La Belgique taxera finalement tous les tickets d’avion

Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le gouvernement n’a pas seulement décidé d’adoucir (modérément) la hausse des prix de l’énergie. Il a aussi annoncé une taxe sur les tickets d’avion. Elle était prévue, à l’origine, pour ne viser que les vols courts. Elle a élargi la cible.

Cette fois, cela pourrait être la bonne. Le projet de taxe des tickets d’avions a été approuvé en kern. Le projet de viser, pour des raisons environnementales, les seuls vols de moins de 500 kilomètres a été élargi. Tous les tickets payeront : 2 euros pour les vols dans l’Espace économique européen, 4 euros pour les vols hors EEE. Et 10 euros pour les trajets de moins de 500 kilomètres. Pour éviter une double taxation, les passagers en transit sont généralement exempts. Cette nouvelle taxe fait partie d’un paquet de mesures destinées à financer la fin (progressive) de la cotisation spéciale de sécurité sociale, un mini Tax-Shift.

Suivre l’exemple des pays voisins

Plusieurs pays appliquent déjà des taxes.La Grande-Bretagne est l’une des plus gourmandes : 13 livres pour les vols jusqu’à 2000 miles, et 82 livres au-delà (en economy), soit 15,6 euros et 98 euros, pour les vols au départ du pays. Les Pays-Bas comptent 7,947 euros par ticket, peu importe la destination, et l’Allemagne fait payer de 12,88 euros à 58,73 euros selon le trajet.

Ce sera donc le tour de la Belgique, qui n’applique aucune taxe à ce jour. Ce qui est parfois appelé “taxe d’aéroport” (ou redevance) est le droit à payer pour utiliser l’aéroport, et n’a rien de fiscal.

Lors de son annonce, en l’automne, la taxe devait se limiter aux vols courts. Elle était destinée à dissuader les vols courts et à encourager les alternatives moins dommageables pour l’environnement. Cela revenait à concentrer la taxe sur les vols au départ de Zaventem et à épargner les aéroports régionaux, surtout Charleroi, deuxième aéroport du pays en passagers. Finalement, le gouvernement a choisi de taxer tous les vols au départ de Belgique. Cela permettra d’atteindre plus aisément les 30 millions d’euros de recettes espérés.

5 millions d’euros d’impact à Charleroi

La nouvelle ne fait plaisir à personne dans le secteur. Pas à Brussels Airlines. Et pas du tout à la Région wallonne, qui avait voulu taxer elle-même les tickets au départ de ses aéroports. En 2013, le ministre en charge des aéroports, André Antoine, voulait 3 euros par ticket, et y a prudemment renoncé, face aux menaces de Ryanair de retirer des vols à Charleroi. Ce sera finalement le fédéral qui empochera la taxe. Le ministre compétent, Adrien Dolimont (MR), estime l’impact à 5 millions d’euros pour l’aéroport de Charleroi et à 190.000 euros pour celui de Liège. Il s’inquiète, car l’aéroport de Charleroi, impacté par la pandémie, est en pleine restructuration, avec un renflouement en partie aux frais de la Région. Ryanair aurait même accepté de payer un peu plus l’usage de l’aéroport, dans le cadre de la restructuration, sans que le contenu de cet accord ait été divulgué. “Je considère ainsi que le moment choisi pour la mise en oeuvre de cette nouvelle mesure n’est pas idéal” dit le ministre, craignant quelques délocalisations.

L’avion ciblé

La taxe va-t-elle atteindre le but environnemental annoncé au départ ? Cela paraît peu probable. Payer 2 euros pour un voyage à Rome, même 10 euros pour Hanovre, pour un voyage d’affaires, n’est guère dissuasif. Le niveau est léger en comparaison avec les taxes des pays voisins. Mais une taxe peut augmenter. C’est en tous cas un tournant symbolique : l’avion a bénéficié d’un statut fiscal favorable calqué sur la marine. Son bilan environnemental contesté rend cette situation de plus en plus difficile à tenir politiquement, du moins en Europe. La Commission européenne aimerait, par exemple, que soit taxé le kérosène, exempté d’accises, ce qui reviendrait à taxer indirectement les tickets.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content