L’ONU préconise un “New Deal” mondial et la fin de l’austérité

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La croissance restant généralement faible après la crise bancaire et financière entamée voici dix ans, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) préconise une “nouvelle donne” à l’échelon mondial, qui passe notamment par une sortie de l’austérité, une hausse des investissements publics et un contrôle accru sur le capital financer, dans un rapport publié jeudi.

Ce rapport annuel sur le commerce et le développement passe en revue la situation de l’économie mondiale au cours des douze derniers mois et étudie plus particulièrement la question d’une croissance équitable et solidaire.

“La croissance (économique) est restée assez plate et peu dynamique dans les pays développés, mais elle a été plus forte dans les pays en voie de développement”, a expliqué la nouvelle secrétaire générale adjointe de la CNUCED, Isabelle Durant, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

La croissance n’a pas retrouvé son rythme d’avant la crise de 2008, a-t-elle souligné.

Et de fait, au niveau mondial, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 2,6% en 2017, alors qu’elle est estimée à 1,9% dans les pays développés (Japon, Etats-Unis et Union européenne), à 1,8% dans les économies en transition – comme la Russie -, et à 4,2% dans les pays en développement (2,7% en Afrique et 5,6% en Asie).

Le rapport fait le lien entre la mondialisation, l’inégalité, la croissance, et les Objectifs de Développement durables (ODD) – définis en 2015 par les Nations unies et visant à éradiquer l’extrême pauvreté, préserver la planète et favoriser le développement humain d’ici l’horizon 2030.

Il plaide pour une nouvelle donne mondiale – à l’image du “New Deal” lancé à l’origine aux Etats-Unis dans les années 1930 et transposé dans d’autres pays industrialisés, surtout après la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui a mis en place un nouveau modèle de développement s’appuyant sur trois piliers: le redressement, la règlementation et la redistribution.

La CNUCED suggère dès lors de “sortir de l’austérité”, d'”augmenter les investissements public” en accordant une grande attention aux soins de santé, d'”accroître les recettes publiques et de “contrôler le capital financier” au niveau mondial.

“Il convient avant tout d’abandonner les politiques de rigueur et de mettre la finance au service de la société et non l’inverse. En vue d’atteindre les objectifs de développement durable, il est aussi essentiel de redynamiser le système commercial multilatéral, en lui donnant un nouveau souffle et une plus grande pertinence, pour en faire un bien public mondial”, souligne le rapport.

Alors que depuis l’éclatement de la crise bancaire la plupart des pays riches ont tenté d’assainir leurs finances publiques, l’agence onusienne souligne que la politique budgétaire devrait au contraire servir à gérer la demande, afin que “le plein emploi devienne un objectif central de la politique” des Etats.

“L’expansion monétaire devrait également être utilisée de manière différente, de façon à financer les investissements qui contribuent à rendre l’économie plus inclusive et plus durable”, souligne le rapport.

“La demande est trop peu stimulée”, a expliqué jeudi un chef-économiste de la CNUCED, Alex Izurieta, devant la presse.

Le rapport suggère aussi d’augmenter l’investissement public par le lancement de grands programmes de travaux publics destinés à atténuer les changements climatiques et pour promouvoir les possibilités technologiques offertes par l’accord de Paris sur le climat ainsi que pour régler les problèmes de pollution et de dégradation de l’environnement, tout en accordant une “grande attention” à l’économie des soins bénéficiant aux enfants et aux personnes âgées.

La CNUCED propose encore à la fois d’établir un nouveau registre financier mondial – et des mesures législatives pour “éviter que des entreprises et des individus très fortunés aient recours aux paradis fiscaux et de contrôler le capital financier en s’attaquant notamment aux “monstrueuses banques d’affaires”.

“Le marché seul ne pas apporter la solution”, a souligné M. Izurieta.

Selon la CUNCED, si les 10% figurant parmi les plus riches dans une quarantaine de pays payaient 5% d’impôts supplémentaires, cela engendrerait quelque 800 milliards de dollars de nouvelles rentrées fiscales.

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