La COP15 attire l’attention sur l’état alarmant de la biodiversité mondiale
Le constat des experts est sans appel: la biodiversité est menacée et les humains doivent conclure de toute urgence un nouveau “pacte de paix avec la nature”.
Mais quelles sont les données derrière cette conclusion alarmante? Revue des principaux chiffres au coeur des négociations de la COP15 sur la biodiversité qui se tient à Montréal.
75% des terres altérées par l’humanité
Environ 75% de la surface terrestre est altérée de manière significative – un chiffre qui inclut les forêts défrichées et les écosystèmes convertis en terres cultivées -, 66% de la surface des océans subit des impacts cumulatifs croissants et plus de 85% des zones humides ont disparu.
Tel est le constat de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) — l’équivalent des experts climat du Giec — qui incarne la principale autorité scientifique invoquée dans les négociations.
Un autre calcul de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture permet d’estimer qu’un tiers des terres émergées sont “modérément ou fortement dégradées”. La restauration est toutefois possible et multiplierait par dix les bénéfices des sommes investies, selon l’IPBES.
En mars à Abidjan, les membres de la Convention sur la lutte contre la désertification (CNULCD) se sont engagés à “accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030”. Ce chiffre est de nouveau sur la table à la COP15 Biodiversité mais ne fait pas consensus.
Un million d’espèces menacées
Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur la planète, un million sont menacées d’extinction, selon l’IPBES. Le chiffre est vingt fois supérieur à celui de la liste rouge de l’UICN, référence mondiale qui en recense 42.000. Mais son inventaire se limite aux quelque 150.000 espèces pour lesquelles de solides données scientifiques existent.
Pour parvenir à sa conclusion, l’IPBES ajoute notamment une estimation “prudente” de 10% des espèces d’insectes menacées de disparition, soit quelque 600.000.
L’enjeu est aussi de taille pour les pollinisateurs, indispensables à la reproduction des plantes et des trois-quarts des cultures qui nourrissent l’humanité.
Pour l’ONU, les “cinq cavaliers de l’apocalypse” de cette crise de la biodiversité sont par ordre décroissant: la destruction des habitats, la surexploitation, les changements climatiques, la pollution et les espèces envahissantes.
La moitié du PIB mondial dépend de la nature
Plus de la moitié du produit intérieur brut mondial dépend fortement (15%) ou modérément (37%) de la nature et de ses services, a calculé le Forum économique mondial dans un rapport en 2020. Soit 44.000 milliards de dollars exposés à la dégradation des écosystèmes.
Le secteur de la construction est le plus à risque suivi par l’agriculture et l’alimentation et les boissons. La pollinisation, la qualité de l’eau et le contrôle des maladies sont cités parmi les services cruciaux assurés par la nature.
1.800 milliards de subventions négatives
Très débattu, le montant des subventions néfastes pour l’environnement a été estimé jusqu’à 1.800 milliards de dollars par an, soit 2% du PIB mondial, par la coalition internationale Business for Nature.
De son côté, l’ONU estime qu’environ 470 milliards de dollars des subventions aux agriculteurs génèrent “des distorsions de prix et sont dommageables pour l’environnement et socialement”. Un pavé jeté dans la mare fin 2021, puisqu’il s’agit de 87% des subventions moyennes des dernières années.
Le pacte mondial en discussion à Montréal prévoit de “réorienter, réaffecter, réformer ou éliminer les incitations néfastes”, en les réduisant d’au moins 500 milliards de dollars par an, chiffre toujours débattu.
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