La vague inflationniste actuelle rappelle la mauvaise gestion de la crise économique qui a débuté en 1973

Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

Pour la cinquième fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la Belgique connaît une période d’inflation avec des hausses de prix de 5% ou plus. Nous pouvons tirer beaucoup d’enseignements des précédentes vagues d’inflation qu’a connus notre pays. En défendant la croissance et en négligeant l’inflation, les responsables politiques risquent de manquer leur cible par deux fois.

Il y a moins de deux ans, l’inflation avait été déclarée morte et enterrée, mais regardez qui est de retour actuellement… En janvier, l’inflation en Belgique a atteint 7,59%, son niveau le plus élevé depuis 1983. Les politiques s’interrogent. Doivent-ils changer de politique et remettre la lutte contre l’inflation en tête des priorités, comme l’a fait récemment la Fed, la banque centrale américaine ? Ou bien la situation va se calmer d’elle-même sans exploser, comme le pense encore la Banque centrale européenne (BCE) ?

L’histoire peut aider à répondre à ces questions. Les décideurs belges ont déjà été frappés par quatre vagues inflationnistes au cours des 70 dernières années, des vagues qui les ont tous confrontés à des dilemmes similaires. Leurs choix ne se sont pas toujours avérés être les bons, entraînant une érosion de la prospérité nationale qui a parfois duré des années. La vague inflationniste actuelle et la réponse politique qu’elle suscite rappellent la mauvaise gestion de la crise économique qui a débuté en 1973. Ce fut le début d’une longue période de disette économique, qui se répercute encore aujourd’hui au vu du niveau élevé de la dette publique belge.

1. La vague inflationniste de 1950-1951

Dans les premières années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, l’inflation est restée étonnamment bien maîtrisée. Ensuite est arrivée la guerre de Corée qui a rouvert les blessures encore mal cicatrisées. “La population craignait une troisième guerre mondiale entre les deux blocs capitaliste et communiste”, explique Erik Buyst, professeur d’histoire économique. “Il y a eu une psychose de la peur, suivi d’une thésaurisation fanatique, beaucoup plus importante que pendant la crise de coronavirus. Non seulement les familles thésaurisaient, mais les entreprises essayaient également de constituer d’importants stocks. Cet énorme choc de la demande s’est heurté aux contraintes de l’offre, entraînant un taux d’inflation de plus de 10% en 1951.”

Le gouvernement est à peine intervenu. Erik Buyst explique: “Il existait un cadre juridique pour imposer des prix maximums, mais il a été peu appliqué. Le ministre de l’Economie Albert Coppé (CVP) n’aimait pas le dirigisme. L’inflation allait et venait de son propre chef, disait-il.

La Banque Nationale s’en est tenue à un tour de vis limité de la politique monétaire. Cette stratégie s’est avérée bonne, car l’inflation a rapidement disparu. Au cours de l’année 1951, l’économie a fortement ralenti, les entreprises et les ménages ayant épuisé leur épargne. Cette combinaison d’un choc de l’offre et de la demande rappelle la situation des deux dernières années. “La différence avec aujourd’hui, c’est qu’actuellement il y a moins d’économies. Nous en ressentirons donc moins les répercussions”, estime Erik Buyst.

2. La vague inflationniste de 1972-1977

Le premier choc pétrolier de 1973 a été le déclencheur de la vague inflationniste du milieu des années 1970, mais le génie était déjà sorti de la bouteille en 1972. “L’instabilité du marché du travail a provoqué une hausse rapide des salaires au début des années 1970”, souligne Erik Buyst. “Dans les derniers jours de Mai 68, les travailleurs radicalisés ont formulé des revendications salariales encore plus élevées. Les salaires ont augmenté plus vite que la productivité, ce qui s’est traduit par une hausse de l’inflation. Cette inflation a été alimentée, à partir de 1973, par la multiplication par quatre du prix du pétrole.”

La compétitivité des entreprises et le budget en ont fait les frais. “Le gel des salaires était irréaliste et il n’y avait aucune discipline budgétaire. Convaincu que la crise allait passer, le gouvernement a réagi en assouplissant le système d’indemnisations du chômage et en stimulant l’emploi dans le secteur public. Conjuguée à la baisse des recettes, cette situation a entraîné une détérioration significative des finances publiques”, déclare Johan Van Gompel, économiste principal chez KBC.

Impitoyable, la crise pétrolière a également mis à nu les faiblesses structurelles de l’économie belge. Johan Van Gompel raconte: “Les secteurs dépassés et non rentables – notamment le charbon, l’acier et le textile – représentaient encore une part relativement importante de l’économie. La force concurrentielle des entreprises belges a été sévèrement affectée. Face à la hausse des coûts de la main-d’oeuvre et du capital, les bénéfices, et donc les investissements, ont sensiblement diminué.”

En 1974, l’inflation a atteint 13%. “Le gouvernement a paniqué. Les enseignes lumineuses ont été interdites, les dimanches sans voiture ont été imposés, mais surtout, la hausse des prix nous a incités à utiliser l’énergie avec beaucoup plus de parcimonie. Le gouvernement n’a rien fait contre l’augmentation du déficit budgétaire dans le but de soutenir l’économie et de ralentir la hausse du chômage”, déclare Erik Buyst. Dans son rapport annuel de 1973, la Banque Nationale a fait une analyse budgétaire, qui pourrait tout aussi bien figurer dans son rapport annuel de 2021 : “Lorsque les choix à opérer, pour satisfaire les demandes multiples de l’ensemble de la collectivité, sont rendus plus difficiles par le fonctionnement des institutions, les dépenses de l’État tendent à s’accélérer à un rythme qui dépasse largement la progression du produit national réel.”

La Banque Nationale a critiqué la politique budgétaire, mais n’a pas pu, ou n’a pas voulu, mener une politique monétaire restrictive pour lutter contre l’inflation. Elle s’est opposée à la pression politique visant à maintenir une politique monétaire flexible. Il n’y avait pas de banque centrale indépendante à l’époque. “Même si l’inflation est dénoncée, tant par le public que par les chefs d’entreprise et le gouvernement, la politique de relèvement des taux d’intérêt se heurtait à une forte résistance”, écrit la Banque Nationale dans son rapport 1973. “D’autant plus que le gouvernement, dans ses efforts pour maintenir un niveau relativement bas des taux d’intérêt en Belgique, compte tenu des autres objectifs de la politique économique et financière, a plus d’une fois demandé que les hausses prévues des taux d’intérêt de la Banque soient réduites ou échelonnées.”

La Banque Nationale a mené une politique monétaire accommodante lors de la première vague inflationniste. “La Banque Nationale a augmenté ses taux d’intérêt de manière limitée, ce qui a rendu la politique monétaire très expansive, comme en témoignent les taux d’intérêt réels négatifs allant jusqu’à -5%”, explique Erik Buyst. “Le résultat de cette politique fiscale et monétaire expansive a été une inflation élevée et persistante de 13% en 1975. Le gouvernement luttait contre les symptômes. Le gel des prix est devenu un échec total, la classe moyenne en étant la principale victime.”

Dans les années 1970, le gouvernement a donc opté pour une politique qui soutenait le pouvoir d’achat et la demande, mais qui laissait l’inflation largement intacte. Ces dernières années également, et certainement après la crise du coronavirus, le soutien de la demande a figuré en bonne place dans son agenda, tandis que la lutte contre l’inflation a reculé dans le classement des priorités. Pourtant, en 1974, la Banque Nationale a été mise à mal. Extrait de son rapport annuel : “Alors que les gens fermaient les yeux sur l’inflation, la toléraient ou la combattaient faiblement, elle s’est progressivement répandue et s’est profondément enracinée dans notre vie sociale. À son apogée, elle a été le principal facteur de perturbation et de crise.”

À l’époque, le roi était encore cité dans le rapport annuel : “Dans son message de Noël, le roi a déclaré : “Nous sentons, sans toujours pouvoir l’expliquer, que cette crise n’est pas une simple coïncidence. Quelle que soit l’interprétation qu’on lui donne, elle nous oblige à réfléchir à notre système économique et social, à nous demander s’il ne faut pas explorer de nouvelles pensées et tenter quelque chose de nouveau.”

Ce n’est qu’au début des années 1980 que de telles réflexions nouvelles ont vu le jour. La politique de soutenir la demande a été enterrée. Elle a été remplacée par une politique de renforcement de l’offre, afin de rompre le cycle de l’inflation.

3. La vague inflationniste de 1980-1984

L’inflation a diminué à partir de 1977, mais l’économie belge est sortie fort affaiblie de la première crise pétrolière. Le déficit budgétaire est resté élevé, la compétitivité des entreprises s’en est ressentie et le déficit commercial a augmenté. La Belgique vivait déjà bien au-dessus de ses moyens lorsque la deuxième crise pétrolière a éclaté en 1979. Pour la fragile économie belge, les dommages ont été à peine gérables. “En 1981, le déficit extérieur et le déficit public ont culminé à respectivement 4,4 et 13,5% du PIB. L’inflation a atteint un pic de 8,8% en 1982”, explique Johan Van Gompel.

Erik Buyst : “La Belgique avait, à peine, digéré le premier choc pétrolier que le second a frappé. La Belgique a perdu la confiance des financiers internationaux. Le franc a subi une forte pression en raison de la fuite des capitaux. La Banque Nationale tente désespérément de soutenir le franc belge en augmentant fortement les taux d’intérêt. En 1981, le taux directeur est passé à 16%, bien au-delà de l’inflation. Les taux d’intérêt réels élevés ont paralysé l’économie. La Belgique était complètement coincée. La croissance s’est effondrée, il y a eu une pluie de faillites et le chômage a grimpé en flèche.

Dans son rapport de 1979, la Banque Nationale mettait en garde contre une catastrophe imminente : “L’évolution du déficit de la balance des paiements courants, qui ne cesse de se creuser depuis quatre ans, est extrêmement préoccupante.” Lorsque, entre la fin de 1978 et le milieu de 1980, le prix du pétrole brut a augmenté de 150% (en dollars), le compte courant a plongé encore plus dans le rouge. “La nouvelle et énorme augmentation du prix du pétrole n’est pas de bon augure pour l’évolution du compte extérieur de l’économie nationale, qui dépend, plus que les autres, des importations pour couvrir ses besoins énergétiques”, écrit la Banque Nationale.

Aujourd’hui, la hausse des prix de l’énergie porte un coup similaire à l’économie belge. Une grande partie du pouvoir d’achat fuit à l’étranger, tandis que la compétitivité des entreprises est mise sous pression. Contrairement au début des années 1980, la Belgique ne présente pas encore de déficit de la balance courante, mais le choc énergétique et l’érosion de la compétitivité pourraient faire repasser la balance courante dans le rouge. Et cela serait un signal d’alarme majeur.

En 1981, l’économie belge est en plein marasme. La Banque Nationale ne s’en est pas cachée et écrit, à propos du déficit commercial croissant: “Le pays ne s’est pas suffisamment soucié de la signification de cette alarme et s’est installé de plus en plus dans un état de dépendance vis-à-vis des apports étrangers. (…) On pille un sol mal fertilisé. La partie réservée aux semailles est sous-pondérée; la partie restante semble insuffisante alors qu’elle est abondante ; on achète à crédit chez le voisin. Les gens sont ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Nous ignorons le fait que, cette augmentation de la richesse depuis 1975 n’a pas été gagnée, mais empruntée, et que nous emprunterons encore demain.

Pourtant, la Banque Nationale ne voulait pas entendre parler de dévaluation pour rétablir la compétitivité. “Ni les faits de cette année ni les écrits récents n’incitent la Banque à réviser son jugement : toute dévaluation doit être exclue”, indique le rapport de 1980.

En 1982, cependant, la Banque Nationale a procédé à une dévaluation du franc. “Le gouverneur Fons Verplaetse a tenté d’instaurer une reprise en deux phases”, explique Erik Buyst. “Dans la première phase, la compétitivité a été restaurée grâce à la dévaluation et aux mesures d’accompagnement telles que la modération salariale. Dans un deuxième temps, lorsque l’économie a pris de l’élan, on s’est attaqué à l’important déficit budgétaire.”

Comme les pays anglo-saxons, la Belgique est passée à une politique de l’offre. La Banque Nationale a confirmé cette rupture avec le passé dans son rapport de 1981. “Il apparaît néanmoins comme un fait que, pour rétablir l’équilibre, il est essentiel de s’efforcer de développer les ressources. Il ne s’agit plus d’essayer de stimuler la demande, mais plutôt d’essayer de renforcer l’offre. La routine fait que l’on revienne aux recettes keynésiennes, alors que les temps ont changé et appellent des actions différentes.”

4. La poussée inflationniste de 2008

L’inflation a brièvement dépassé les 5% dans le sillage de la flambée des prix du pétrole et des matières premières. Erik Buyst : “En raison de l’industrialisation rapide de la Chine, de l’Inde et d’autres marchés émergents, l’offre limitée de pétrole ne pouvait plus suivre la demande. La hausse du prix du pétrole a également été alimentée par la spéculation, le marché pensant que la capacité de production mondiale de pétrole allait atteindre son maximum. Cette poussée inflationniste a connu une mort rapide lorsque la crise financière a éclaté en 2008 et que la demande de matières premières a implosé.”

Comme aujourd’hui, l’inflation en Belgique était plus élevée en 2008 que dans les pays voisins. Johan Van Gompel détaille: “Plus que dans la plupart des pays de la zone euro, l’inflation en Belgique semble être sensible aux mouvements des prix du pétrole. En raison de l’indexation automatique des salaires, une inflation plus élevée en Belgique comporte le risque d’une spirale salaires-prix. L’indexation des salaires rend la compétitivité de l’économie belge vulnérable aux chocs de prix externes. Si le système d’indexation automatique est maintenu envers et contre tout, il faudra constamment veiller à ce que les augmentations des prix à la consommation ne soient pas trop élevées.”

5. La nouvelle vague d’inflation

La crise du coronavirus a déclenché une vague inflationniste inattendue. Le choc déflationniste initial des lockdowns a rapidement fait place à une inflation croissante, alimentée par une politique monétaire ultra-libre et budgétaire expansionniste, qui a maintenu les revenus. La résurgence rapide de la demande s’est heurtée à l’offre, ce qui a entraîné une inflation élevée aussi persistante qu’inattendue. La forte hausse des prix de l’énergie a littéralement versé de l’huile sur le feu. L’inflation belge est à nouveau plus élevée que dans les pays voisins. “Si nous n’intervenons pas, la Belgique court un risque sérieux de stagflation. L’inflation élevée ronge le pouvoir d’achat. La baisse de la demande pèsera sur la croissance. L’inflation pèse également sur de nombreuses entreprises, prises en étau entre une demande plus faible et des coûts plus élevés. La baisse des bénéfices pourrait peser sur les investissements et les embauches”, indique Erik Buyst.

Les responsables politiques sont à nouveau confrontés à un choix : doivent-ils continuer de soutenir l’économie ou doivent-ils à nouveau donner la priorité à la lutte contre l’inflation ? Les leçons des précédentes vagues d’inflation sont claires. L’expérience des années 1970 montre que, pour prévenir les dommages à long terme, il faut s’attaquer à l’inflation. Le cocktail d’une politique de soutien de la demande et d’une énergie hors de prix a également conduit à une crise économique à long terme, notamment en Belgique. Erik Buyst souligne: “L’expérience du choc pétrolier nous enseigne qu’il faut soit soutenir l’économie, soit lutter contre l’inflation. Il est impossible de faire les deux en même temps. Il faut d’abord s’attaquer à l’inflation, ensuite on pourra soutenir l’économie.”

L’inflation ne disparaîtrait-elle pas d’elle-même lorsque les problèmes d’approvisionnement seront résolus ? “Oui, si vous parvenez à maîtriser la demande”, réplique Erik Buyst. “Mais les États-Unis et l’Europe stimulent la demande, donc le problème de l’offre perdure. Omicron exacerbe le problème, également parce que la Chine (qui est toujours l’usine du monde) insiste sur une politique de zéro-covid. Ce n’est qu’en contrôlant la demande que l’on peut résoudre les goulots d’étranglement de l’offre. Nous devons mordre sur notre chique en 2022.”

La Fed a changé son fusil d’épaule. “La banque centrale américaine est parvenue à cette conclusion assez tard, mais elle fait maintenant le bon choix : maîtriser d’abord l’inflation, détaille Erik Buyst. N’oubliez pas que l’inflation s’infiltre rapidement, de sorte qu’elle se nourrit d’elle-même et devient persistante. La BCE commet l’erreur d’ignorer l’inflation et de maintenir une politique très souple. En outre, l’économie européenne est moins souple que l’économie américaine, ce qui signifie que l’inflation y dure plus longtemps. L’Europe répète les erreurs de 1973 et 1974. Nous devons augmenter le taux directeur. Une politique vraiment restrictive n’aboutira pas, car même avec une augmentation du taux directeur, les taux d’intérêt réels restent négatifs. Il faudra davantage pour lutter contre l’inflation. Si la BCE a perdu sa crédibilité, il est temps qu’elle la restaure. Cela se traduira par un resserrement de la politique monétaire et une récession.”

Le déficit public s’élevait à 13,5% en 1981.

La Belgique a “digéré” remarquablement vite la guerre

Dans les premières années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, l’inflation en Belgique a été maîtrisée remarquablement rapidement, grâce notamment à l’opération Gutt, qui a assaini la situation économique en 1944, grâce à la restauration des capacités de production et à la paix sociale qui régnait depuis la libération. “Mais dans les premières années d’après-guerre, un vaste marché noir persistait. Une grande partie de l’inflation ne figurait donc pas dans les statistiques officielles”, se souvient Erik Buyst.

L’économie belge a également bénéficié d’un afflux substantiel de dollars, car le port d’Anvers était le seul port d’Europe occidentale à être resté intact, et il jouait donc un rôle clé dans l’approvisionnement et la reconstruction de l’Europe. Ces dollars ont contribué à financer le “miracle belge”.

En 1948, l’inflation officielle a rebondi fortement (mais seulement brièvement), lorsque les dernières formes de rationnement et de contrôle des prix ont pris fin. Au cours des premières années d’après-guerre, la Banque Nationale a mené une politique de stabilisation monétaire en maintenant la masse monétaire sous contrôle. “La véritable contribution de la Banque Nationale au problème du rééquipement du pays est le maintien d’une monnaie stable, sauvegardant ainsi le crédit de l’État et la confiance des épargnants dans la monnaie du pays”, écrit la Banque Nationale dans son rapport annuel de 1948.

Le taux d’inflation en 1982 était de 8,8 %.

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