L’économie britannique s’est jouée du Brexit en 2016

© Reuters

L’économie britannique est restée étonnamment dynamique en 2016 avec une croissance de 2,0% malgré la décision choc de quitter l’Union européenne, mais l’entrée dans le vif du sujet du Brexit fait craindre un ralentissement cette année.

Cette première estimation de la croissance du produit intérieur brut par l’Office des statistiques nationales (ONS) montre que l’activité s’est peu ou prou maintenue à un rythme soutenu, à peine inférieur à celui de 2015 (2,2%).

Surtout, cette performance très honorable est bien supérieure à ce qu’attendaient la plupart des économistes lorsque les Britanniques ont voté par référendum pour sortir de l’UE le 23 juin – une décision qui allait du point de vue de ces économistes entraîner un choc de confiance immédiatement nuisible.

“Tous les principaux secteurs de l’économie ont crû au cours de l’année passée, ce qui prouve une fois encore sa résistance”, s’est immédiatement réjoui le ministre britannique des Finances, Philip Hammond.

L’économie du pays a même progressé un tout petit peu plus vigoureusement que celle de l’Allemagne (+1,9%) et sans doute beaucoup plus que celle de la France, dont la croissance pourrait atteindre 1,2% d’après l’Insee.

M. Hammond a toutefois reconnu qu’il y avait “de l’incertitude à venir au moment où se définit une nouvelle relation avec l’Europe”. “Mais nous sommes prêts à saisir toutes les opportunités de créer une économie compétitive qui fonctionne pour tout le monde”, a-t-il assuré.

La Première ministre Theresa May a officialisé la semaine dernière la sortie à venir de son pays du marché unique européen dans le cadre du Brexit, ajoutant vouloir conclure un accord commercial avec l’UE pour le remplacer. Elle compte activer d’ici à la fin mars l’article 50 du Traité de Lisbonne qui ouvrira les négociations de sortie entre Londres et Bruxelles, qui pourraient durer deux ans.

En attendant, ce sont encore les services qui ont quasi intégralement soutenu l’activité britannique au quatrième trimestre au cours duquel la croissance s’est établie à 0,6%, tirée par les secteurs de la distribution, de l’hôtellerie-restauration, de la finance et du voyage.

La production manufacturière a aussi quelque peu augmenté, mais l’ONS a souligné qu’elle avait été dopée par une hausse ponctuelle des commandes dans l’industrie pharmaceutique. Une chute de l’extraction pétrolière et gazière liée à l’arrêt pour maintenance d’un vaste champ pétrolier en mer du Nord a au contraire freiné la croissance.

Attentisme des entreprises ?

“L’économie continue de surprendre par sa vigueur, (elle) n’a pas été endommagée jusqu’à présent par le vote pour quitter l’UE”, a expliqué Ben Brettell, économiste chez Hargreaves Lansdown.

Les données publiées jeudi sont préliminaires et susceptibles d’être révisées lors de deux publications ultérieures de l’ONS, “mais il est difficile de ne pas interpréter ces chiffres comme une bonne nouvelle de plus pour l’économie britannique”, qui est désormais nettement au-dessus de son niveau d’avant la crise de 2008 et “continue de figurer dans le peloton de tête des économies avancées”, a ajouté M. Brettell.

Les Britanniques n’ont pas été intimidés par les conséquences de leur vote pour le Brexit et ont continué de consommer comme si de rien n’était, quitte à s’endetter davantage dans un contexte de taux toujours plus bas.

La quasi totalité des analystes avertit toutefois que les Britanniques pourraient avoir mangé leur pain blanc, au moment où la brutale dépréciation de la livre post-référendum commence à élever le prix des nombreuses denrées importées.

“Les fondamentaux pour les consommateurs ne font que commencer à se dégrader, l’inflation va grignoter leur pouvoir d’achat”, prévient Howard Archer, économiste chez IHS.

La propension des entreprises à continuer d’investir dans le pays sera aussi cruciale cette année, dans un contexte rendu incertain par l’ampleur gigantesque et la complexité inédite des négociations commerciales à venir entre Londres et Bruxelles.

Jeudi, la fédération des constructeurs automobiles a constaté que les professionnels du secteur avaient déjà réduit d’un tiers leurs investissements en 2016.

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