La croissance ralentit fortement en zone euro

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La croissance économique en zone euro a fortement ralenti au premier trimestre, confirmant les craintes d’un essoufflement de la reprise après un très bon cru 2017, selon des chiffres publiés mercredi.

Dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, le Produit intérieur brut (PIB) a progressé au premier trimestre de 0,4%, contre 0,7% au dernier trimestre 2017, selon une estimation provisoire de l’Office européen des statistiques, Eurostat.

Ce coup de mou était attendu. Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset tablaient exactement sur ce chiffre. Jeudi dernier, le président de la BCE, Mario Draghi, avait aussi anticipé une “certaine modération” de la croissance après plusieurs trimestres meilleurs que prévu, évoquant également une aggravation des “menaces protectionnistes”.

Comparé avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB a crû de 2,5% de janvier à mars, ce qui est moins bien qu’au dernier trimestre 2017 (+2,8%) mais bien mieux que les 1,8% atteints en 2016.

“La question c’est: s’agit-il d’une petite anomalie passagère ou le début d’un ralentissement cyclique plus prononcé? La vérité se situe probablement entre les deux”, a estimé Florian Hense, analyste de la petite banque allemande Berenberg.

“Avec une croissance de 0,3%, la France –deuxième économie de la zone euro– a déçu, et affiche l’un des plus faibles taux parmi les gros pays, semblable à celui de l’Italie –numéro trois de la zone”, a constaté l’économiste Bert Colijn, de la banque néerlandaise ING.

“L’Espagne –numéro quatre– a continué sur sa lancée avec une forte reprise de 0,7%, tandis que l’Allemagne doit publier son chiffre” le 15 mai, a-t-il ajouté.

Chômage stable

Pour la première économie de la zone euro, fortement exportatrice, qui serait la première touchée si une guerre commerciale éclatait entre l’UE et les Etats-Unis de Donald Trump, les analystes de Factset tablent sur une hausse du PIB de 0,5% au premier trimestre. La semaine dernière, le gouvernement allemand a légèrement abaissé sa prévision annuelle pour 2018 à 2,3%, contre 2,4% lors de ses dernières projections de janvier.

Le chômage en zone euro est quant à lui resté stable, comme l’attendaient les analystes interrogés par Factset, à 8,5% en mars, identique à février et au plus bas depuis décembre 2008 où il était de 8,3%. Il avait bondi à 8,7% en janvier 2009, dans le sillage de la crise économique.

Le chômage dans la zone euro n’a cessé de reculer depuis qu’il est repassé en septembre 2016 sous le seuil symbolique de 10,0%. Il reste cependant toujours bien plus élevé que le taux moyen d’avant la crise financière de 2007-2008, où il était de 7,5%.

Au pire de la crise de la dette, le chômage avait atteint le taux record de 12,1% en avril, mai et juin 2013 dans la zone euro.

Pour Stephen Brown, économiste de Capital Economics, “des facteurs temporaires semblent avoir pesé sur le ralentissement de croissance au premier trimestre, tels que l’hiver anormalement froid, des grèves, une épidémie de grippe”.

Il a également évoqué des “goulots d’étranglement de court terme”: avec une économie tournant à nouveau à plein régime, certains secteurs ont pu avoir du mal par exemple à embaucher, la main d’oeuvre qualifiée n’étant pas disponible.

Selon des données publiées mercredi par le cabinet Markit, la croissance du secteur manufacturier en zone euro a aussi ralenti en avril: l’indice PMI final s’est replié à 56,2, contre 56,6 en mars, a précisé Markit.

“Ce net affaiblissement de la croissance par rapport au début de l’année est toutefois peu surprenant, le taux d’expansion sans précédent mis en évidence par les données de décembre (niveau inégalé en plus de vingt ans d’enquête) étant impossible à maintenir sur le long terme”, a souligné Chris Williamson, économiste chez Markit.

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