La Grèce trouve un accord avec ses créanciers et évite une nouvelle crise

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Avec plus de cinq mois de retard, la Grèce a paré au risque d’un retour à la crise en s’entendant avec ses créanciers sur un nouveau tour de vis d’austérité, ouvrant la voie à des discussions sur la réduction de sa dette.

L’accord a été annoncé tôt dans la matinée par le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, et confirmé à Bruxelles, à l’issue de négociations-marathon dans la nuit. Il écarte dans l’immédiat le risque d’une relance de la crise grecque secouant la zone euro, comme en juillet 2015.

L’euro gagnait ainsi dans la matinée un peu de terrain face au dollar après cette annonce.

Le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici a même discerné le début de la fin de la purge infligée au pays surendetté depuis 2010, en échange de trois programmes de prêts.

Il s’agit d’un “développement très positif après des mois de négociations complexes”, a-t-il commenté, appelant “à tourner la page du chapitre de l’austérité pour le peuple grec”.

Pour convaincre ses créanciers, Union européenne et Fonds monétaire international, le gouvernement grec de gauche a toutefois dû accepter de légiférer par avance des économies supplémentaires de quelque 3,6 milliards d’euros pour 2019, année d’élections législatives, et 2020.

Ces mesures, qui doivent être votées d’ici la mi-mai, consistent notamment en une 14e diminution des retraites, de 9% en moyenne selon l’agence de presse grecque Ana, et une énième hausse d’impôts y compris sur les très faibles revenus.

A la traîne dans les sondages derrière l’opposition de droite, pour avoir accepté après son arrivée au pouvoir début 2015 la prorogation de cette cure, le Premier ministre, Alexis Tsipras a toutefois obtenu en contrepartie l’accord des créanciers pour des mesures anti-pauvreté d’un montant équivalent.

L’accord, qualifié de “technique préliminaire” par M. Tsakalotos doit être avalisé le 22 mai lors d’une réunion des ministres des Finances de la Zone euro.

Argent frais et dette

Ce feu vert doit dans un premier temps débloquer le versement au pays d’une nouvelle tranche des prêts consentis en juillet 2015, écartant ainsi tout risque de défaut de paiement en juillet quand Athènes devra honorer plus de 7 milliards de créances.

Mais il doit surtout, espère Athènes, convaincre ses créanciers de tracer une feuille de route pour l’allègement de sa dette, et permettre l’inclusion du pays dans le programme de rachat de dettes de la Banque centrale européenne (“quantitative easing” – QE) pour préparer son retour sur les marchés.

M. Tsakalotos s’est affirmé “certain” d’un engagement des créanciers en ce sens, alors que l’économie défaillante du pays est toujours en quête de relance. Le taux de chômage en janvier y caracolait en janvier à 23,5%, contre une moyenne à 9,5% pour la zone euro, a indiqué mardi Eurostat.

“Il faut maintenant que tous les partenaires parviennent à un accord sur la question de la dette grecque dans les prochaines semaines”, a renchéri M. Moscovici.

Car un cap reste à franchir, celui d’un compromis entre le FMI et Berlin, dont les disputes sur le redressement grec ont entravé pendant des mois toute avancée.

Le premier réclame aux Européens un allègement substantiel de la dette et un relâchement du corset budgétaire, jugé récessif, l’Allemagne campant sur sa part sur son orthodoxie financière et renvoyant un geste sur la dette à après ses élections législatives de septembre 2017.

M. Tsipras s’est d’ailleurs engagé auprès de son opinion publique à ne pas mettre en oeuvre les nouvelles mesures en voie d’adoption sans avancée sur un allègement de la dette de la Grèce.

Entretemps, plus de 10.000 personnes ont manifesté contre les nouvelles coupes lundi, tandis qu’une grève générale a été programmée pour le 17 mai.

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