“La démocratie ne se limite pas à une déclaration gouvernementale”

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Une manifestation et, sans doute, des grèves contre la réforme des pensions perturberont une nouvelle fois le pays le 19 décembre. Le secrétaire général de la FGTB maintient que de telles actions ne sont pas contre-productives pour les revendications syndicales.

1. Vous appelez à une manifestation contre la réforme des pensions le mardi 19 décembre. Quelles en sont précisément les motivations ?

Quand on additionne la suppression du bonus pension, la diminution des périodes assimilées, le saut d’index, la pension à 67 ans et quelques autres mesures, nous arrivons à une importante réforme négative, qui pousse les pensions vers le bas. Et tout cela, alors que nos pensions légales sont déjà parmi les plus basses d’Europe.

Maintenant, avec la pension à points, on ajoute un élément d’incertitude à tout cela, car on ne connaît pas la valeur d’un point à terme. Nous sentons le ras-le-bol dans la population. Les gens sont apeurés après avoir consulté mypension.be. Vous avez des hommes et des femmes de 45 ans, qui ont pris un crédit-temps ou une pause carrière et qui apprennent aujourd’hui que ces périodes ne seront finalement pas assimilées à hauteur de leur salaire. Ils n’ont plus le temps de rectifier le tir sur le reste de leur carrière.

2. Cette manifestation s’ajoute à un préavis de grève des cheminots et des travailleurs des TEC. Cela risque de générer une belle pagaille sur les routes. N’est-ce pas contre-productif pour votre action ?

Je comprends ce débat mais on se le posait déjà dans les années 1960. On oublie souvent qu’avant une grève, il y a un préavis. C’est-à-dire un espace de temps pour négocier et, le cas échéant, lever ce préavis. Je constate qu’à force de répéter des actions, le ministre wallon de la Mobilité Carlo Di Antonio (cdH) finit par tenter un dialogue avec les représentants des travailleurs. J’ignore si cela aboutira mais il y a la volonté. Avec les pensions, nous n’avons pas ce dialogue. Bien sûr, nous pouvons donner notre avis dans une série d’instances mais le ministre n’en tient pas compte. La pension à points, nous devrions l’accepter juste parce que le gouvernement en a décidé ainsi. Désolé, mais ça ne va pas.

3. Ce n’est pas la première manifestation contre la réforme des pensions. A un moment donné, les syndicats ne doivent-ils pas s’incliner face à la légitimité démocratique d’un gouvernement ?

Qu’est-ce que c’est la légitimité démocratique ? Si vous estimez que la démocratie se limite à une déclaration gouvernementale approuvée par une majorité parlementaire élue au suffrage universel, alors, oui, la légitimité démocratique de la réforme des pensions est incontestable.

J’ai cependant une autre conception de la démocratie. Le rôle des citoyens ne se limite pas à voter tous les quatre ou cinq ans. Les syndicats, les mutuelles, les associations, la presse ont aussi leur mot à dire. Dans une démocratie vivante, ils ne doivent pas juste s’incliner devant une majorité parlementaire.

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