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La guerre de Chine n’aura pas lieu

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Le forum de Davos a démarré ces travaux cette semaine. Chaque année, c’est dans cette station de ski suisse que se réunit le gratin mondial de l’économie, de la finance et de la politique.

Davos, c’est la plus grande concentration de gens puissants à un même endroit pendant quelques jours. Les organisateurs de ce Forum – il ne faut pas oublier que c’est aussi un business lucratif – nous annoncent qu’ils ont enregistré cette année le plus fort taux de participation du monde du business. Le forum de Davos attend, en effet, 40 chefs d’Etat et 2600 participants. A 60.000 euros le ticket de base pour faire partie de cette sauterie, ce n’est pas mal. Dis comme ça, c’est impressionnant.

En réalité, comme l’écrit l’excellente lettre d’information TTSO, il faut nuancer ce cocorico des organisateurs. D’abord, sur les 40 chefs d’Etat annoncés, il n’y en aura qu’un seul qui appartient au G7, donc à l’une des 7 plus grandes économies mondiales. Ils étaient six en 2018 contre seulement un pour 2023. Même l’Ukraine qui avait envoyé l’an dernier une forte délégation a réduit de moitié sa présence à Davos. C’est un signe. En tant qu’observateur externe, on sait bien que ce Forum a raté la plupart des grandes crises et évolutions de nos sociétés. Ils n’ont pas vu venir la crise de 2008 par exemple. Ni la crise de la dette publique de 2012. Autrement dit, payer au minimum 60.000 euros pour participer à Davos ne vous garantira en aucune manière d’avoir des infos que les autres n’ont pas. Mais est-ce le but de Davos ? N’est-ce pas plutôt un lieu de networking de haut niveau ?

Mais bon, je ne vais pas blâmer plus que ça les organisateurs de Davos, les économistes de la banque centrale américaine et européenne n’ont pas vu venir l’inflation non plus. Cette chronique n’a d’ailleurs qu’un seul but : avertir les auditeurs de rester curieux, mais de ne jamais se laisser convertir par un discours ambiant, pour la simple raison qu’il peut être réducteur ou tronqué. Prenez le cas d’un des sujets sur lesquels planchent aujourd’hui tous ces chefs d’entreprise et politiques : la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. Tout le monde sait, ou croit savoir que la guerre en Ukraine avec l’élimination de la puissance russe n’est qu’un préparatif pour les Etats-Unis vers l’élimination de son vrai rival qu’est la Chine. Pour l’empêcher de défier la puissance économique américaine. Mais ce combat serait déjà perdu par la Chine. La guerre de Chine n’aura pas lieu, comme le disent à nouveau mes excellents confrères de TTSO. Pourquoi ? Parce que la Chine vient de perdre 850.000 personnes via sa démographie déclinante. C’est loin d’être un détail. Si sur les 75 dernières années, la population chinoise a doublé, sur les 75 prochaines années, ce sera exactement le contraire. La population chinoise sera divisée par deux pour l’année 2100. Et c’est l’ONU qui a fait les calculs. Or, qui dit population vieillissante, dit aussi baisse de la productivité, et dit croissance déprimée pour la Chine.

Autrement dit, le dépassement des Etats-Unis par la Chine n’aura jamais lieu selon le Wall Street Journal, ce qui confirme que la guerre de Chine n’aura pas lieu. Je viens de vous faire économiser les 60.000 euros pour vous rendre à Davos. Elle n’est pas belle la vie ?

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