La croissance en berne complique encore l’équation du gouvernement italien

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La croissance économique de l’Italie a marqué une pause au troisième trimestre, compliquant encore l’équation du gouvernement populiste, qui a basé son budget sur des prévisions très optimistes.

Rome a néanmoins d’ores et déjà affirmé qu’il ne reviendrait pas sur son budget 2019, qui prévoit un déficit à 2,4% du PIB.

Après plus de trois ans de croissance, le PIB (Produit intérieur brut) italien est resté stable au troisième trimestre par rapport au précédent, selon une estimation publiée mardi par l’Institut national des statistiques (Istat).

Sur les neuf premiers mois de l’année, la croissance de la troisième économie de la zone euro atteint 1%.

Cette stagnation reflète “la faiblesse persistante de l’activité industrielle (…) à peine contrebalancée par la petite croissance des autres secteurs”, a expliqué l’Istat.

– ‘mauvaise nouvelle’ –

“Ce très faible résultat est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, qui, afin de mettre en oeuvre ses choix budgétaires, a établi un objectif de croissance optimiste pour l’an prochain”, a noté Nicola Nobile, expert à Oxford Economics.

La coalition populiste, formée de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), a conçu son budget –déjà considéré comme “hors des clous” européens– en tablant sur une croissance de 1,5% en 2019. Soit largement au-dessus de ce que prévoient le reste des observateurs ou agences internationales.

Le Fonds monétaire international (FMI) table sur 1% et la Commission européenne sur 1,1%.

Rome prévoit un déficit à 2,4%, contre 0,8% promis par le précédent gouvernement de centre gauche, mais si la croissance est plus faible que prévu, le déficit risque d’être encore plus important.

– ‘budget expansif’ –

La péninsule n’est pas la seule à subir le ralentissement: c’est le cas de l’ensemble de la zone euro (+0,2% de croissance au troisième trimestre), en raison notamment des tensions commerciales au niveau mondial et des négociations sur le Brexit.

Rome a pointé du doigt ce contexte peu favorable et a souligné qu’elle refusait de changer le chiffre annoncé.

“L’arrêt du PIB est conjoncturel, il concerne toute l’économie européenne. Nous l’avions prévu et c’est pour cela que nous avons décidé d’avoir un budget expansif”, qui vise “à inverser cette tendance” et éviter une récession, a souligné le chef du gouvernement Giuseppe Conte, en visite en Inde.

La Commission européenne a déjà rejeté le projet de budget italien, fustigeant “une déviation claire, nette, assumée” par rapport aux règles européennes.

Rome a jusqu’au 13 novembre pour fournir à Bruxelles un budget révisé. Elle s’expose sinon à une “procédure pour déficit excessif”, susceptible d’aboutir à des sanctions financières.

L’Italie, qui ploie déjà sous une dette colossale de 2.300 milliards d’euros (131% de son PIB), a vu la note de sa dette dégradée par l’agence Moody’s, tandis que Standard & Poor’s a abaissé sa perspective, de stable à négative.

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