“La Belgique se dirige à toute vitesse vers une position concurrentielle historiquement mauvaise”

L’invasion de l’Ukraine a indéniablement un impact sur l’économie belge, mais elle ne devrait pas mener à une forte récession économique ou une stagflation, selon la Banque nationale de Belgique (BNB). Selon la BNB, la forte inflation engendrera en revanche une perte de compétitivité des entreprises, la hausse des coûts salariaux étant attendue à plus de 10% sur deux ans.

En raison de l’invasion, la Banque nationale a décidé de mettre à jour ses projections macroéconomiques. Elle s’attend désormais à un “net ralentissement temporaire de l’économie”. Dès lors, notre économie devrait connaître une croissance moins forte que prévu, avec une croissance qui devrait même être légèrement négative au deuxième trimestre. Mais la vigueur des derniers mois de l’année devrait permettre de clore 2022 sur une croissance de 2,4%, contre 2,6% initialement attendu.

Pour l’an prochain, la BNB table désormais sur une croissance de 1,5, contre 2,4% auparavant. En 2024, la croissance serait légèrement plus vigoureuse, à 1,9%, que précédemment estimé (+1,6%).

La guerre en Ukraine aurait ainsi un impact cumulé, sur deux ans, d’un pour cent sur notre économie, selon la banque centrale.

L’impact est également fort sur l’inflation. Celle-ci se tassera plus lentement que prévu, en raison des nouvelles tensions constatées sur les marchés mondiaux de l’énergie. A la fin de cette année, elle serait encore supérieure à 5% et, pour l’ensemble de l’année, l’inflation s’établirait en moyenne à 7,4%. “Toutefois, les projections actuelles ne laissent pas entrevoir de spirale salaire-prix de longue durée: la pression inflationniste se réduirait au cours des deux prochaines années”, rassure la BNB qui exclut de parler de “stagflation”, c’est-à-dire d’une croissance économique au ralenti conjuguée à une forte inflation.

Mais l’inflation galopante, conjuguée à l’indexation automatique des salaires -laquelle n’existe pas chez les principaux pays voisins- risque de nuire à la compétitivité des entreprises belges. “Si l’on considère la période de 2022 à 2023, les coûts salariaux horaires du secteur privé grimperont de plus de 10%! En 2024, la hausse s’établirait encore à 2,4%, ce qui porterait le pourcentage total sur la période estimée à près de 13%”, avertit la BNB, pour qui il s’agit là “d’une situation inédite“. A cela s’ajoute une inflation énergétique supérieure en Belgique par rapport aux pays voisins.

Une position concurrentielle historiquement mauvaise

Ce point des prévisions de la BNB fait vibrer une corde sensible à la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) qui parle de “coûts (qui) deviennent incontrôlables.” “Avec des coûts énergétiques extraordinairement élevés auxquels s’ajoute une augmentation spontanée des coûts salariaux de 13%, soit 20 milliards sur trois ans, nous nous dirigeons à toute vitesse vers une position concurrentielle historiquement mauvaise de notre pays”, alerte l’organisation patronale pour qui, avec une inflation de base (hors prix de l’alimentation et de l’énergie) de près de 3%, “la spirale salaires-prix est déjà en marche”.

Malgré tout, le marché du travail devrait rester “très dynamique”, selon la BNB, qui table sur quelque 100.000 emplois créés sur le marché du travail dans les trois prochaines années. Le taux de chômage harmonisé ressortirait cette année à 6,0% et culminerait à 6,2 % en 2023.

Quant au déficit budgétaire, il s’établirait à 4,4 % du PIB en 2022 après -5,6% en 2021.

La BNB souligne encore que l’incertitude à moyen terme “est très élevée”.

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