La réputation de la Wallonie et de l’Europe lourdement ternie par les scandales

Jean-Claude Marcourt (PS), président du parlement wallon.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Des voyages et des dépenses excessives au parlement wallon. De l’argent cash dans des valises au parlement européen. Dignes d’une série consacrée à la mafia, ces épisodes malmènent la démocratie.

Des voyages somptueux, un greffier hors de contrôle, un président controversé et des dépenses excessives au parlement wallon. Des valises d’argent cash saisies au domicile d’une vice-présidente et la corruption d’un émirat organisateur de la Coupe du monde au parlement européen. Voilà deux cénacles démocratiques majeurs plongés dans une descente aux enfers digne d’une série consacrée à la mafia. Une nouvelle fois, le monde politique sombre, victime des errements de certains. Avec le risque de voir les populismes en tous genres bénéficier de ces comportements imbéciles.

S’il y a bien deux niveaux de pouvoir qui auraient dû éviter de telles dérives, c’est bien la Wallonie et l’Europe. Tous deux sont décriés et peinent à convaincre de leur légitimité. Tous deux cherchent à s’imposer en dépit des tensions politiques et des montées extrémistes. Les voilà rattrapés par des épisodes inouïs, qui affectent, en première ligne, des partis dont la réputation n’est plus à faire en matière de scandales: le Parti socialiste belge et le Pasok grec.

Les dépenses somptuaires d’une Wallonie au bord de la faillite

En Wallonie, l’épisode des dérapages de dépenses pour les travaux effectués au parlement et la construction d’un tunnel reliant le parking des parlementaires à l’enceinte avait déjà suscité l’indignation. Pour ne pas parler des comportements autoritaires du greffier, Frédéric Janssens étiqueté (MR). Les nouvelles révélations du Soir concernant des voyages à répétitions dudit greffier, accompagné à Dubaï du président du parlement, Jean-Claude Marcourt (PS), ont achevé de miner la crédibilité d’une assemblée souvent comparée à un conseil communal version régionale, au sein duquel chacun se sert pour vivre bien. Et l’on ne parle même pas de l’incroyable épisode consécutif du “à qui la faute”, entre la “responsabilité collective” invoquée par Paul Magnette (PS) et les règlements de compte entre partis de la majorité régionale.

Doit-on préciser qu’il est hallucinant de voir Jean-Claude Marcourt à nouveau impliqué, lui qui avait été présenté comme une des principales “mains invisibles” de l’affaire Publifin. Le monde politique wallon n’a-t-il donc pas tiré les conséquences de ce scandale à rallonge ? Les “parvenus” tirent-ils toujours les ficelles au sein du principal parti de la Région ? Et à vrai dire, toutes les formations n’ont-elles pas saisi que chaque affaire égratigne un peu plus encore la crédibilité de tous, alors que le PTB se frotte les mains quand il ne dissémine pas son venin ?

Enfin: comment accepter cela alors que la Région est au bord de la faillite?

Willy Borsus (MR), ministre wallon de l’Economie, reconnaissait ce lundi matin sur LN24 que cette affaire nuit gravement à la réputation de la Wallonie. Dans Le Soir, le président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte (PS) annonce qu’il quittera la politique en 2024 avec ces mots : “Nous courons après l’information en flux tendu, on opère en direct quitte à corriger les choses par la suite, ce n’est pas tenable. Il y a beaucoup de brutalité dans la communication politique, sur les réseaux sociaux, et désormais, tout cela installe une distance entre moi et la vie politique active.” Certes, Rudy Demotte a été marginalisé au sein du PS après avoir été un grand ministre fédéral des Affaires sociales, mais sa sortie intervient à un moment lourd de sens.

Un épisode mafieux au niveau européen

Au niveau européen, l’intervention de la justice belge, vendredi soir, a des allures de mauvais film de mafia avec quatre personnes placées sous mandat d’arrêt, dont la vice-présidente grecque du parlement européen Eva Kaili. Les soupçons d’une corruption émanant du Qatar semblent d’autant plus avérés que les principaux intéressés se promenaient avec… des valises d’argent cash, en rue et dans leur appartement de la rue Wiertz à Bruxelles.

En pleine Coupe du monde hautement controversée, des parlementaires progressistes, des syndicalistes et des représentants de l’ONG Fight Impunity (sic) auraient potentiellement reçus de l’argent pour améliorer la réputation de l’émirat et louer les efforts réalisés en matière de droits sociaux. Parmi les personnes suspectées, des assistants de deux eurodéputés PS, Marc Tarabella, convoqué devant les instances du parti, et Marie Arena, dont l’assistante travaillait pour l’ONG en question. Là encore, le PS risque de se retrouver dans l’oeil du cyclone.

“Évidemment quand je m’étonnais de ces ralliements subit, de ces appuis parfois très appuyé, de ces “éléments de langages ” qui revenaient par magie, c’était ma déformation de voir le mal partout dans le sport professionnel, ironise Jean-Michel De Waele (ULB). Ce n’est pas gentil de casser les beaux rêves.”

En attendant d’autres révélations, il y a de quoi pousser un gros soupir démocratique.

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