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La Chine va-t-elle bientôt siffler la fin de la guerre en Ukraine?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La presse anglo-saxonne a pour habitude de dire que “le chien n’aboie pas”. En anglais, ça fait plus chic : “the dog that doesn’t bark”.

Les journalistes américains utilisent cette expression pour attirer notre attention sur ce qui ne se voit pas ou ne s’entend pas. En fait, c’est une allusion à l’un des romans de Sherlock Holmes, dans lequel le célèbre détective, ou pour être précis son fidèle lieutenant le fameux Dr. Watson, finit par trouver l’assassin d’une série de meurtres qui étaient restés mystérieux jusqu’à son arrivée. Le vrai départ de son enquête, c’est lorsqu’il a compris que le chien qui protège la maison n’avait jamais aboyé durant les meurtres. Ce qui prouve que le chien connaissait le meurtrier, que c’était un familier de la maison. D’où l’expression “the dog that doesn’t bark”.

Aujourd’hui, le chien qui n’aboie pas et auquel personne ne prête attention, ce sont les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, sans oublier le 20e congrès du parti communiste chinois qui vient de se terminer. Mais parlons d’abord des Etats-Unis. Le raz de marée attendu par les républicains ne s’est pas produit. Or, les Russes comptaient beaucoup sur l’arrivée massive des républicains au parlement américain pour mettre fin à l’aide massive de Washington aux Ukrainiens. On parle quand même de 27 milliards de dollars. C’est vrai que beaucoup de voix républicaines se posaient la question de savoir s’il fallait encore signer des chèques en blanc à un gars en tee-shirt logé donnant des leçons de morale au monde entier alors que la récession est aux portes des Etats-Unis. Pari raté, et Moscou a déjà compris que le conflit risque de durer, car il n’y aura aucun reflux de l’aide américaine. Voilà une excellente nouvelle qui n’a pas assez été développée sous ce prisme important. Car si en Europe, on a peur de greloter de froid cet hiver, en Russie, on a peur de manquer de souffle pour soutenir cette guerre d’usure.

Je rappelle qu’ici, géopolitique et économie sont intimement liées. Plus vite cette guerre aura une fin pacifique, plus vite l’inflation se calmera et plus vite le commerce mondial reprendra. C’est là où j’en viens à la Chine. Dans la plupart des conseils d’administration des multinationales, on a compris que maintenant que le président chinois a été réélu pour un 3e mandat, il va faire pression sur Poutine pour que cesse cette guerre, idéalement en 2023. Pourquoi ? Mais parce que la croissance chinoise est affaiblie et que maintenant que ce 20e congrès du parti communiste chinois lui a redonné les pleins pouvoirs, sa seule obsession, c’est de doper la croissance chinoise pour éviter des remous sociaux en Chine.

La Chine a un besoin urgent d’un redémarrage du commerce mondial : elle a un milliard et demi d’habitants et la consommation interne ne lui suffit pas à faire tourner à plein régime ses usines. La mondialisation doit donc repartir pour la Chine. En fait, la Chine est un allié très mou de la Russie. Les dirigeants chinois – qui visent toujours le long terme à l’inverse de nous autres occidentaux – ont compris que, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, cette guerre affaiblit ses deux compétiteurs, à savoir l’Occident et la Russie. Comme l’écrivait il y a plusieurs siècles le plus grand stratège militaire, Sun Tzu, encore un Chinois: “la plus grande victoire est celle qui ne nécessite aucune bataille” Et ça, c’est aussi un autre chien qu’on n’entend pas !

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