“La santé des gens se détériore considérablement lorsque leurs revenus diminuent”
Une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne souligne une inégalité trop souvent ignorée: le risque de manquer de soin, d’être en mauvaise santé par manque de revenu. Selon Luc Van Gorp, le président de la mutualité, la politique de santé dans notre pays devrait être davantage liée aux revenus des patients. Les résultats de l’étude sont alarmants.
Le Fonds de santé de la Mutualité chrétienne a étudié et recoupé les données de 4,5 millions de ses membres, soit près d’un Belge sur deux. Ils ont réparti ces données sur 20 000 quartiers en fonction du revenu médian. Les chercheurs ont mesuré les différences entre l’état de santé et le recours aux soins entre les quartiers à faible revenu (en dessous du salaire médian) et ceux dont les revenus sont plus élevés (au-dessus du salaire médian).
Risque plus élevé
Le rapport d’étude montre un lien direct entre la santé et le niveau de revenu. Les personnes vivant dans des quartiers pauvres ont 80 % de risques supplémentaires de mourir dans l’année, et sont également plus exposées au risque de développer des maladies chroniques ou d’invalidité.
L’état de santé se détériore donc à mesure que les revenus diminuent, ce qui entraîne un besoin plus grand de soins parfois lourds. Les habitants des quartiers les plus pauvres ont jusqu’à 23 % de risque supplémentaires d’être hospitalisés et jusqu’à 39 % de risque en plus d’être admis aux urgences que les habitants des quartiers les plus aisés.
De plus, les chercheurs de la Mutualité chrétienne constatent un report important des soins préventifs auprès des habitants des quartiers les plus pauvres par rapport à ceux des quartiers les plus riches.
Soins de santé mentale
Dans le domaine de la santé mentale, c’est le même constat. Les personnes issues des quartiers les plus pauvres doivent plus souvent avoir recours à des soins plus lourds que celles issues des quartiers plus aisés.
Les résidents des quartiers les plus pauvres ont un risque d’hospitalisation psychiatrique jusqu’à 2,8 fois plus élevé que les résidents des autres quartiers. Tandis que les personnes issues des quartiers aisés sont plus susceptibles de faire appel à un psychologue ou autre médecin si nécessaire.
Selon Luc Van Gorp, président de la Mutualité chrétienne, cela s’explique parce que les soins de santé mentale sont plus difficiles d’accès financièrement au groupe à faibles revenus.
“Nous savons que ce groupe est plus susceptible d’être confronté à des problèmes psychologiques. Il est important pour nous que les soins en ce qui concerne la santé mentale soient organisés de manière à faciliter l’accès à l’aide adéquate pour ces personnes”, déclare M. Van Gorp.
Appel au gouvernement
La Mutualité chrétienne demande donc au gouvernement fédéral de s’attaquer aux inégalités en matière de santé. Pour se faire, les chercheurs conseillent au gouvernement de mettre en place une politique de santé, globale comprenant tous les domaines de compétence, car plusieurs facteurs, dont le revenu, jouent un rôle dans l’état de santé.
“C’est une chose à laquelle nous aimerions contribuer en tant que mutuelle”, déclare Luc Van Gorp. Nous pouvons utiliser, en tant que mutuelle, les résultats de cette étude pour améliorer la santé de nos membres.
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