La fin des éco-chèques coûterait cher à l’État

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La disparition des éco-chèques mettrait en péril 1.300 emplois dans la distribution et priverait l’Etat de 70 millions de recettes, conclut une étude de Roland Berger.

Ces éco-chèques qui traînent dans votre portefeuille, vous les remplaceriez volontiers par l’équivalent en salaire net, n’est-ce pas ? Le député Vincent Van Quickenborne (Open Vld) en est convaincu. Il estime que ce système permet aux sociétés émettrices de chèques de réclamer aux commerçants ” des frais généraux préjudiciables “, qui se répercutent in fine dans les prix aux consommateurs. Il a donc déposé une proposition de loi visant à la suppression pure et simple des éco-chèques, et tant qu’à faire des chèques-repas que l’on remplacerait par un équivalent en salaire net. Le texte doit être débattu prochainement à la Chambre.

232 millions d’euros en éco-chèques ont été reçus par les Belges l’an dernier.

C’est dans ce contexte que survient une étude de Roland Berger, financée par la fédération des émetteurs de chèques (VIA), et qui tend à démontrer qu’en ce domaine, l’option de la simplicité n’est pas la plus intéressante pour l’économie belge. Démonstration : les Belges ont reçu l’an dernier 232 millions d’euros en éco-chèques. Cette somme ne peut être dépensée qu’en Belgique auprès des commerces affiliés et a une durée de validité limitée. On égare ou oublie parfois ses éco-chèques (7 millions ne sont pas dépensés) mais on ne peut pas les placer sur un livret d’épargne. Transformez ces 232 millions en salaires nets et vous aurez, d’après les calculs de Roland Berger, 13,5 millions d’euros dépensés à l’étranger, notamment via les plateformes d’e-commerce ; et 28 millions d’euros de plus sur les comptes épargne. Bref, la distribution perdrait quelque 34,5 millions de recettes (15 % du montant total des éco-chèques). Cela vaut peut-être bien les 1 à 4 % de commission que les émetteurs de chèques réclament aux commerçants.

La hausse du chiffre d’affaires s’explique par les caractéristiques des éco-chèques. Ils sont limités à certaines catégories de produits, que les autorités entendent soutenir dans une optique de durabilité ; ils sont livrés en bloc au travailleur, qui reçoit un montant moyen de 145 euros (le plafond est de 250 euros). ” Les éco-chèques sont dès lors utilisés pour des achats qui n’auraient pas eu lieu sans cela, explique Grégoire Tondreau, associé chez Roland Berger et auteur de l’étude. Ils induisent une consommation qui aurait été repoussée ou calibrée vers une gamme plus modeste. ” Illustration : en jardinerie, le panier moyen est de 30 euros mais il grimpe à 100 euros pour les paniers payés en éco-chèques.

Le bureau Roland Berger prolonge le calcul. Des achats supplémentaires en Belgique, cela implique 9,7 millions d’euros de recettes de TVA en plus. Mais aussi la création de 1.300 emplois dans la distribution et la logistique, ce qui génère des moyens supplémentaires pour l’Etat à hauteur de 58,7 millions d’euros (cotisations sociales, moins de dépenses d’allocations de chômage). Ajoutez-y l’impact sur l’impôt des sociétés et les effets retour des créations d’emploi sur les recettes de TVA et vous aurez une addition finale de plus de 70 millions d’euros. De quoi hésiter un peu avant de gommer tout le système.

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