L’inutile liste rouge des entreprises super-polluantes
La Flandre étant championne en matière de rejets azotés, tout le monde réclamait une liste d’entreprises super-polluantes. Maintenant qu’elle existe, chacun s’efforce d’en sortir celles qui y figurent.
“Comparé à ce que j’entends ici, Vivaldi est une partition harmonieuse”, a commenté, goguenard, Bruno Tobback. Le député socialiste fait allusion à la manière dont l’Open Vld, le CD&V et la N-VA, tous membres de la majorité au Parlement flamand, s’y déchirent autour d’une liste rouge de 41 exploitations agricoles menacées de fermeture, et qui fut mitonnée au terme d’étranges marchandages.
Tout a commencé il y a 20 ans avec la délimitation de zones naturelles fragiles et donc à protéger mais aussi la pression de divers groupes pour lesquels la protection de la nature ne pouvait en aucun cas entraver l’essor de l’économie et de l’agriculture. Afin de mettre tout le monde d’accord, on décida de laisser l’ordinateur statuer de l’affectation de chaque zone via un modèle développé par l’Institut flamand pour la recherche technologique (VITO), qu’elle sera au demeurant la seule en Europe à utiliser. La problématique de l’azote s’étant entre-temps invitée, le Boerenbond réclama l’ajout de divers paramètres relatifs aux exploitations agricoles de sorte que, en 2014, émergea une liste de 134 entreprises super-pollueuses. “Les ordres étaient clairs: la liste devait être raccourcie.”
D’où venaient-ils? Notamment du ministère de l’Agriculture qui, à l’époque, chapeautait l’opération. Il n’en reste aujourd’hui plus que 58, en réalité 41 dans la mesure où 17 d’entre elles ont opté soit pour un rachat, soit pour une reconversion. Boerenbond en tête, toute le monde voulait cette liste. Maintenant qu’elle existe, chacun cherche à en retirer un maximum d’entreprises. Un combat d’arrière-garde, s’étonnent les experts, pour qui l’ambition de départ était de toute façon tellement minimaliste que lorsque l’engagement européen de protéger à l’horizon 2030 au moins 30% des zones marines et terrestres deviendra contraignant, l’écart sera énorme avec la réalité flamande, la Région devant encore trouver 9% à protéger.
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