L’UE dévoile ses recettes pour contrer la flambée des prix de l’énergie

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Comment amortir l’impact social de la flambée des prix de l’énergie? Bruxelles dévoile mercredi un arsenal de mesures temporaires où pourront puiser les Vingt-Sept, et des pistes de réforme, mais refuse de sacrifier ses ambitions environnementales.

Alors que le cours du gaz s’est envolé à des records historiques, tirant les prix de l’électricité et menaçant de faire dérailler la reprise économique, la “boîte à outils” de la Commission européenne proposera des recettes pour alléger les factures des consommateurs. Bruxelles va inciter les Etats à baisser les lourdes taxes sur l’énergie et à redistribuer les bénéfices de la hausse des prix aux plus démunis, a précisé lundi le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.

Outre les décisions déjà adoptées par plusieurs gouvernements (réductions fiscales, chèques énergie, aides ciblées aux plus pauvres), la Commission donnera “la possibilité de baisser aussi la TVA”, a-t-il affirmé. Elle doit également présenter des pistes de réformes plus ambitieuses, examinées lors du sommet européen des 21-22 octobre.

– Réserve stratégique –

Paris souhaite réviser les règles du marché commun de l’électricité, notamment la fixation des prix jugés trop dépendants des cours des énergies fossiles. Madrid propose des “achats groupés” de gaz et Athènes un “fonds transitoire” absorbant les hausses de cours. Mais d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, mettent en garde contre des “mesures extrêmes”, arguant qu’il s’agit d’une situation temporaire.

“Nous avons un marché de l’électricité qui fonctionne bien, permettant d’avoir des prix très compétitifs depuis deux décennies. Interférer serait très dangereux, cela pourrait détruire toute confiance dans le marché”, avertit le ministre luxembourgeois Claude Turmes. Il propose plutôt d’utiliser une modification d’une directive “gaz” en décembre pour combattre la spéculation.

Face à des Etats divisés, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a évoqué le projet d’une “réserve stratégique” de gaz, comme le réclame notamment l’Espagne.

Dans l’immédiat, les stocks européens de gaz, à 76% des capacités contre 90% en moyenne sur la décennie écoulée, sont “tendus” mais “adéquats pour couvrir les besoins hivernaux”, a assuré la commissaire à l’Energie, Kadri Simson. L’institut Bruegel met cependant en garde contre des “pénuries” si “ces stocks bas sont mal gérés”.

Surtout, Ursula von der Leyen s’est dite disposée à examiner la formation des prix et à augmenter la “transparence” du marché. “Il faut regarder la possibilité de découpler les prix de l’électricité et ceux du gaz, car nous avons (dans l’UE) des énergies moins chères, par exemple les renouvelables”, a-t-elle souligné, sans évoquer le nucléaire.

– Atome contre renouvelables –

La crise des prix gaziers a relancé le débat sur le nucléaire, une énergie moins chère et décarbonée dont Paris vante les mérites mais qui est décriée par plusieurs Etats, Allemagne en tête.

Certains, comme le dirigeant souverainiste hongrois Viktor Orban, ont profité de la flambée des prix pour s’en prendre au “Pacte vert” de l’UE visant à réduire de 55% ses émissions carbone d’ici 2030, et au marché du CO2 où les fournisseurs d’énergie doivent s’acquitter de “droits à polluer”.

Un discours réfuté par la Commission, inquiète que la crise ne mette en péril ses ambitions climatiques, qui passent par le renchérissement progressif des énergies fossiles. “Seulement 1/5e de la hausse des prix actuels peut être attribué au renchérissement du marché carbone, le reste vient des pénuries d’offre”, a affirmé Frans Timmermans, vice-président de la Commission.

Devant les eurodéputés, il a appelé à accélérer la transition vers les renouvelables: “si nous avions adopté ce Pacte vert cinq ans plus tôt, nous aurions été beaucoup moins dépendants du gaz naturel” a-t-il souligné. Mais faute d'”engagements plus clairs des gouvernements” par le financement d’infrastructures indispensables et l’assurance d’un prix du carbone élevé, “les investisseurs resteront réticents à basculer vers les renouvelables”, avertissent les experts de l’Institut Bruegel.

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