La compétitivité de l’économie belge à un “basculement”

Kris Peeters © BELGA

Le tableau de bord de la compétitivité indique une nette amélioration de notre économie. “Un basculement”, se réjouit le vice-Premier ministre Kris Peeters. Malgré cela, les perspectives de croissance demeurent modérées.

Tous les six mois, le SPF Economie publie désormais un tableau de bord de la compétitivité de l’économie belge. Et là, heureuse surprise, la situation s’améliore par rapport à nos pays voisins avec, pour la première fois depuis 2008, une diminution du coût salarial unitaire. Cet indicateur relie la rémunération globale et la productivité. Cette dernière a continué à s’améliorer en 2014, tandis que le coût salarial stagnait sous les effets du pacte de compétitivité du gouvernement Di Rupo. Au total, le coût salarial par unité produite affiche donc une légère baisse, contrairement à ce que l’on constate en Allemagne, en France et aux Pays-Bas.

Attention : on parle bien de l’évolution, pas du niveau absolu. Globalement, le coût par unité produite reste plus élevé en Belgique, mais un rattrapage semble en cours. Il devrait s’accentuer avec le tax shift et en particulier la baisse des cotisations patronales de 33 à 25%, décidée par le gouvernement Michel.

Il n’y a pas que le coût salarial

D’autres indicateurs de compétitivité (le SPF Economie en scrute une quarantaine) sont également dans le vert pour la Belgique. On note ainsi que:

-les prix de l’électricité pour les gros consommateurs industriels se rapprochent des tarifs, plus bas, pratiqués en France et aux Pays-Bas.

-les prix du gaz sont inférieurs à ceux de nos voisins.

-les dépenses en R&D sont désormais proportionnellement supérieures à celles de la France et des Pays-Bas (l’Allemagne trône toujours largement en tête).

-le passage aux ventes en ligne est plus intense que dans la moyenne des pays européens (cet indicateur inclut les factures électroniques entre entreprises).

Quatre handicaps

Tous les éléments semblent donc réunis pour une relance de l’économie. Or, les prévisions des différents instituts donnent toujours à la Belgique une croissance inférieure à la moyenne de la zone euro pour les deux prochaines années. Plusieurs handicaps subsistent en effet :

le déficit des finances publiques dépassait les 3% en 2014, c’est ” un des gros points noirs de la Belgique “, note Liliane Turloot (conseillère au service Compétitivité et Conjoncture du SPF Economie). Cela entraîne des mesures d’assainissement qui freinent la consommation intérieure et brident la confiance. L’allègement fiscal promis de 100 euros par mois ambitionne d’inverser la tendance mais son financement pourrait exiger de nouvelles mesures d’économie. Au sein-même de la majorité, on parle de 3 milliards supplémentaires à retrouver d’ici la fin de la législature.

le taux d’emploi demeure dramatiquement en-dessous des chiffres des pays voisins, singulièrement pour les travailleurs les plus jeunes et les plus âgés. Cela pèse sur les finances publiques. Ici, c’est le volet ” réduction de cotisations sociales ” du tax shift qui doit apporter la réponse.

L’intensité énergétique de l’économie belge -les besoins en pétrole pour faire tourner les outils de production- demeure nettement plus élevée que dans les pays voisins et l’écart a même augmenté en 2013 (les indicateurs remontent ici à deux ans). La part du renouvelable dans la consommation finale d’énergie est également nettement plus faible qu’en Allemagne et en France, selon les chiffres d’Eurostat. Il y a encore un sacré chemin à accomplir en matière de transition énergétique et cela pourrait impacter les entreprises belges.

Kris Peeters entend répondre à cet aspect ” durable ” en accentuant les mesures fédérales en faveur de l’économie circulaire. On n’en est toutefois qu’aux tout premiers pas avec juste l’idée de la création d’un centre d’expertise et d’une étude poussée sur la durée de vie des produits et l’obsolescence programmée.

-En dépit des nombreux filets sociaux, le risque de pauvreté reste plus grand en Belgique que dans les pays voisins. Ce déficit de cohésion sociale est pointé par le SPF Economie, car l’impact de cet indicateur n’est pas purement social ou humaniste. Plusieurs études, émanant notamment du FMI, ont en effet montré que les inégalités avaient un effet négatif sur la croissance économique. Tenter d’y remédier tout en assainissant les finances publiques, cela ressemble à la quadrature du cercle pour les décideurs politiques.

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