La Chine est-elle le nouveau Japon ?

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Le Japon occupait la 2e place au podium des économies mondiales depuis si longtemps – plus de 40 ans – qu’on le pensait indétrônable. La Chine l’a officiellement dépassé en 2010, à 400 millions de dollars de PIB près. “Normal”, estiment certains analystes, pour qui les deux nations ne sont guère comparables.

La Chine est devenue officiellement lundi la deuxième économie mondiale devant le Japon, mais sa croissance dépend trop des investissements et des exportations tandis que son niveau de développement reste encore très loin de celui des pays riches, relèvent les analystes.

L’événement était attendu. Après avoir doublé l’Allemagne en 2007, l’économie chinoise avait pris l’ascendant sur le Japon depuis le deuxième trimestre de l’an dernier. Pour l’ensemble de 2010, le montant du produit intérieur brut publié par le Japon est inférieur d’environ 7 % à celui annoncé le mois dernier par la Chine.

“Il est normal qu’un pays aussi peuplé que la Chine arrive à concurrencer le Japon !”

Au bout de trois décennies de réformes et de croissance effrénée, “il est tout à fait normal qu’un pays aussi peuplé que la Chine arrive aujourd’hui à concurrencer en termes absolus un pays comme le Japon”, estime Jean-François Huchet, directeur du Centre d’études français sur la Chine contemporaine, à Hong Kong. Il ajoute que l’anomalie, c’était “qu’au début des réformes en 1978, la Chine ne pesait que 0,4 % du commerce international”.

Pays le plus peuplé de la planète avec plus de 1,3 milliard d’habitants, la Chine a toutefois un revenu par tête qui reste dix fois inférieur à celui du Japon. “Si la richesse de certaines zones approche celles des pays développés, d’autres régions connaissent encore les problèmes des pays en voie de développement”, souligne Jean-François Huchet, qui ajoute que la Chine est très en retard sur le Japon si l’on prend en compte des facteurs de développement humain comme l’accès à l’éducation.

Chine, 2e économie mondiale ? “Personne n’avait pensé que les choses iraient aussi vite !”

Le rang de 2e économie de la planète derrière les Etats-Unis “est une étape symbolique, souligne Chen Xingdong, économiste chez BNP Paribas à Pékin. Personne n’avait pensé que les choses iraient aussi vite. La place de la Chine dans l’économie mondiale est telle que les autres pays doivent s’adapter à cette situation, d’autant que la Chine est différente, par son système politique mais aussi économique.”

Les règles internationales, notamment à l’Organisation mondiale du commerce, ne s’imposent pas toujours à Pékin, relève cet analyste. Le rôle de l’Etat reste en effet prédominant, que ce soit pour déterminer le taux de change de la monnaie, orienter les investissements et fixer la stratégie des grandes entreprises, dont la grande majorité lui appartient.

Alors que le gouvernement chinois dispose d’un trésor de guerre de plus de 2.800 milliards de dollars de réserves de change et que ses décisions pèsent comme jamais auparavant sur les économies des pays riches, il est confronté à toute une série de déséquilibres difficiles à corriger sur le plan intérieur.

“La croissance est actuellement essentiellement tirée par les investissements et les exportations (lire l’encadré ci-dessous), ce qui engendre parfois des surcapacités et de la spéculation”, relève encore Jean-François Huchet. Le gouvernement est aussi aux prises avec une inflation qui s’accélère.

“Les tensions sociales sont beaucoup plus vives qu’il y a cinq ans”, selon Andy Xie, un économiste indépendant basé à Shanghai. D’après lui, la question n’est pas seulement que les bénéfices de la croissance sont inégalement répartis, mais aussi que la situation se dégrade pour certains comme “les 200 millions de migrants qui ont travaillé dur pour placer un peu d’économies à la banque dont la valeur diminue rapidement” à cause de l’inflation.

Trends.be, avec Belga

Chine : l’excédent commercial baisse de plus de moitié en janvier

L’excédent commercial de la Chine a baissé de plus de moitié en janvier, à 6,45 milliards de dollars, tandis que les importations ont bondi de 51 % sur un an, ont rapporté lundi les douanes chinoises.

L’excédent commercial s’élevait à 13,1 milliards de dollars en décembre. Par rapport à janvier 2010, il a fondu le mois dernier de 53,5 %, précisent les douanes. Les exportations se sont élevées en janvier à 150,7 milliards de dollars, en hausse de 37,7 % sur un an, contre 144,3 milliards pour les importations. Pour le mois dernier, la télévision nationale CCTV avait annoncé, quelques minutes avant les douanes, un excédent commercial très légèrement supérieur, à 6,47 milliards de dollars.

Les dirigeants chinois veulent réduire la dépendance de la 2e économie mondiale vis-à-vis des exportations et développer la demande intérieure et la consommation des ménages, qui représentent en Chine une part moins importante de l’économie que dans la plupart des pays.

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