“La réduction de la population européenne est spectaculaire”

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La population mondiale a passé la barre des 8 milliards. La planète abritait 1 milliard d’habitants en 1800 et dans un peu plus d’un demi-siècle, nous devrions être à 10 milliards. Trois questions à Gautier Pirotte, sociologue du développement (ULG).

1. Jusqu’où ira-t-on?

Certains scénarios les plus pessimistes parlent de 15 milliards en 2100. Certains prévoient une stagnation à 10,5 milliards en 2086. Mais nous serons certainement au-delà des 10 milliards. Si la population mondiale augmente, c’est aussi en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, et pas seulement en raison du taux de fécondité, qui est très variable d’une région à l’autre. En Europe, le nombre d’enfants par femme en âge de procréer gravite autour de 1,5, qui est en deçà du seuil de reproduction qui est à 2,1. La réduction de la population européenne est spectaculaire. En 1950, elle représentait 21,7% de la population mondiale. Elle est aujourd’hui à 9,6%. Il y a d’autres pays, comme la Chine, où l’on observe ce phénomène. Le taux de fécondité le plus bas est à Taiwan, à 1,1%. Il reste qu’au niveau mondial, la croissance de la population reste assez forte avec des pays comme l’Inde, les pays d’Afrique subsaharienne où l’indice de fécondité est élevé et l’espérance de vie s’améliore. Mais cela pourrait être interprété comme un signe de sous-développement: on fait beaucoup d’enfants à la fois parce que l’espérance de vie à la naissance est moins élevée (dans ces pays, beaucoup d’enfants meurent encore avant l’âge de 5 ans) et parce que faire des enfants est une assurance de sécurité sociale pour l’avenir.

2. Ces évolutions s’accompagnent-elles d’autres changements?

L’évolution démographique va de pair avec l’urbanisation. Voici quelques années, nous avons basculé dans un nouveau monde. Aujourd’hui, 55% de la population mondiale est urbanisée. C’est un changement de mode de vie, de mode de consommation, ce n’est pas sans conséquences en termes d’empreinte écologique, d’ordre social, de représentation culturelle… Et certaines de ces villes sont en façade maritime, elles pourraient connaître des catastrophes climatiques.

Gautier Pirotte.
Gautier Pirotte.© Jean-Louis Wertz – PG

3. Piloter la démographie, c’est difficile?

Il y a trois moteurs potentiels pour agir sur les indices de fécondité: le droit à l’avortement, la contraception et l’éducation des filles, qui retardent “l’entrée en maternité”. Sur l’avortement, certains pays sont réfractaires, voire font demi-tour comme les Etats-Unis. Et l’éducation des jeunes filles renvoie à la question de l’égalité homme-femme et à la vision du rôle de la femme dans la société. Et jusqu’où peut-on mener des politiques démographiques? Les impose-t-on de manière draconienne? Aujourd’hui, nous voyons que la Chine a fait marche arrière car elle souffre du vieillissement de sa population. La question de la pyramide des âges est un autre enjeu qui se cache derrière cette croissance démographique.

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