La BEI appelle les entreprises à investir dans le numérique pour rester compétitives

Margrethe Vestager (à gauche), vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Teresa Czerwinska (au centre), vice-présidente de la Banque européenne d'investissement (BEI) et Thierry Breton (à droite), commissaire européen chargé du marché intérieur, le 8 février 2022 à Bruxelles. © iStock

Investir encore et toujours plus dans le numérique : c’est le ton donné au dernier rapport de la Banque européenne d’investissement (BEI). Suite à la pandémie, qui a accéléré la transition numérique, la BEI fait un état des lieux de la digitalisation des entreprises européennes. Une avancé trop lente et qui menace la compétitivité.

Après ces plus de deux années de pandémie, la Banque européenne d’investissement (BEI) a publié un rapport ce 5 mai sur la digitalisation en Europe. L’objectif est d’évaluer l’impact qu’a eu la pandémie sur la transition numérique des entreprises européennes.

Une transition que l’Union européenne souhaite toujours accélérer davantage face aux grandes puissances voisines que sont les Etats-Unis et la Chine, sur lesquelles elle a du retard.

La numérisation, une question “de survie”

Le rapport révèle ainsi que près de la moitié des entreprises européennes déclarent investir dans la numérisation en réponse à la crise du Covid, en fournissant, par exemple, des services en ligne.

Jusqu’à maintenant, l’utilisation des technologies du numérique était considérée comme importante pour la réussite sur le marché, mais était généralement associée aux entreprises les plus innovantes et les plus modernes. La pandémie est venue bouleverser cet état de fait, rendant la transformation numérique partie intégrante de la société, et “de la survie des entreprises” indique même le rapport.

Assez logiquement, les entreprises du numérique ont été mieux à même de faire face aux perturbations déclenchées par la pandémie. D’après le rapport, celles-ci ont tendance à être meilleures que les entreprises non numériques : sont plus productives, exportent davantage, investissent davantage, sont plus innovantes, se développent plus rapidement et versent des salaires plus élevés en moyenne.

Ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. De fait, le rapport pointe que la fracture numérique en Europe s’accroît également. Certaines entreprises de l’UE risquent d’être laissées pour compte, en particulier dans les régions où l’infrastructure numérique fait défaut.

Les entreprises belges parmi celles qui ont le plus investi

Dans son rapport, la BEI a tenu à présenter des analyses pays par pays, ce qui permet d’identifier plus clairement la fracture numérique entre les pays européens. Elle a également tenu à illustrer la différence entre les entreprises qui utilisent déjà des produits numériques avancés et celles qui investissent suite à la pandémie (deux catégories qui ne s’excluent pas).

Ainsi, en Belgique, 64% des entreprises utilisent des technologies numériques avancées. Et 53% ont investi pour devenir plus numérique pendant le Covid. C’est le 5ème pays où les entreprises se sont le plus numérisées suite à la pandémie (voir schéma ci-dessous).

Graphique représentant les pourcentages d'entreprises belges qui ont investi dans le numérique suite au Covid et celles qui utilisent déjà des produits numériques avancés.
Graphique représentant les pourcentages d’entreprises belges qui ont investi dans le numérique suite au Covid et celles qui utilisent déjà des produits numériques avancés.© BEI

Pour une analyse plus détaillée, les entreprises ont ensuite été regroupées en quatre profils différents afin de déterminer où elles se situent dans la fracture numérique. Les quatre catégories sont là aussi fondées sur la combinaison entre la mise en oeuvre actuelle des technologies numériques par les entreprises et les mesures qu’elles ont prises en réponse à la crise Covid. Les catégories se divisent ci-après : aucun des deux, capacité numérique basique, capacité numérique avancée et les deux.

En Belgique, 38% des entreprises utilisent ainsi des technologies numériques avancées et prennent des mesures supplémentaires en réponse à la pandémie ; et 20% ne se sont pas numérisées. En zoomant sur ces chiffres, nous nous apercevons qu’il y a davantage de grandes entreprises qui ont investi dans le numérique (plus de 50%). A l’inverse, ce sont les plus petites qui ont le moins investi (40% des micro et petites entreprises ne sont pas numérisées).

Graphique représentant le degré d'investissement des entreprises belges dans le numérique.
Graphique représentant le degré d’investissement des entreprises belges dans le numérique.© BEI

Dans la majorité des pays européens, en moyenne, moins de 50% des entreprises ont investi dans le numérique pendant la crise Covid, même dans des pays comme la France, à seulement 37%, ou encore la Bulgarie à 24%. La moyenne européenne, à 46%, et presque 10 point en dessous de celle des Etats-Unis à 58%.

Pousser les petites entreprises à davantage investir

Selon la BEI, trouver du personnel qualifié et le coût des investissements sont les principaux obstacles à la transformation numérique. Plus d’une PME européenne sur trois considère que l’absence de travailleurs possédant les compétences adéquates est un obstacle majeur.

Les PME qui ont pris des mesures pour devenir plus numériques en réponse à la pandémie sont plus susceptibles de déclarer que l’accès à l’infrastructure numérique limite leurs investissements dans les technologies numériques.

Et ces petites entreprises sont, selon la BEI, moins susceptibles d’adopter les technologies numériques, ce qui a des répercussions négatives sur la compétitivité à long terme. Elle indique que “ces entreprises doivent s’engager dans la transformation, en exploitant les possibilités offertes par les nouvelles technologies et en investissant dans les compétences“.

Bien sûr, cela ne sera possible qu’avec l’aide des Etats et de l’UE, qui sont appelés à soutenir davantage la transition numérique. La BEI conclut : “alors que nous nous remettons de la pandémie, l’Europe devra faire avancer la transformation verte et numérique pour montrer la voie“.

Aurore Dessaigne

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