le niveau d’exigence des revendications, de réglementer, d’interdire ou de taxer. Cela ne doit pas surprendre de la part d’organisations qui, toutes, de manière plus ou moins extrême, se situent dans la défense de l’étatisme, qui veulent toujours plus d’Etat, et qui trouvent dans la défense du climat un prétexte idéal pour réclamer une étatisation croissante, non seulement de l’économie, mais de la vie de chacun, et ce de préférence au plan mondial.

Qu’il s’agisse d’interdire ou de limiter la consommation de viande, de taxer les vols aériens ou le diesel, de réglementer l’usage de la voiture individuelle, d’interdire ou de taxer certains types de chauffage, ou d’exiger des ” circuits courts ” dans la distribution, plutôt que des importations fondées sur le libre-échange, il s’agit chaque fois de renforcer l’Etat, de lui permettre de s’immiscer de plus en plus profondément dans la vie individuelle des gens, ou d’augmenter encore le niveau de taxation global dans le monde entier. Le résultat des exigences des manifestants sera toujours de renforcer le pouvoir face aux entreprises et aux individus.

Si l’on rassemble la plupart des revendications, on doit bien constater qu’elles ne sont possibles, comme l’a reconnu Al Gore lui-même, que dans une société hyper-réglementée, de type socialiste, qui correspond effectivement aux exigences générales de la plupart des membres de la ” coalition climat “. Vu les résultats habituellement obtenus par ce type de politiques, de la Chine maoïste au Venezuela d’aujourd’hui, on peut se demander si les remèdes proposés pour lutter contre le dérèglement climatique ne sont pas pires que le mal que constitue celui-ci aux yeux des manifestants.

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