L’inflation à 12,27% en Belgique, en un mois la vie est devenue 2,3 % plus chère
L’inflation est passée de 11,27% à 12,27% en octobre, son plus haut niveau depuis juin 1975 (12,50%), annonce vendredi l’office belge de statistique Statbel. Elle était encore sous les 10% en août dernier. L’indice pivot est à nouveau dépassé, de sorte que les avantages sociaux et les salaires du gouvernement vont encore augmenter.
L’inflation sur la base de l’indice santé augmente elle de 11,25% à 12,27%, tandis que l’indice santé lissé s’établit à 122,22 points en octobre (120,53 en septembre). L’indice-pivot pour la fonction publique et les allocations sociales, fixé à 120,73 points, est donc à nouveau dépassé.
L’indice des prix à la consommation a par ailleurs progressé de 2,97 points, soit de 2,37%.
Comme lors des derniers mois, la forte inflation s’explique en grande partie par les prix élevés de l’énergie. L’inflation de l’énergie atteint désormais 63,03% et contribue à hauteur de 5,95 points de pourcentage à l’inflation totale, détaille Statbel.
L’inflation des produits alimentaires a aussi fortement augmenté, de 12,30% en octobre. La contribution des produits alimentaires à l’inflation est de 2,37 points de pourcentage.
L’inflation sous-jacente, qui ne tient pas compte de l’évolution des prix des produits énergétiques et des produits alimentaires non transformés, s’établissait à 6,50% en octobre, contre 6,21% en septembre.
Les principales hausses de prix du mois d’octobre concernent le gaz naturel, l’électricité, les carburants, la viande, le gasoil de chauffage, les légumes, les vêtements, les produits laitiers, le pain et les céréales, les fruits, les loyers privés et les restaurants et cafés. Les boissons alcoolisées ont par contre exercé un effet baissier sur l’indice.
En un mois, la vie est devenue 2,3 % plus chère
Les espoirs de voir l’inflation atteindre tranquillement un pic ont été anéantis. “En un mois, la vie est devenue 2,3 % plus chère. Cette augmentation des prix est supérieure à ce que nous observons normalement sur une base annuelle”, a déclaré Stijn Baert, professeur d’économie à l’université de Gand et membre du comité de l’indice.
L’inflation galopante est principalement alimentée par la hausse des prix du gaz naturel et de l’électricité. Le gaz naturel est devenu 23 % plus cher en un mois et l’électricité 12,5 %. Cela semble concorder avec la récente baisse des prix du gaz naturel et de l’électricité sur le marché de gros, mais de nombreux ménages ne sont confrontés à la hausse des prix de l’énergie que parce qu’ils doivent échanger un contrat fixe arrivant à échéance contre un contrat variable dont les prix sont nettement plus élevés qu’il y a un an. Même dans une grande partie des contrats variables, les prix plus élevés ne se répercutent qu’avec un certain retard, car ils sont indexés sur une base trimestrielle. Ainsi, non seulement de nombreux ménages sont encore confrontés à un choc de factures, mais la plupart des entreprises bénéficient encore de contrats fixes qui n’expirent que dans le courant de l’année prochaine.
Un report du pic d’inflation n’est normalement pas un sursis. D’ici la fin de l’année, les pressions inflationnistes devraient tout de même s’atténuer en raison du ralentissement de la hausse des prix des intrants et de la baisse des prix de l’énergie qui se répercute avec un certain retard sur les ménages. La baisse de la demande, qui a soutenu la légère récession, jette aussi discrètement de l’huile sur les vagues d’inflation.
La BCE entre le marteau d’une inflation élevée et l’enclume d’une légère récession
Pendant ce temps, la Banque centrale européenne (BCE) est prise entre le marteau d’une inflation élevée et l’enclume d’une légère récession à laquelle la zone euro est confrontée. Que doit-elle faire ? Lutter contre l’inflation, ou soutenir l’économie finalement ? Choisir, c’est perdre, car les deux objectifs sont incompatibles dans les circonstances actuelles.
Le taux d’inflation de 9,9 % et l’inflation de base de 4,8 % en septembre dans la zone euro n’ont laissé hier à la BCE guère d’autre choix que de relever le taux de dépôt de 75 points de base à 1,5 %. “Nous avons fait des progrès substantiels dans la normalisation d’une politique monétaire toujours favorable, mais nous n’en sommes pas encore là”, a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, lors de la conférence de presse d’hier. “Une récession nous guette, mais notre travail consiste à assurer la stabilité des prix. Nous n’hésiterons pas à relever encore les taux directeurs. Notre destination finale est un taux directeur qui nous ramène à une inflation de 2 % à moyen terme.”
Le fait que Christine Lagarde ait prononcé le mot récession a conduit certains observateurs à conclure que la BCE ouvre la porte à un ralentissement du rythme des hausses de taux d’intérêt en décembre, voire à une pause dans la normalisation de sa politique. “Nous analysons notre politique réunion après réunion, et ce en fonction des données entrantes”, a déclaré Christine Lagarde. “En décembre, ces trois éléments clés façonneront notre politique. Premièrement, les nouvelles perspectives d’évolution de l’inflation, notamment la probabilité accrue de récession. Deux : l’impact de la hausse de 200 points de base du taux directeur que nous avons déjà mise en oeuvre. Et trois : nous tenons également compte du fait qu’un resserrement de la politique monétaire avec un décalage aura un impact sur l’économie.”
Ainsi, en décembre, la BCE procédera à une nouvelle évaluation pour déterminer si une inflation élevée ou le risque de récession est l’ennemi public numéro un. Il y a de fortes chances que l’équilibre se déplace lentement vers le soutien de l’économie, sans que le retour à la stabilité des prix soit pour demain. Alors que les goulets d’étranglement de l’offre diminuent, la BCE note que la croissance des salaires s’accélère dans le sillage de marchés du travail relativement solides et d’une inflation élevée, également alimentée par la faiblesse de l’euro et la demande refoulée dans le secteur des services. Ils brûlent également un cierge à Francfort en espérant que la récession ne se retournera pas trop brutalement.