Rudy Aernoudt
L’énergie nucléaire est verte!
Toutes ces tergiversations sur la fermeture des centrales nucléaires sont un échec politique dans la mesure où les politiques refusent d’écouter les scientifiques.
Le débat houleux sur la sortie du nucléaire qui fait rage depuis plus de 20 ans pourrait bien s’envenimer ce mois-ci et nous faire oublier cette question essentielle: “L’énergie nucléaire est-elle verte ou non?”. Tout le reste n’est que pure rhétorique de parti sans fondement, attisée par le récent sentiment de panique dû à la hausse des prix de l’énergie et l’insécurité de l’approvisionnement.
Définir un investissement vert ou une politique verte n’est pas chose aisée. En quoi une obligation est-elle verte par exemple? Autrement dit, suffit-il de définir une obligation verte comme une obligation servant à financer des investissements verts? Une taxonomie claire et précise s’avère indispensable.
La taxonomie doit permettre de répondre à la question ô combien cruciale de savoir si une activité économique est verte ou non. Les produits financiers – dont les obligations – qui se veulent écologiquement durables doivent l’être en fonction des activités économiques dans lesquelles ils ont été investis. Telle une encyclopédie verte, la taxonomie instaure un système de classification uniforme des activités économiques qualifiées d’écologiquement durables. Selon la taxonomie, une activité ‘verte’ doit contribuer substantiellement à un ou plusieurs des six objectifs environnementaux définis, à savoir atténuation du changement climatique (adaptation climatique) ; adaptation au changement climatique et à ses conséquences (mitigation climatique) ; utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines ; transition vers une économie circulaire ; prévention et lutte contre la pollution ; protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes. L’analyse doit toujours se fonder sur ces six incidences environnementales potentielles.
La contribution d’une entreprise à l’un des six objectifs environnementaux est considérée comme substantielle si son activité respecte les critères maximaux, voire les dépasse. Vient ensuite le principe DNSH (Do no significantly harm). En d’autres termes, il ne suffit pas qu’une entreprise contribue substantiellement à un ou plusieurs objectifs. Encore faut-il qu’elle ne cause pas de préjudice important aux autres objectifs environnementaux, les fameux critères minimaux. Les critères maximaux et minimaux relatifs aux objectifs environnementaux sont régulièrement modifiés sur les conseils de la plateforme des finances durables. Le but est d’adapter les critères d’après les dernières données scientifiques et de les modifier en conséquence afin de parvenir à une économie climatiquement neutre.
L’énergie nucléaire contribue à la lutte contre le réchauffement climatique dans la mesure où elle enregistre d’excellents résultats en termes d’émissions de CO2. L’impact sur les cinq autres objectifs (principe Do no significantly harm) est complexe. Après analyse approfondie, le groupe d’experts techniques européens pour le financement durable a tranché: l’énergie nucléaire n’est pas plus nocive que les énergies alternatives quant aux autres objectifs. D’après la taxonomie européenne, l’énergie nucléaire est donc considérée comme une énergie verte. Par conséquent, la Commission européenne lui a décerné le label vert.
Il faut donc privilégier le démantèlement et le recyclage écologique des centrales nucléaires vétustes et continuer à investir dans les centrales nucléaires efficaces, modernes, plus propres et neutres en CO2 parallèlement aux sources d’énergie alternatives. Malheureusement, notre savoir-faire exceptionnel dans ce domaine est perdu. Autrement dit, toutes ces tergiversations sur la fermeture des centrales nucléaires sont un échec politique dans la mesure où les politiques, les verts en tête, refusent d’écouter les scientifiques. Cela vous rappelle-t-il quelque chose?
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