L’emploi des personnes immigrées essentiel mais encore trop délaissé en Belgique

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Augmenter le taux d’emploi des personnes immigrées – et de leurs enfants – est essentiel pour augmenter leurs contributions aux finances publiques, conclut une étude de la Banque nationale de Belgique (BNB) publiée mercredi. Or, la Belgique fait figure de mauvaise élève européenne au niveau de leur intégration sur le marché du travail.

En analysant les données de la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS), pour l’ensemble des personnes inscrites dans le Registre national entre 2009 et 2016, la BNB observe que les personnes nées hors de Belgique (première génération) contribuent moins aux finances publiques que la moyenne, payant moins d’impôts et de cotisations sociales.

En cause: leur taux d’emploi est inférieur à celui des personnes nées en Belgique de parents belges (natifs), tout comme les niveaux de salaires qu’elles perçoivent.

La deuxième génération, née en Belgique mais ayant au moins un parent d’origine étrangère, affiche, elle, une contribution nette – combinaison de la contribution aux recettes publiques et du bénéfice des dépenses publiques – supérieure à celle des “natifs”. Étant plus jeune que la population native, elle pèse moins sur les dépenses publiques. Son taux d’emploi demeure toutefois plus faible. Résultat: lorsqu’on prend en compte l’ensemble de la vie active, la contribution de la deuxième génération reste inférieure à celle des natifs, même si elle est plus élevée que celle de personnes nées en dehors de la Belgique.

Le taux d’emploi s’avère dès lors crucial, or la Belgique est une des plus mauvaises élèves européennes dans ce domaine.

En 2019, 61% des immigrés de la première génération avaient un emploi, soit près de 12 points de pourcentage de moins qu’une personne née en Belgique. Le taux d’emploi des personnes immigrées provenant d’un pays hors de l’Union européenne chute même à 54%, tandis que celui pour les travailleurs nés dans l’UE atteint 71%. “Aucune amélioration significative n’a été notée (…) au cours des 10 dernières années.”

Pour la deuxième génération, les écarts sont moindres mais elle accuse toujours une pénalité de 10 pp pour la probabilité d’emploi, par rapport aux natifs.

Les caractéristiques personnelles, telles que le niveau d’éducation, l’âge ou le genre, expliquent une petite partie de cet écart dans les taux d’emploi. Elles jouent un rôle plus important pour la deuxième génération, qui affiche un niveau d’éducation plus faible, en raison notamment des inégalités scolaires criantes en Belgique, avec une forte ségrégation dans les écoles. Ces personnes n’ont dès lors “pas les mêmes opportunités pour atteindre un niveau d’études supérieur”.

D’autres facteurs interviennent, comme la raison de l’immigration. Les personnes arrivant en Belgique via le regroupement familial ou les réfugiés reconnus ont ainsi une probabilité d’emploi inférieure de 30 pp par rapport à ceux migrant avec un permis de travail. Les réfugiés prennent 10 à 20 ans pour rattraper ce retard, soulève Céline Piton, une autrice de l’étude. La nationalité, la connaissance d’une des trois langues nationales, la reconnaissance du diplôme et les discriminations sur le marché du travail constituent d’autres facteurs explicatifs.

Une comparaison avec les pays européens met aussi en avant que la Belgique attire un peu moins de personnes immigrées avec de très hauts niveaux de qualification et davantage celles avec un niveau faible d’éducation. Les rigidités du marché du travail belge interviennent également, ainsi que le manque de politiques ciblées, pourtant la mesure la plus efficace.

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