La solution anticrise de Barroso et Van Rompuy : faire consommer les Allemands !

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L’European Business Summit, qui a démarré hier à Tour & Taxis, a réuni pour un débat de haut vol les présidents José Manuel Barroso (Commission européenne), Herman Van Rompuy (UE), Thomas Leysen (FEB) et Jürgen Thumann (Business Europe). Morceaux choisis de ce qui a constitué une introduction parfaite aux enjeux économiques de la présidence belge de l’Union, entamée ce 1er juillet.

“Comment remettre l’Europe sur les rails ?” : tel était le thème de ce débat à quatre, auquel l’Allemagne a été l’invitée plus ou moins fortuite. La question se transformant de fait en “Comment faire dépenser les Allemands ?”…

“La reprise dépendra en partie de la façon dont on pourra doper la demande interne dans les pays dont la balance des paiements est excédentaire : l’Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et même… la Belgique, sans creuser les déficits publics”, a affirmé Herman Van Rompuy. Selon lui, l’Allemagne devrait penser à des réformes structurelles dans le secteur des services et de la grande distribution.

“Il est très difficile de dépenser son argent en Allemagne un dimanche”, a ironisé quant à lui José Manuel Barroso. Ce à quoi l’Allemand Jürgen Thumann, patron des patrons européens, a répondu : “Si vous donnez plus d’argent aux Allemands, ils vont tout simplement épargner encore plus. C’est culturel !” Sauf s’ils remportent la Coupe du monde, peut-être ?

Pour le reste, l’expression la plus utilisée par les quatre intervenants au débat était sans doute “gouvernance économique et financière”. Il apparaît évident que ce sera la priorité absolue de l’Union sous présidence belge.

Priorité absolue de l’Union sous présidence belge : assurer le contrôle du système financier…

La gouvernance financière, d’abord. Soit “assurer le contrôle du système financier”, comme l’a dit Jürgen Thurmann. Visiblement, le spectre d’une nouvelle vague de crise financière n’est toujours pas écarté et le monde des entreprises, sans même parler des marchés, attend fébrilement la publication, dans la deuxième moitié de juillet (comme l’a confirmé hier José Manuel Barroso), des résultats des stress tests d’un large échantillon de banques européennes.

Selon un document que se sont procuré hier l’AFP et Reuters, l’Union souhaiterait publier les résultats individuels de tests réalisés dans une centaine de banques européennes “avec le consentement des banques concernées”. Suspense en ce qui concerne les banques (franco-)belges…

Plus largement, José Manuel Barroso a affirmé hier son espoir que la présidence belge permettrait des avancées concrètes dans la mise en place d’un cadre régulatoire – et en particulier l’imposition d’exigence de fonds propres des banques – qui seraient de bon augure pour boucler un sommet du G20 de Séoul, en novembre, un peu plus consistant que le dernier à Toronto.

… Et concilier politique de relance et réduction des déficits publics

Gouvernance économique ensuite, ou comment concilier politique de relance et réduction des déficits publics. “Nous devons mieux coordonner nos politiques économiques au sein de la zone euro, résume Herman Van Rompuy, selon qui cette coordination doit passer par un renforcement du pacte de stabilité. Nous avons besoin d’un système de sanctions plus intelligent à l’égard des Etats membres qui ne respectent pas les objectifs du pacte.”

Hier, la Commission a justement présenté une nouvelle proposition de gouvernance financière pour éviter une nouvelle crise “à la grecque”. Elle brandit notamment la menace de coupes claires dans les subsides et les aides agricoles pour les Etats membres trop laxistes.

Au-delà de ces deux grands enjeux de fond, Thomas Leysen, président de la Fédération des entreprises de Belgique, a pointé quelques dossiers plus concrets auxquels la présidence belge devrait s’attaquer : la réduction des coûts des brevets (José Manuel Barroso a rétorqué que la Commission venait justement de faire une proposition en ce sens, rabotant notamment les exigences de multilinguisme), un glissement des budgets de soutien davantage vers la haute technologie et moins vers l’agriculture, ou encore une politique volontariste en matière de standardisation et de normes (écologiques notamment) qui permette à nos entreprises de prendre une longueur d’avance sur la scène mondiale.

Olivier Fabes

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