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L’Ukraine, notre moral et Saint François d’Assise

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La parenthèse estivale touche à sa fin. Nous voilà tous rentrés au bureau ou presque, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’actualité est plutôt morose.

Les nouvelles négatives sont souvent liées à cette guerre qui n’en finit pas entre l’Ukraine et la Russie. Raison pour laquelle vous avez pas mal d’experts économiques qui se demandent s’il ne faut pas négocier une paix le plus vite possible.

Le Premier ministre polonais est conscient de ce début de démobilisation en Europe de l’Ouest et c’est ce qu’il a dit à mes confrères du Figaro. Je le cite : “la manière la plus rapide de terminer une guerre est de la perdre. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cette guerre. Et la propagande russe, vous devez le savoir, va se développer très intensément en occident pour essayer de persuader les opinions et les dirigeants qu’il est possible de finir la guerre et de revenir au “business as usual”. Fin de citation.

Sur le constat, le Premier ministre polonais n’a pas tort. Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine en France ne dit pas autre chose, je le cite lui aussi : “La Russie joue en partie avec le temps. Elle rêve de l’aide du “général hiver” : c’est-à-dire l’opinion occidentale qui, inquiète des coupures et du prix de l’énergie, demanderait un retrait de l’aide à l’Ukraine”. Et cet ancien colonel d’ajouter : “le maillon faible, ne sera jamais les Ukrainiens, qui ne craqueront pas, mais cela peut être nous”. Fin de citation.

Et c’est vrai qu’avec la hausse de l’inflation, qu’avec les inquiétudes liées à une future récession en Europe, l’opinion publique à Bruxelles, Paris, Madrid ou Berlin, exprime sa souffrance, alors qu’elle a l’impression qu’en Russie, les sanctions économiques et financières ne donnent pas encore les résultats escomptés. La réaction est normale et légitime : chez nous, en Occident, les peuples peuvent s’exprimer, y compris leurs douleurs ou leurs peurs, alors qu’en Russie, autant dire que l’expression n’est pas libre. D’où cette asymétrie apparente dans les conséquences de cette guerre qui n’en finit pas.

Mais si la guerre ne peut pas se terminer, que peut-on faire ? La voie étroite proposée par le quotidien économique Les Echos, c’est de continuer à substituer le gaz russe par tous les moyens – encore et encore. Contrairement à ce qu’a dit Emmanuel Macron, nous ne vivons pas la fin de l’abondance. Le monde regorge de pétrole et de charbon. Ce qui manque, hélas, ce sont les énergies propres. Mais, comme le font remarquer Les Echos, “à titre transitoire, quel autre choix avons-nous ?”. C’est la raison pour laquelle, l’Europe, fouettée un premier temps par le COVID et maintenant par la guerre en Ukraine doit impérativement accélérer la montée en puissance des autres sources d’énergie plus propres.

En fait, la feuille de route de l’Europe est assez claire : nous devons gagner notre autonomie énergétique aujourd’hui, vis-à-vis de la Russie, mais demain, notre autonomie tout court, mais vis-à-vis du reste du monde. Pour nous doper le moral, je vous propose de méditer sur ce propos de Saint François d’Assise, je le cite : “commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire, et tu réaliseras l’impossible sans t’en apercevoir” .

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