L’Eurogroupe se quitte sans accord, le travail continu

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La réunion des ministres des Finances de la zone euro s’est terminée jeudi vers 16h30 sans qu’un accord n’ait été enregistré entre la Grèce et ses créanciers.

“C’est tout pour aujourd’hui. Les institutions et la Grèce vont continuer à travailler. #Eurogroupe se réunira à nouveau plus tard, mais pas aujourd’hui”, a twitté le ministre finlandais des Finances Alexander Stubb.

La proposition faite par les trois institutions (FMI, BCE, Commission européenne) n’a pas été acceptée par les Grecs, qui ont remis une nouvelle version de leurs propositions, a expliqué à l’issue de la réunion le ministre belge des Finances, Johan Van Overtveldt. Il a été demandé aux institutions d’analyser ces nouvelles propositions, avant de revenir vers l’Eurogroupe, probablement samedi.

Il était prévu que l’Eurogroupe communique son point de vue aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE réunis en sommet européen au Juste Lipse à Bruxelles. “Mais ce point de vue, nous ne pouvons pas le donner aujourd’hui”, a commenté M. Van Overtveldt.

Celui-ci a indiqué que si rapprochement il y a encore les positions de la Grèce et de ses créanciers, il est “limité”. “Il faudra beaucoup travailler durant les 36 prochaines heures”.

Le prochain Eurogroupe devra permettre de prendre connaissance des propositions grecques et de vérifier si elles s’inscrivent dans le cadre du Memorandum of Understanding, un protocole conclu entre la Grèce et ses créanciers pour la sortir de la crise.

“Contrairement aux tragédies de Sophocle, cette histoire grecque aura un happy end”

Les négociations sur le renflouement financier de la Grèce “nécessiteront encore de nombreuses heures” mais “un happy end” est en vue, avait assuré peu avant, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avant un sommet des 28 à Bruxelles.

“Le travail est en cours et c’est sûr qu’il faudra encore de nombreuses heures” pour parvenir à un accord entre Athènes et ses créanciers, “mais j’ai le sentiment que, contrairement aux tragédies de Sophocle, cette histoire grecque aura un happy end”, a-t-il dit.

“L’accord est possible et nécessaire”, a pour sa part affirmé le président français François Hollande. “Le plus tôt sera le mieux, l’accord doit intervenir à un moment qui n’est pas le moment ultime. Quand il y a l’enjeu de la Grèce, l’enjeu de l’Europe, l’enjeu de la zone euro, il faut savoir terminer une négociation”, a-t-il insisté.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a rappelé avec insistance que l’échéance ultime fixée à la Grèce était le 30 juin, et que l’accord entre Athènes et ses créanciers (FMI, BCE, Commission européenne) devait encore être approuvé par plusieurs parlements, dont celui des Pays-Bas.

Charles Michel veut encore y croire

Le Premier ministre belge Charles Michel s’est dit “très déterminé à tout faire pour arriver à un accord” entre la Grèce et ses créanciers, pour éviter à Athènes de se retrouver en défaut de paiement dès le 30 juin, à son arrivée au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE jeudi après-midi à Bruxelles.

“Je sais que c’est difficile, les derniers moments sont les plus difficiles, mais je veux encore y croire”, a-t-il commenté.

Il faudra d’abord écouter le débriefing des trois institutions (FMI, BCE et Commission européenne) avant de savoir s’il sera possible d’engranger un accord encore ce jeudi. “Si on ne devait pas réussir, il faut continuer le travail”, a souligné le chef du gouvernement fédéral.

“Je ne veux pas d’un accord à n’importe quel prix, mais l’absence d’accord présenterait de graves dangers et de l’instabilité”, a insisté M. Michel, rappelant que la Belgique s’était engagée à hauteur de 7 milliards d’euros pour la Grèce.

“Je suis très déterminé à tout faire pour arriver à un accord”, a-t-il commenté, appelant toutes les parties “à mettre de l’eau dans leur vin”.

“Il y a plutôt un éloignement qu’un rapprochement”

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé jeudi que la Grèce et ses créanciers, qui négocient âprement un nouveau renflouement d’Athènes, étaient “encore plus éloignés” qu’avant, au lieu de s’être rapprochés.

“Les Grecs ont plutôt fait des pas en arrière” dans les dernières négociations entre Athènes et les trois institutions (BCE, FMI et Commission européenne) qui exigent de la Grèce des réformes en échange d’argent frais. “Il y a plutôt un plus grand éloignement qu’un rapprochement”, a dit le ministre allemand à son arrivée à une réunion de l’Eurogroupe dans la capitale européenne qui sera consacrée au sujet.

Le président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a indiqué à son arrivée qu’il allait falloir “travailler dur”, et que la réunion servirait à savoir si les Grecs étaient d’accord ou non avec le texte élaboré par les institutions créancières d’Athènes.

Deux textes ?

Il est apparu au fil de la matinée que les Grecs et les institutions soumettraient deux documents différents aux ministres des Finances de la zone euro. Le ministre maltais des Finances a cependant précisé à son arrivée avoir comparé les deux documents sans y déceler de différences.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Pierre Moscovici a rappelé que “l’objectif est toujours que la Grèce, solide, reste dans la zone euro”. “Je pense qu’un accord est à portée de main, les points de vue se rapprochent”, a-t-il commenté.

La Grèce et ses créanciers n’ont toujours pas trouvé d’accord ce jeudi matin et vont présenter des documents séparés avec leur propre position lors d’une nouvelle réunion dans la journée des ministres des Finances de la zone euro, avait-on appris de sources européenne et grecque.

“Il y aura deux textes” présentés à la réunion de l’Eurogroupe, celui des institutions créancières (UE, BCE et FMI) et les propositions grecques, a résumé un observateur. Après une nouvelle réunion de la zone euro sans avancée mercredi soir, des négociations ont eu lieu dans la nuit entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les dirigeants du FMI, de la BCE et de l’Eurogroupe, Christine Lagarde, Mario Draghi et Jeroen Dijsselbloem.

Elles ont repris jeudi matin, mais n’ont pas permis de réconcilier les positions des deux parties. “Les différends portent toujours sur la TVA, la réforme des retraites”, a indiqué une source européenne, sous couvert d’anonymat.

“Il y a une série de documents sur lesquels les institutions (créanciers, ndlr) se sont mis d’accord à l’unanimité. Ils vont être transmis aux ministres des Finances de la zone euro et peuvent être la base d’un accord”, a indiqué une source européenne au fait des discussions.

Cette proposition des institutions va “aussi loin que possible en direction des Grecs. Nous n’avons pas eu de réponse de leur part”, a déclaré une autre source proche des discussions.

Dans le même temps, la partie grecque campe sur ses positions et “reste sur ses propositions qu’elle va soumettre lors de l’Eurogroupe”, a indiqué une source grecque. Il s’agit du texte présenté lundi par Athènes, amputé de certaines mesures sur les retraites.

La réunion des ministres des Finances de la zone euro, la quatrième en huit jours, devait débuter jeudi vers 13H30 à Bruxelles. Les précédentes se sont toutes achevées en quelques heures, face à l’absence de document de compromis présenté par la Grèce et ses créanciers institutionnels.

Un sprint final difficile

Une énième séance de discussions au plus haut niveau – entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde et le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi – devait reprendre à 09H00 ce matin, selon une source européenne.

“Là où il y a une volonté, il y a un chemin”, a twitté peu auparavant le commissaire européen Pierre Moscovici, reprenant à son compte une formule utilisée plusieurs fois récemment par la chancelière allemande Angela Merkel à propos du dossier grec.

Mais alors qu’un accord semblait à portée de main ces derniers jours entre le gouvernement grec et les trois institutions, avec lesquelles Athènes négocie pour obtenir de l’argent frais en échange d’engagements de réformes et de coupes budgétaires, la journée de mercredi s’est soldée par une nouvelle déconvenue, et les négociations semblaient dans l’impasse.

Une réunion des ministres des Finances de la zone, l’Eurogroupe, mercredi soir dans la capitale européenne n’a pu que constater l’absence d’accord. Une séance de négociations immédiatement après entre les chefs des institutions et M. Tsipras s’est achevée vers 01H00 sans résultat tangible.

Un accord préliminaire avant 13h ?

L’objectif reste pourtant jeudi de trouver un accord préliminaire qui puisse être présenté à l’Eurogroupe, convoqué pour une nouvelle réunion – la quatrième en moins d’une semaine – à 13H00.

La chorégraphie idéale verrait ensuite les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui se réunissent à partir de 16H00, donner leur bénédiction à l’accord. Officiellement le sommet doit se pencher sur le sort des migrants qui affluent de plus en plus nombreux en Europe, et sur l’avenir du Royaume-Uni dans l’UE.

Mais à cinq jours d’une échéance de paiement au FMI, qu’Athènes ne pourra pas honorer sans déblocage d’argent frais de ses partenaires, le dossier grec est parti pour parasiter la rencontre.

Retraites et TVA

M. Tsipras, porté au pouvoir en janvier sur un message antiaustérité, serait revenu sur sa proposition d’augmenter les cotisations de retraite, selon des sources gouvernementales grecques dans la nuit, et chercherait d’autres mesures à offrir en compensation.

Le système de retraite est un point d’achoppement essentiel des négociations, tout comme le champ d’application de la TVA. Les institutions s’inquiètent aussi des effets des mesures fiscales proposées par Athènes visant les entreprises sur une croissance déjà en berne.

Le gouvernement grec veut aussi obtenir des allègements de sa dette colossale – plus de 175% de son Produit intérieur brut (PIB) -, beaucoup d’Européens, Allemands en tête, ne veulent pas en entendre parler, du moins pas maintenant.

Les négociations sont compliquées par les divergences entre les institutions elles-mêmes. Athènes vilipende l’intransigeance du FMI, gage de sérieux au contraire pour beaucoup d’Européens.

Intransigeance

“J’ai l’impression que Jean-Claude Juncker veut une solution pour se débarrasser du problème, tandis que le FMI se préoccupe à raison que ce que les créanciers attendent soit mis en oeuvre”, a commenté jeudi dans une interview radio l’euro-député conservateur allemand Markus Ferber.

Des négociations sur les propositions de réformes grecques, dépend le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros, pour éviter à Athènes un défaut de paiement de 1,5 milliard d’euros vis-à-vis du FMI le 30 juin prochain.

Migrants et Brexit

Jeudi après-midi ce sont officiellement de tout autres sujets qui doivent occuper les chefs d’Etat et de gouvernement européen, notamment une position commune face aux migrations.

Le président du Conseil italien Matteo Renzi, dont le pays accueille une large part des réfugiés en provenance de Syrie et d’Afrique qui arrivent en Europe, va plaider pour la solidarité de ses partenaires. Mais les pays de l’Est de l’Europe, en tête le Groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Slovaquie, République tchèque), insistent pour que toute répartition des arrivants au sein l’UE se fasse sur la base du “volontariat”.

Lors du dîner officiel, jeudi, le Premier ministre britannique David Cameron doit également présenter sa feuille de route vers l’organisation d’un référendum sur le maintien de son pays dans l’UE, alors que les craintes de “Brexit” le disputent en Europe à celles de “Grexit”.

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