Le budget de la Ville de Bruxelles obtenu sur le dos des entrepreneurs?
Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a donné son feu vert au projet de budget concocté par la majorité PS-Ecolo/Groen-DéFI/one.brussels pour l’année 2023. L’opposition MR/Open Vld; PTB; les Engagés a voté contre.
Le bourgmestre Philippe Close (PS) a confirmé les principaux axes du budget présenté vendredi dernier: un budget à l’équilibre à hauteur d’1, 014 milliard d’euros. Plus précisément, le résultat budgétaire 2023 affiche un léger boni de 77.858,55 euros sur un total d’un peu plus d’1,014 milliard d’euros en prenant pour référence le compte de l’année 2021, plus austère en termes de dépenses de fonctionnement, et sans toucher aux additionnels à l’IPP et au précompte immobilier qui demeurent inchangés depuis 20 ans.
La taxe ancienne sur les espaces de danse disparaît; une autre sur le co-living apparaît, mais l’ensemble des autres taxes demeure inchangé.
Les charges d’emprunt sont toujours soutenables et avec 7,71% du total, elles représentent un poids stable dans le budget. Les dépenses de personnel représentent toujours la moitié des dépenses totales, soit plus de 500 millions d’euros. Les frais de fonctionnement conservent une faible part dans la masse totale avec 11,7% des dépenses totales.
Les moyens mis à disposition des écoles augmentent en ligne directe avec l’ouverture de nouvelles écoles.
Les dépenses de transfert représentent 29% des dépenses totales, soit 300 millions d’euros dont près de la moitié est consacrée à la dotation à la zone de police Bruxelles-Capitale Ixelles (122 millions) et un quart en dotation au CPAS (90 millions, en hausse de 9,6% face à la succession des urgences sociales).
Le budget extraordinaire a été fixé à 212 millions d’euros, dont 140 millions hors subsides. Hormis les infrastructures scolaires, une partie de ce montant sera orientée vers les investissements en faveur du climat – renouvellement du parc automobile à des fins de mise en conformité avec la LEZ et poursuite d’investissements pour réduire la consommation énergétique des bâtiments communaux.
L’opposition a réitéré ses principales critiques émises vendredi dernier.
Se félicitant d’une présentation de budget en équilibre et à temps, cette année, David Weytsman (MR) a critiqué le choix opéré dans un contexte d’accroissement de la pauvreté comme en atteste l’augmentation du chômage et le triplement de la demande au CPAS: hausse des recettes des redevances de stationnement, de la taxe sur les bureaux; de la taxe sur l’occupation temporaire de voiries y compris pour les travaux d’isolation demandés aux habitants; pas de diminution des charges des commerçants; pas de réduction des frais de fonctionnement.
Rayon investissements, le chef de file des libéraux s’est inquiété des nouvelles dépenses prévues dans le projet de réaménagement du site de la Bourse et dans Bruxelles Expo qui reste déficitaire, malgré les moyens engagés. Il s’est aussi interrogé sur l’opportunité des investissements dans les infrastructures d’enseignement, alors que le boom démographique semble avoir atteint un plafond.
Il a été rejoint sur plusieurs points par Mathias Vanden Borre (N-VA) pour qui les recettes en hausses sont obtenues sur le dos des entrepreneurs qui bossent et font des économies, tandis que les dépenses de personnel explosent, sauf pour la police dans un contexte de désinvestissement dans la sécurité.
A ses yeux, l’équilibre budgétaire est plus fragile qu’annoncé, voire factice. L’élu nationaliste flamand ne voit pas d’un bon oeil la nouvelle taxe sur le co-living qui pourrait dissuader une série de trentenaires de continuer à vivre à Bruxelles.
Pour le PTB, Bruno Bauwens a reproché à la majorité de privilégier l’équilibre budgétaire à une lutte résolue contre la pauvreté qui augmente dans les ménages. Il estime qu’il faudrait recourir à davantage de leviers pour aider la population: la gratuité dans l’enseignement promise par la majorité; l’octroi d’un chèque énergie aux clubs sportifs et l’augmentation des chèques sport pour soulager les familles. Pour lui, il faut aussi diminuer la taxe sur les night shops et augmenter celle sur les banques.
Pour les Engagés, Didier Wauters a mis en exergue plusieurs incertitudes, voire approximations sur les recettes et sur les dépenses qui font de ce budget, davantage un exercice d’équilibrisme que d’équilibre annoncé.
Le bourgmestre Philippe Close n’en a pas démordu: Si des recettes de taxes communales sont en hausse, ce n’est pas parce que la Ville en a augmenté les taux, mais parce qu’il y a une reprise d’activités, a-t-il répliqué. Certaines recettes sont affichées en hausse, mais de manière prudente: on s’est appuyé sur les comptes de l’année 2021, par exemple pour les recettes des horodateurs.
Le bourgmestre maintient aussi que le taux d’endettement de la commune reste stable, entre 7 et 8%. Selon lui, si la population continue d’augmenter à la Ville de Bruxelles, c’est notamment parce que celle-ci a continué à investir dans ses équipements. Au passage, il a reproché à la N-VA, plutôt critique au sujet des moyens consacrés à la sécurité, d’avoir été à la base d’un renoncement à l’indexation des moyens destinés aux policiers, sous la précédente législature fédérale.