La réforme française du marché du travail: un exemple pour la Belgique ?

Alain Mouton Journaliste chez Trends  

Alors que le gouvernement fédéral belge est tombé en léthargie, nos voisins du sud mettent en oeuvre une réforme du marché du travail saisissante.

En France, lorsque le taux de chômage passe sous la barre des 9 %, comme c’est le cas actuellement, la période pendant laquelle une personne peut bénéficier des allocations de chômage diminue. La réforme devrait faire passer le taux d’emploi en France au-dessus de 70 %.

“Mes compatriotes sont des Gaulois indisciplinés, qui ne veulent pas de changement”, a déclaré le président français, Emmanuel Macron, il y a quelques années. Pourtant, son ministre du travail, Olivier Dussopt, déballe actuellement une réforme majeure du marché du travail. La période pendant laquelle on peut bénéficier des allocations de chômage sera plus courte et liée au cycle économique.

Jusqu’à présent, les Français pouvaient compter sur les allocations de chômage pendant 24 mois. Après cette période, elle est abandonnée. Pour les personnes de plus de 53 ans, en revanche, les délais sont plus longs : selon l’âge, la durée des prestations est comprise entre 30 et 36 mois. À la demande du président Emmanuel Macron, la période pour les moins de 53 ans sera réduite de 25 % à partir de février. Ils peuvent alors bénéficier de prestations pendant 18 mois. Pour les plus de 55 ans, la période passe de 36 à 27 mois. Cette règle s’applique tant que le taux de chômage en France reste inférieur à 9 %. S’il dépasse cette limite, la durée de la prestation augmente à nouveau. Actuellement, le taux de chômage français est de 7 %.

Inciter les chômeurs à rechercher plus rapidement un nouvel emploi

Le gouvernement français donne plusieurs raisons à cette réforme du marché du travail. C’est un moyen de lutter contre l’étroitesse du marché du travail. Cette mesure devrait inciter les chômeurs à rechercher plus rapidement un nouvel emploi. Cela permettra de réduire le vaste réservoir de 3 millions de chômeurs français. Elle devrait également permettre de relever le taux d’emploi français, qui est actuellement de 68 %. Actuellement, 400 000 postes vacants sont ouverts en France.

Les recherches montrent que les chômeurs sont plus susceptibles de chercher un emploi dans les quatre premiers mois suivant la perte d’un emploi et dans les six mois précédant la fin du droit aux prestations. “Nous voulons rapprocher ces deux périodes”, a déclaré le ministre. Autre argument d’Olivier Dussopt : “Nous avons l’un des systèmes de chômage les plus généreux de l’Union européenne. Dans de nombreux pays, la durée des prestations est plus courte, par exemple en Italie, au Portugal et en Allemagne.”

Un exemple pour la Belgique ?

La réforme française contraste fortement avec la très faible volonté du gouvernement fédéral belge de moderniser le marché du travail. Le gouvernement De Croo est miné par des querelles internes. Le contrat de travail qu’il a conclu ce printemps est une bête fragile. La Commission européenne a récemment été très sévère à l’égard du manque de volonté de réforme de la Belgique. Au début de cette année, l’OCDE, le groupe de réflexion des pays occidentaux, a délivré le même message : les réformes structurelles du marché du travail et des pensions recèlent un énorme potentiel pour notre économie. Sur la base des recommandations de l’OCDE, l’économiste en chef de Voka, Bart Van Craeynest, a calculé que le potentiel de croissance de la Belgique pourrait atteindre 16 % du PIB en 2060 grâce à ces réformes. En euros actuels, cela représente 55 milliards d’euros.

L’une de ces réformes consisterait à réduire les allocations de chômage au fil du temps. La Belgique est l’un des pays où ces prestations peuvent en principe continuer à être versées sans fin. Les services de l’emploi peuvent pénaliser les travailleurs sans emploi, mais cela reste limité. Une limitation des prestations dans le temps est parfois mise sur la table lors des négociations gouvernementales, mais seuls les libéraux et la N-VA y sont favorables. Il n’y a pas de majorité pour cela.

Cependant, la Belgique pourrait bénéficier du nouveau système français. Selon le Bureau du Plan, le taux de chômage en Belgique est actuellement de 8 %, ce qui, selon le modèle français, impliquerait des règles d’assurance chômage plus strictes. Un autre exercice intéressant est de voir ce que cela signifierait pour les régions. Avec un taux de chômage de 5 %, la Flandre passerait effectivement sous la limite et les allocations seraient arrêtées plus rapidement. En revanche, en Wallonie (11,9 pour cent) et à Bruxelles (14,8 pour cent), où le taux de chômage est plus élevé, il ne le serait pas.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content