Le budget belge recalé par l’Europe, le retour à l’équilibre en danger

Charles Michel © Belga

La réduction du déficit serait beaucoup plus faible qu’attendu cette année. Respecter la trajectoire menant à un équilibre budgétaire en 2018 nécessitera alors des efforts colossaux les deux prochaines années. Un fameux défi pour le gouvernement Michel.

Le déficit structurel de l’Etat belge ne se réduirait que de 0,25% du PIB au lieu des 0,61% annoncés fièrement par le gouvernement, selon les prévisions de printemps publiées ce mardi par la Commission européenne. Ce contrecoup budgétaire s’explique en partie par les attentats et les dépenses liées à l’accueil des migrants. Mais la Commission pointe aussi le manque de volonté de récupérer les 700 millions d’euros des “excess profit rulings”, qu’elle avait pourtant déclarés illégaux. Et puis, surtout, ce n’est pas la première fois que la Belgique s’écarte de sa feuille de route budgétaire. Ce serait la deuxième année consécutive que la Belgique n’améliore son solde structurel que de 0,25% du PIB au lieu des 0,6%, recommandés par la Commission. Un signe qu’il y a sans doute de vraies failles dans la politique budgétaire nationale. D’autant que, souligne l’Europe, le solde primaire (le décompte avant les charges de dettes) est négatif pour la première fois depuis 2012. Les ajustements réalisés sous le gouvernement Di Rupo semblent donc se liquéfier aujourd’hui…

L’exercice 2017 devait être relativement indolore pour les pouvoirs publics belges. Certes, la trajectoire officielle prévoit une réduction du déficit structurel de l’ordre de 0,9% l’an prochain mais l’essentiel devait être généré par des effets cycliques (le véritable effort se limitant à 0,3% du PIB). Ce ne sera évidemment plus suffisant si les paramètres de départ se dégradent. Or, non seulement l’Europe ne valide pas les mesures du contrôle budgétaire du mois dernier mais elle révise à la baisse les chiffres pour 2015. Résultat: fin 2016, le déficit structurel serait de 2,3% du PIB au lieu des 1,7% inscrits dans le programme de stabilité rentré par les autorités belges le… 30 avril. La Belgique peut-elle décemment résorber un tel déficit structurel en deux ans ou faut-il dès à présent opter pour un report d’un an ou deux de l’échéance de retour à l’équilibre, toujours prévu pour 2018 ? La question devrait à nouveau circuler à la rue de la Loi.

Deux bons points

La commission octroie toutefois deux bons points à l’économie belge: la croissance de l’emploi (le chômage devrait passer de 8,5 à 7,7% de la population active en 2017) et de la compétitivité, raison de la baisse des cotisations sociales. Cela place, dit-elle, les entreprises belges en bonne position pour profiter de l’expansion attendue des marchés d’exportation dans les prochaines années. Encore faut-il que cette expansion concerne les principaux partenaires commerciaux de la Belgique, à savoir la zone euro.

En revanche, la croissance économique reste en-dessous de la moyenne européenne et l’inflation très largement au-dessus. Ce dernier élément, conjugué à l’indexation automatique des salaires, peut entraîner de lourds effets sur notre économie.

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