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La question cruciale n’est plus “comment trouver un emploi ?”, mais “comment le conserver ?”

Sur les cinq dernières années, les dépenses de chômage ont reculé de 1,6 milliard d’euros, a fait savoir l’Onem. De son côté, SD Worx nous annonçait une hausse de 31 % en 10 ans des absences de plus d’un mois pour raison de maladie. N’y aurait-il pas une forme de vases communicants ?

L’année 2017 a en effet vu le moment où les courbes des dépenses de chômage et d’incapacité de travail se sont croisées dans le budget de la sécurité sociale, la seconde dépassant désormais la première. Et la tendance s’accentue : la facture des malades de longue durée devrait grimper de 7,7 à 8,2 milliards en 2018, tandis que, dans le même temps, les dépenses de chômage descendraient de 7,5 à 7 milliards. Si ces chiffres sont respectés, les dépenses en indemnité de maladie auront donc progressé de… 1,6 milliard en cinq ans.

Rassurez-vous, on ne va pas tout réduire à une histoire de vases communicants. Si les dépenses de chômage diminuent, c’est d’abord et avant tout grâce à l’embellie économique et aux baisses de cotisations sociales, qui ont permis la création de dizaines de milliers d’emplois. Mais, cela ne doit pas nous empêcher de souligner que la Belgique franchira cette année le seuil symbolique des 400.000 personnes en invalidité (malades depuis plus d’un an), soit une progression de 25 % depuis le début de la législature. Une partie de ces personnes, usées par des années de travail, auraient autrefois émargé au budget du chômage via les prépensions.

Cette évolution, constatée dans de nombreux pays de l’OCDE, nous indique peut-être un changement de paradigme sur le marché du travail : la question cruciale ne serait plus ” comment trouver un emploi ? “, mais ” comment le conserver ou comment y rester ? “. Cela concerne bien entendu les politiques d’aménagement des fins de carrière, avec par exemple la pension partielle, imaginée par le ministre Daniel Bacquelaine, ou les incitants au mentorat pour transmettre les savoirs aux plus jeunes.

La Belgique franchira cette année le seuil symbolique des 400.000 personnes en invalidité, soit une progression de 25 % depuis le début de la législature.

Le mieux serait toutefois d’anticiper en s’attaquant au problème bien en amont. L’un des facteurs explicatifs avancés aux burn-out et dépressions liées au travail est en effet la perte d’autonomie des travailleurs et leur difficulté à parfois saisir le sens de tâches visant à une productivité toujours plus grande. La balle est ici dans le camp des entreprises. A elles d’initier des systèmes de management plus participatifs, plus en phase avec une époque où l’horizontal prime sur le vertical et bouscule ainsi les hiérarchies classiques. Bonne nouvelle : le nouveau patron de l’Union wallonne des entreprises Olivier de Wasseige a inscrit cela tout en haut de son agenda et tentera de faire percoler les différentes formules de participation.

En attendant, le gouvernement a instauré des trajets de réintégration, en vue de faciliter le retour progressif au travail des malades de longue durée. Avec des premiers résultats encourageants. Les discussions butent cependant toujours sur la nécessité ou non d’assortir ces trajets de sanction pour les entreprises ou les travailleurs qui n’y mettraient pas beaucoup de bonne volonté. L’Inami (l’organisme qui indemnise les personnes en invalidité) a également prévu des programmes de retour au travail, le cas échéant via une reconversion professionnelle. Ils connaissent un succès croissant et l’an dernier quelque 55.000 personnes ont repris le collier par ce biais. Cela ressemble finalement aux politiques d’accompagnement des demandeurs d’emploi par les organismes régionaux de placement. Et ici, les budgets continuent d’augmenter de part et d’autre. Sans vases communicants.

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