La Wallonie parmi de nombreuses régions d’Europe “qui stagnent”
Toutes les régions de l’Union européenne dont le PIB par habitant est inférieur à la moyenne ne rattrapent pas leur retard. La Wallonie figure ainsi dans un large groupe intermédiaire de régions européennes dont le “dynamisme économique a stagné” entre 2001 et 2019, selon un rapport de la Commission européenne sur les effets de la politique de cohésion de l’UE, présenté mercredi.
Ce 8e rapport triennal assure que la politique de cohésion de l’UE a globalement contribué à réduire les disparités territoriales et sociales entre les régions de l’Union, notamment pour les régions les moins développées de l’est.
Mais dans le même temps, une septantaine de régions à revenu intermédiaire et moins développées, en particulier dans le sud et le sud-ouest de l’Union, ainsi que des régions rurales ou anciennement industrielles du nord-ouest, ont souffert d’une stagnation, voire d’un déclin économique.
La Wallonie ne figure pas dans le groupe qui ne montre aucun signe de rattrapage, comme la Calabre (Italie) ou certaines régions de Grèce. Mais avec le Mezzogiorno italien et des régions du Portugal, de la Grèce et de Chypre, ainsi que plusieurs régions de France, elle apparaît parmi les régions en léger retard de développement (PIB par habitant entre 75% et 100% de la moyenne de l’UE en 2000) et “dont le dynamisme économique a depuis stagné”.
De 2000 à 2019, la catégorie de développement du Hainaut et de la province de Luxembourg a régressé de celle comprise entre 75% et 100% à celle inférieure à 75%, tandis que Namur et Liège ont stagné dans la catégorie 75-100%. Le Brabant wallon tire son épingle du jeu, en restant à 100% voire au-delà, comme quatre des cinq provinces flamandes et Bruxelles, tandis que le Limbourg a régressé vers la catégorie 75-100%.
Ces régions à la traîne ont eu du mal à améliorer leur situation, souvent en termes relatifs et absolus, selon le rapport. “Nombre d’entre elles sont coincées dans un piège de développement. Elles ont eu du mal à se remettre de la crise de 2008 et auront besoin de réformes du secteur public, d’une main-d’oeuvre plus qualifiée et d’une plus grande capacité d’innovation.”
“Dans ces régions, on a atteint un plafond à partir duquel le développement devient difficile, en partie à cause d’un manque d’investissements structurels publics, mais aussi de compétences et de technologies en vue des transitions verte et numérique”, commente-t-on à la Commission. “La transition vers une économie très productive nécessitant plus de compétences est délicate, elle ne se met pas en place du jour au lendemain”.
Interrogée sur ces pièges de développement touchant des régions intermédiaires, la commissaire Elisa Ferreira (cohésion et réformes) a mis en garde contre une tendance “instinctive”, au sein d’un pays, à une hyperconcentration des investissements sur des pôles, des centres ou des métropoles déjà développés, avec risques de congestion et d’impacts sur l’environnement à la clef.
“C’est une erreur”, a-t-elle dit, en soulignant l’importance de rééquilibrer le développement national. “C’est cela qui accroît la résilience d’un pays et de son économie”, a insisté la commissaire.
La Commission assure qu’elle prêtera plus d’attention, dans sa politique de cohésion 2021-2027, à ces régions qui tombent, ou risquent de tomber, dans des pièges de développement, notamment en favorisant l’innovation par des stratégies de spécialisation intelligente.