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La démission de Boris Johnson et l’échec en creux du Brexit

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Boris Johnson, le Premier ministre britannique s’est enfin résigné à démissionner.

Il aura fallu une soixantaine de défections autour de Boris Johnson avant qu’il ne comprenne que plus personne, y compris dans son parti, n’avait envie de lui à la tête du gouvernement britannique. J’en parle uniquement pour faire le parallèle avec Angela Merkel. Voilà une dame, certes moins excentrique que son homologue britannique, mais que son peuple et le monde entier considéraient comme une grande chancelière. Jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et là, chacun a pu voir qu’elle avait mis son pays dans la gueule du loup, en renforçant la dépendance énergétique de l’Allemagne à l’égard de la Russie. Les éloges après son départ n’auront donc pas duré très longtemps.

Pour Boris Johnson, ce sera pire sans doute. Ses compatriotes, y compris les fervents partisans du Brexit, doivent se rendre à l’évidence, le Brexit est un échec. D’ailleurs, selon un récent sondage, 54% des Britanniques estiment que cette sortie non contrôlée de l’Union européenne se passe mal. Pourquoi ? Mais parce que la Grande-Bretagne souffre exactement des mêmes maux que des économies comparables : inflation, ralentissement de la croissance lié à la guerre en Ukraine, pénuries de main-d’oeuvre et de produits… Vous me direz que c’est aussi le cas en Belgique ou en France. Qui, sauf que tous ces soucis sont exacerbés par le Brexit en Grande-Bretagne. Un seul exemple : du fait du Brexit et de sa politique d’immigration très restrictive, il faut compter le départ d’un million de personnes du Royaume-Uni. Ce sont autant de bras qui manquent cruellement aujourd’hui. 90.000 chauffeurs routiers se font attendre et donc ce manque de chauffeurs routiers explique en grande partie les retards de livraison ou des absences de marchandises dans les rayons des supermarchés britanniques. Quant à l’inflation, n’en parlons même pas. Elle est aussi renforcée par cette absence de main-d’oeuvre. L’inflation est à 9% de l’autre côté de la Manche, et les Britanniques voient leur pouvoir d’achat fondre à vue d’oeil alors que Boris Johnson leur avait promis qu’après le Brexit, les salaires seraient plus élevés. C’est non seulement faux, mais pire encore, les impôts ont été augmentés.

Bien entendu, Johnson se défend d’un tel bilan calamiteux. Ce qui sauve encore les partisans du Brexit, c’est qu’il est encore difficile de démêler l’impact négatif du COVID de celui du Brexit, mais des études commencent à sortir et isoler l’impact du Brexit et le bilan reste largement négatif. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement ou l’opposition propose un retour en arrière. Même les Travaillistes n’osent pas le faire, car ils ont perdu le vote des ouvriers lorsqu’ils ont trop critiqué le Brexit.

La morale de cette histoire, c’est qu’il n’y en a pas. Elle peut être résumée par l’histoire des 10 citoyens que m’a racontée la semaine dernière un homme d’affaires. Le premier citoyen est pauvre et travaille. Le riche exploite le premier. Le soldat défend les 2. Le contribuable paye pour les 3. Le vagabond se repose pour les 4. Le poivrot boit pour les 5. Le banquier escroque les 6. L’avocat trompe les 7. Le médecin tue les 8. Le croque-mort enterre les 9. Et le politique vit des 10. Voilà, je viens de me fâcher gratuitement avec une bonne partie de la population, mais c’est de l’humour bien entendu. Et après tout, chacun peut le constater chaque jour, la politique consiste à donner ce qu’on a pas et à promettre ce qu’on ne peut pas donner !

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