L’Europe des batteries en crise

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

C’est promis, l’Union européenne va faire quelque chose pour redevenir attractive pour les producteurs de batteries pour véhicules électriques. Le commissaire Thierry Breton est sceptique.

“Nous sommes sur le point d’avoir cet IRA européen, cela va se jouer au Conseil européen dans les prochains jours”, a dit Bruno Lemaire, ministre français de l’Economie, sur France Inter, ce 6 février. Il faisait allusion au plan d’aide américain, IRA, (Inflation Reduction Act) qui prévoit plus de 350 milliards de dollars d’aides aux industries vertes, et une politique protectionniste, réservant les primes pour voitures électriques aux modèles fabriqués aux Etats-Unis. Ce plan américain met en difficulté les projets européens autour de la fabrication de véhicules électriques et surtout de batteries.

Les doutes de Thierry Breton

L’Union européenne va riposter, mais n’envisage pas de financer directement l’industrie verte. Elle pourrait proposer d’autoriser des aides d’Etat. Le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, semble sceptique sur cette politique. Il s’inquiète des successions de coups de canifs temporaires dans les règles du marché unique, basées sur l’interdiction des aides publiques.

Une “permacrisis”

“Nous vivons dans une ère de crise permanente (“permacrisis”) a-t-il dit au Financial Times ce mardi. “Nous ne pouvons pas continuer à avoir un marché unique qui fonctionne si tous les deux ans nous avons ce genre de discussions. Les grands pays peuvent le faire, pas les petits.”

La Belgique mal placée

Les pays très endettés comme la Belgique sont en effet mal placés pour se lancer dans ce genre de politique de subsides, face à l’Allemagne, dont les finances publiques ont déjà permis d’absorber l’impact de la hausse du prix de l’énergie. A ce jour, a Belgique ne compte quasi aucun projet de gigafactory de batteries, hormis celui d’une start-up, ABEE, à Manage. Les grands projets se concentrent dans les grands pays.

Thierry Breton souhaite une approche plus uniforme, plus lisible, plus stable, et pas une rustine de plus. Et surtout pas une lente dégradation du marché unique.

Le coup brutal des Américains

Le plan américain IRA est un coup brutal pour l’industrie européenne. Les constructeurs européens investissent des dizaines de milliards d’euros pour développer et produire des autos électriques afin de répondre aux obligations européennes, qui interdisent la vente d’autos et de camionnettes neuves à carburant à partir de 2035. Mais les batteries sont encore peu produites sur le Vieux Continent. Elles viennent généralement d’Asie. Un grand nombre de projets de gigafactories a été annoncé. Mais le plan américain pourrait pousser des industriels européens à investir plutôt aux Etats-Unis.

Moins cher en Chine

La fabrication de batteries est déjà difficile en Europe. La production en Asie est meilleur marché. Les constructeurs chinois bénéficieraient de coûts 30% plus bas qu’en Europe. Ils disposent d’une industrie fortement soutenue par les pouvoirs publics et aussi d’une forte avance technologique. CATL , le premier constructeur de batteries au monde est chinois et pèse quasi le tiers du marché.

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